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Dette écologique : le lourd héritage des générations futures

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(BFI) – Qu’est-ce qui se cache derrière le concept de dette écologique ? La dette écologique est un concept qui vise à faire reconnaître la nocivité des modes de production et de consommation fondés sur l’extraction de ressources naturelles et leur échange dans le cadre d’une économie de marché. On emploie généralement le terme de dette écologique pour désigner la responsabilité incombant aux pays industriels du fait de l’exploitation abusive et dommageable des ressources naturelles d’autres pays, principalement ceux du Sud.

La notion de dette écologique peut donc se résumer selon les trois visions suivantes : – La dette écologique que nous aurions envers les générations futures pour les dégâts environnementaux que nous leur laissons ; – La dette écologique que nous aurions envers la planète, souvent représentée par une date dans l’année à partir de laquelle nous vivons « à crédit » car la terre a épuisé sa capacité à absorber notre empreinte écologique  et enfin l’idée selon laquelle ce qu’on nomme le développement des pays du Nord n’a pu, depuis la colonisation, se faire uniquement sur la base des ponctions naturelles et humaines des pays du Sud.

Si les impacts sociaux du colonialisme ont déjà été fréquemment soulignés, il n’en est pas de même pour les effets que celui-ci a eu sur les milieux naturels. Pourtant, dès le début, l’expansion du capitalisme à l’échelle planétaire a engendré des bouleversements écologiques sans précédent, tant du point de vue local que global.

Quand on analyse par exemple les premières causes du réchauffement climatique, à savoir l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, on ne peut que se rendre compte qu’une première augmentation, à partir du milieu du XIXe siècle, coïncide avec l’industrialisation de l’Europe et des États-Unis. A cette époque, le reste du monde, pour une bonne partie encore sous domination coloniale, reste totalement exclu des machines et transports fonctionnant grâce à la combustion de charbon. Par la suite, l’âge du pétrole ainsi que l’explosion exponentielle de ces émissions correspondent à la généralisation dans les pays du Nord de la voiture individuelle, d’une agriculture industrielle et d’une consommation de masse, le tout toujours basé sur l’exploitation du tiers monde.

Par conséquent, du point de vue de l’accumulation de CO2, les pays du Nord ont une écrasante responsabilité dans le réchauffement global. Facteur aggravant, de par leur vulnérabilité naturelle et économique, les experts environnementaux s’accordent à dire que les effets des changements climatiques sont déjà et seront bien plus nombreux et dévastateurs dans les pays du Sud. Bien que de nombreux pays du Sud connaissent aujourd’hui l’émergence de classes moyennes adoptant un mode de vie énergivore occidental, force est de constater que les émissions par habitant des pays du Nord sont toujours largement supérieures à celles des pays du Sud. La dette écologique se creuse par conséquent de jour en jour, et ce d’autant plus qu’elle s’accompagne d’autres nuisances tout aussi importantes.

Parmi celles-ci, on peut notamment relever les externalités de notre mode de production, lesquelles sont notamment liées à l’exploitation des matières premières indispensables au fonctionnement de notre économie. Ainsi, l’exploitation de mines, du pétrole ou des terres agricoles par des entreprises multinationales se fait généralement dans un contexte de destruction écologique toujours plus considérable.

La réalité de tout cela est que Nord et Sud renferment en leur sein des rapports de domination et d’exploitation dans lesquels les populations les plus démunies subissent davantage les externalités de notre mode de production et de consommation, par ailleurs, largement imposés par les classes dirigeantes des pays du Nord, au travers des politiques économiques prédatrices. Reconnaître et s’acquitter de la dette écologique doit ainsi faire prendre conscience aux dirigeants des pays riches, de l’incapacité de ce système économique à perdurer dans le temps, et surtout à envisager des réparations concrètes envers les victimes des bouleversements environnementaux passés et à venir que sont les pays du Sud.

Aujourd’hui l’humanité vit à crédit, car nous puisons sans cesse dans les stocks de ressources, dans notre capital naturel, nous surexploitons l’environnement et compromettons sa capacité de régénération. Le concept de «dette écologique» mériterait à lui seul une plus grande attention. Mais, pour l’heure, retenons simplement que si le Nord ne réagit pas maintenant, cette dette sera transmise aux générations futures, et plus on attend, plus elle sera difficile à rembourser.

Boris Kharl Ebaka 

Rédaction
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