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La CEA propose un plan de sortie de crise en Afrique en 7 points

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(BFI) – La Commission économique pour l’Afrique s’est penchée sur les plans de déconfinement afin de limiter les dommages économiques et sociétaux.

Les gouvernements du monde entier sont confrontés au défi majeur de mettre en œuvre des stratégies de sortie de la crise sanitaire. En Afrique, la Commission économique pour l’Afrique basée à Addis-Abeba y a réfléchi ces derniers jours avec un débat autour d’experts et un rapport intitulé « Covid-19. Stratégies de déconfinement pour l’Afrique », publié ce dimanche 10 mai. Et disons-le tout de go même si l’Afrique résiste aux prédictions alarmistes de contamination, plusieurs facteurs affecteront sans aucun doute la stratégie de sortie de chaque pays. Il faut souligner qu’afin de limiter la propagation du virus, au moins 42 pays africains ont mis en place des fermetures partielles ou complètes. Mais quelles sont les marges de manœuvre du continent alors que la dynamique des contaminations demeure à la hausse ? On voit bien que le continent africain doit trouver un équilibre fragile entre protéger des vies tout en atténuant les effets économiques et continuer à éradiquer la propagation du virus.

Un confinement aux conséquences désastreuses

Il y a plusieurs raisons à la mobilisation de la CEA : d’après ses calculs, un mois complet de verrouillage à travers l’Afrique coûterait au continent environ 2,5 % de son PIB annuel soit 65 milliards de dollars par mois. Cette projection est distincte et s’ajoute à l’impact externe, plus large, de la crise liée au Covid-19 sur l’Afrique, qui résulte de la baisse des prix des produits de base et des flux d’investissements.

Tous les experts conviennent aussi que l’Afrique ne peut pas supporter un confinement aussi prolongé, d’autant plus que 40 % de la population du continent se bat pour survivre au jour le jour alors que les pénuries alimentaires s’intensifient.

Le principal défi signalé par les entreprises africaines est la baisse de la demande : « Les mesures de confinement ont généré de graves problèmes pour les économies africaines, notamment une baisse de la demande des produits et des services, une pénurie des flux de trésorerie opérationnels, une réduction des occasions de rencontrer de nouveaux clients, la fermeture de certaines entreprises, une évolution des stratégies commerciales et la nécessité de proposer des produits et des services alternatifs, une baisse de la production et de la productivité des travailleurs en situation de travail à domicile, des problèmes de logistique et d’expédition des produits, et des difficultés à s’approvisionner en matières premières essentielles à la production. » L’un des problèmes les plus sensibles auxquels sont confrontés les dirigeants africains est l’impact des mesures de confinement sur la sécurité alimentaire. Il faut garder à l’esprit que l’Afrique subsaharienne importe chaque année 35 milliards de dollars de produits alimentaires.

Adapter les réponses aux réalités de chaque pays

En conséquence, la Commission économique pour l’Afrique a mis au point un plan stratégique de choc en sept points qui assure une activité économique durable, même si celle-ci est réduite.

L’enjeu est de taille pour le continent africain alors que le monde se déconfine. La CEA a passé au peigne fin certaines des stratégies de sortie de crise qui ont été proposées ou essayées à travers le monde, mais tout en soulignant les risques qu’elles feraient courir aux pays africains. Selon l’agence onusienne, il est essentiel que les pays africains profitent de ce retard dans la propagation de la pandémie pour tirer des leçons apprises d’autres régions ainsi que de leurs expériences de déconfinement. Par exemple, pour des pays comme le Maroc ou le Nigeria, qui ont une part élevée de tests montrant des cas positifs, envisager un déconfinement trop rapide serait risqué.

L’adéquation des différentes stratégies de sortie pour chaque pays dépend des caractéristiques et le statut d’exposition au Covid-19 de ce pays. Il est donc recommandé aux pays dans lesquels les cas augmentent rapidement de maintenir les mesures de confinement strictes ou d’adapter le déconfinement par secteur. On sait que les pays d’Afrique du Nord et d’Afrique australe ont tendance à imposer les mesures de verrouillage les plus strictes. Cela correspond à la prévalence des comorbidités connues, comme les maladies respiratoires chroniques, qui sont les plus répandues en Afrique du Nord, et le VIH/sida, qui est particulièrement répandu en Afrique australe.

