(BFI) – Au cours du premier semestre 2021 courant, le Trésor public camerounais ambitionne de mobiliser sur le marché des titres publics de la Banque centrale des six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), une enveloppe de financements d’un montant total de 225 milliards de FCFA, apprend-on dans un document officiel, que vient de mettre en circulation la direction générale du Trésor du ministère des Finances. Ces opérations de levée de fonds se feront par émissions successives d’obligations du Trésor assimilables (OTA), dont les maturités varient entre 5 et 10 ans.
En ouverture de ce programme de mobilisation des financements de long terme sur le marché des titres publics de la Cemac, le Cameroun émettra, le 24 février 2021, des OTA à 5 ans de maturité. Grâce à cette opération rémunérée à 5,5%, le gouvernement espère recevoir des investisseurs une première enveloppe de 50 milliards de FCFA.
Deux nouvelles opérations sont prévues au mois de mars 2021. D’abord le 10 mars, avec une émission d’OTA à 7 ans rémunérée à 6%, pour un financement attendu de 35 milliards de FCFA. Rebelote le 24 mars 2021, avec une opération visant à lever 40 milliards de FCFA, au travers d’une émission de titres publics à 5 ans de maturité, assortie d’un taux d’intérêt de 5,5%. Au total, une enveloppe globale de 125 milliards de FCFA est attendue des opérations sur le marché monétaire de la Cemac au cours des trois premiers mois de l’année courante, contre 100 milliards de FCFA au 2e trimestre 2021 ; soit 225 milliards de FCFA au total, pour les six premiers mois de l’année 2021.
En effet, entre avril et juin 2021, en plus d’une émission d’OTA à 5 ans toujours rémunérée à 5,5%, pour des financements de 30 milliards de FCFA cette fois-ci, le Trésor camerounais émettra des OTA à 10 ans de maturité le 5 mai 2021. Cette opération assortie d’un taux d’intérêt de 7% est destinée à lever 25 milliards de FCFA. Contre 45 milliards de FCFA pour la dernière opération du semestre. Celle-ci est prévue le 30 juin 2021, et se fera au moyen des OTA à 6 ans de maturité, rémunérés 5,8%.
Concurrence gabonaise et congolaise
Afin d’inciter les investisseurs de la zone Cemac à participer à ce programme de levée de fonds, la direction générale du Trésor du ministère des Finances, dans un prospectus publicitaire, exalte les avantages de l’investissement dans les titres publics. « Titres négociables de la dette publique ou obligations du Trésor assimilables ; rémunérés à un taux d’intérêt supérieur au taux d’intérêt de l’épargne classique ; exonérés d’impôts ; bénéficiant de la garantie de l’État (aucun risque de défaut de paiement) ; liquides, donc faciles à convertir en numéraires par cession ou refinancement avant l’échéance », énumère le document de campagne.
Principal artisan des emprunts de long terme sur le marché des titres publics sous-régional, avec des enveloppes totales de 150 et 219,4 milliards de FCFA mobilisées respectivement en 2019 et 2020, le Cameroun bénéficie de la confiance des investisseurs opérant sur ce marché. Grâce à une politique très prudente des taux d’intérêt, le Cameroun jouit même du statut de pays s’endettant le moins cher sur le marché des valeurs du Trésor, sur l’ensemble de l’Afrique subsaharienne.
Mais, la tâche ne s’annonce guère aisée pour le Trésor camerounais en cette année 2021, en raison de la concurrence que lui livrent désormais le Gabon (885 milliards de FCFA à mobiliser sur ce marché en 2021) et le Congo sur le marché des titres publics, en matière d’emprunts de long terme. En dépit du risque plus élevé qu’ils représentent par rapport au Cameroun, selon certains analystes, ces deux pays pratiquent des taux d’intérêt plus rémunérateurs, qui affichent des taux de rendement plus élevés, et sont de ce fait susceptibles d’aguicher certains investisseurs.
À titre d’exemple, alors que les OTA camerounais à 5 ans affichaient un taux de rendement de 5,96% en décembre 2020, selon les pointages de la Banque centrale, les titres congolais et gabonais de même nature enregistraient des taux de rendement respectifs de plus de 11 et 10%. Dans le même temps, alors qu’en ce début d’année 2021, le Gabon sert des taux d’intérêt de 4,5% sur des OTA à 2 ans, et le Congo propose aux investisseurs 6,2% sur des OTA à 4 ans, le Cameroun, lui, tente d’aguicher les investisseurs, depuis 2020, avec un taux d’intérêt de 5,5% sur des OTA à 5 ans, 6% sur des titres à 7 ans de maturité et 7% sur des titres à 10 ans.