(BFI) – Le Cameroun était plutôt bien parti pour la relance de son économie, après de nombreux chocs. Mais avec le Covid-19, cette lancée positive est fortement menacée.
Alamine Ousmane Mey (Photo), ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) a récemment présenté aux partenaires techniques et financiers le draft de la stratégie de riposte du Cameroun face au Covid-19 et de résilience économique et sociale. Il se résume en cinq piliers: la riposte sanitaire, la résilience économique et financière, l’approvisionnement stratégique, le renforcement de la recherche et de l’innovation et aussi la résilience sociale. Cette stratégie de riposte, bien qu’en cours d’élaboration, est déjà évaluée à 479,3 milliards de Fcfa sur trois ans dont 296 milliards de Fcfa en 2020.
Les mesures à prendre
Dans les détails, il est question de renforcer le système de santé; de mettre en œuvre de nombreuses mesures administratives, fiscales, douanières et financières en direction du gouvernement, des entreprises et des acteurs du secteur informel pour préserver l’activité économique et l’emploi. « Les mesures à mettre en œuvre dans le cadre du 3e pilier (approvisionnement stratégique) devront permettre d’assurer la continuité de l’approvisionnement en produits de première nécessité, mais aussi de garantir une fourniture permanente en produits pétroliers pendant que l’objectif du 4e pilier (renforcement de la recherche et de l’innovation) est de mettre en place des mesures structurelles en réponse aux enseignements tirés de la crise, eu égard à la fragilité et à la dépendance de notre économie», déroule la stratégie.
Enfin, il faudra au niveau du volet résilience sociale, prendre des mesures d’allègement des difficultés auxquelles les ménages et les populations vulnérables auront à faire face. « Ainsi, en plus de l’extension du programme des filets sociaux et des mesures de prise en charge des factures d’eau et d’électricité, d’autres mesures additionnelles sont envisagées, notamment l’installation des points d’eau/stations de lavage des mains pour les ménages sans accès à l’eau, et l’utilisation des réseaux communautaires pour l’organisation des campagnes de sensibilisation ». Tout ceci, bien évidemment devra être en accord avec les différents plans et programmes déjà en cours de mise en œuvre.
Les financements
Le Minepat a aussi abordé financement de cette stratégie. Il proviendra du Fonds national de solidarité mis en place par le président de la République, du budget de l’Etat et du Basket Fund alimenté par les partenaires techniques et financiers. « L’objectif recherché ici est d’assurer une mobilisation plus efficace des ressources financières auprès des partenaires techniques et financiers, tout en mettant en place un dispositif de rationalisation et de priorisation des dépenses du Gouvernement », a indiqué le Minepat.
Les options de relance
Et si la survenue de cette pandémie était aussi une opportunité pour le Cameroun de revisiter son modèle économique? Plusieurs économistes penchent pour cette option. Le Minepat aussi.
Pour lui, cette situation est une aubaine pour réorganiser le modèle économique camerounais et le rendre compatible avec l’ambition du pays d’être émergent surtout que cette crise aura révélé les faiblesses des structures socio-collectives et économiques locales. « Une lecture attentive de l’histoire économique amène à subodorer qu’un nouveau paradigme se dessine à l’horizon, avec la consolidation de l’économie numérique, comme système dominant », précise le rapport. Comme autres options de relance : l’opérationnalisation des axes fondamentaux de la stratégie nationale de développement sur la transformation structurelle de l’économie camerounaise qui consiste en plus de compétitivité pour les entreprises camerounaises, la mise en œuvre la politique de diversification de certaines filières porteuses au niveau régional et international, le développement de l’agriculture et la consommation locale par les grandes entreprises au Cameroun.