« Les États africains peuvent assouplir les mesures de confinement lorsque les infections diminuent et les réimposer si elles commencent à dépasser la capacité des soins intensifs. Ces mesures nécessiteraient des arrêts réguliers pendant les deux tiers de l’année ; ce qui changerait peu au confinement permanent du point de vue économique. L’Afrique a une capacité hospitalière limitée qui serait par conséquent rapidement dépassée, avec un impact certain sur le nombre de décès. »

« Il ne s’agit pas de confinement. Il s’agit de protéger des vies. Le confinement nous coûte une somme incroyable de 65 milliards de dollars par mois. Nous ne pouvons pas nous le permettre, mais nous ne pouvons pas non plus nous permettre de perdre des vies, alors il nous faut trouver rapidement des stratégies de déconfinement qui nous permettent de renouer avec la croissance et ce de manière durable. »

« Nous avons besoin de mesures de confinement sages qui aboutissent à des mesures de déconfinement intelligentes où les plus vulnérables et les communautés locales sont vraiment préservés en termes de qualité de vie », a expliqué Ibrahim Assane Mayaki, directeur général de l’Agence du nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Il affirme que, alors que l’Afrique s’achemine vers l’ouverture, il y a deux conditions critiques nécessaires pour garantir le succès des stratégies de déconfinement à savoir, la disponibilité des données et la coordination. « Si vous n’avez pas les bonnes données pour connaître les bons chiffres, effectuer le bon traçage, le bon traitement, alors votre stratégie de déconfinement est affectée en termes d’efficacité », indique-t-il.

« Tester, tester, tester »

Parmi les sept pistes élaborées par l’agence onusienne figurent en bonne place les campagnes de dépistage, elles doivent s’intensifier. « Tester, tester, tester. Voilà le gros problème. Nos dirigeants travaillent maintenant très dur pour se procurer des kits de test afin que nous puissions tester plus, mieux et plus vite », indique Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA (Photo), ajoutant que cela est crucial pour freiner la propagation de la contagion.

La CEA de souligner qu’alors que les pays du monde luttent pour augmenter leurs propres tests, la dépendance à l’égard des importations devient problématique et la production locale devient importante. Pour résoudre ce dilemme, des pays comme le Ghana ont adopté des approches innovantes telles que les « tests groupés ». Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, une entreprise de diagnostic a établi un partenariat avec l’université des sciences et technologies de Kwame Nkrumah pour développer un kit de test Covid-19 simple à utiliser qui donne des résultats en 15 à 20 minutes. Le kit attend actuellement l’approbation de la Ghana Food and Drugs Authority. Non loin, au Sénégal, des experts prototypent un kit de test qui coûterait moins de 1 dollar, dans le cadre d’un programme collaboratif impliquant des chercheurs britanniques et français. La distribution est prévue en juin 2020. Tandis qu’en Ouganda des chercheurs de l’université de Makerere ont mis au point un test de bandelette réactive pour Covid-19 qui peut donner des résultats en quelques minutes pour seulement 1 dollar également. Le Kenya Medical Research Institute n’est pas en reste puisqu’il a commencé à fabriquer un simple test de coronavirus à base de coton-tige.

Le Vietnam, un modèle ?

Mais il reste beaucoup à faire pour que les stratégies de déconfinement soient couronnées de succès. « La propagation du virus continue à s’accélérer d’environ 30 % par semaine dans de nombreux pays africains », souligne-t-on à Addis-Abeba, siège de la CEA.

Un modèle est cependant mis en avant : celui du Vietnam. « Le pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure avec un PIB par habitant similaire à celui du Ghana ou du Zimbabwe partage une frontière de 1 400 km avec la Chine et n’a enregistré que 271 cas et aucun décès lié à la pandémie de Covid-19 en date du 5 mai 2020 », explique la Commission. Un bilan peut-être un peu sous-évalué, mais validé par l’université John-Hopkins. En tout cas, pour la CEA, difficile de citer meilleur exemple. Le Vietnam compte plus de 95 millions d’habitants, ce qui rend les tests de masse difficiles et coûteux, mais grâce à une stratégie qui repose sur une prise de conscience précoce de la menace et d’un isolement strict des personnes infectées le pays a réussi à contenir la pandémie.

Encore beaucoup de travail

Concrètement, dimanche, le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) a affirmé que le nombre de cas confirmés de Covid-19 sur le continent africain avait atteint 61 165, tandis que le nombre de décès causés par le virus en Afrique était dimanche soir de 2 239.

L’Afrique du Sud, pays le plus touché par la pandémie en Afrique subsaharienne, a passé la barre des 10 000 cas confirmés de nouveau coronavirus, dont 194 décès annonce le ministère de la Santé. Le ministre note « avec inquiétude » que 84 % des cas confirmés de Covid-19 sont localisés dans deux des neuf provinces du pays, le Cap-Oriental (sud-est) et le Cap-Occidental (sud), qui englobe la ville du Cap. Depuis le 1er mai, le gouvernement a assoupli très progressivement les mesures de confinement en vigueur depuis fin mars.

Rédaction
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