(BFI) – L’Union africaine (UA) a approuvé la création du Mécanisme africain de stabilité financière (AFSM), un dispositif destiné à renforcer la stabilité financière du continent et à soutenir le refinancement de la dette des Etats. Portée par la Banque africaine de développement (BAD), cette initiative a été entérinée lors du sommet de l’UA à Addis-Abeba et annoncée officiellement dans un communiqué de la BAD publié le lundi 17 février.
L’AFSM vise à répondre aux besoins pressants de liquidités des pays africains pour le refinancement de leur dette. Dans un contexte où le service de la dette pèse lourdement sur les finances publiques, la mise en œuvre immédiate de ce mécanisme pourrait permettre d’économiser jusqu’à 20 milliards de dollars d’ici 2035, selon la BAD.
« L’Afrique a besoin d’un filet de sécurité régional pour fournir des liquidités de refinancement de la dette à grande échelle et à un coût abordable », a déclaré Akinwumi Adesina (photo), président du Groupe de la BAD dans ledit communiqué.
La situation de la dette africaine s’est considérablement détériorée ces dernières années. D’après un rapport des Nations unies, le service de la dette extérieure des pays africains a atteint un niveau record de 89,4 milliards de dollars en 2024, limitant leur capacité à financer les Objectifs de développement durable (ODD). Depuis 2010, la dette publique africaine a presque doublé, en grande partie en raison du recours croissant aux emprunts non concessionnels et à court terme, ce qui a conduit à plusieurs défauts de paiement.
La BAD estime que les besoins de refinancement de la dette africaine atteindront 10 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie. L’accès aux marchés financiers internationaux demeure un défi de taille pour les pays du continent, qui doivent faire face à des coûts d’emprunt bien plus élevés que ceux d’autres régions, en raison de la hausse des taux d’intérêt et des primes de risque imposées par les investisseurs. Cette situation a des conséquences directes sur le financement des services essentiels : en 2022, 22 pays africains ont consacré plus de ressources au remboursement de la dette extérieure qu’à la santé, et six pays ont dépensé davantage pour la dette que pour l’éducation.
Pour l’heure, bien que le principe ait été validé, les détails techniques du mécanisme et de sa constitution n’ont pas encore été définis. Cependant, il faut souligner que l’AFSM s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement des instruments financiers du continent. Il vient compléter d’autres initiatives, comme l’augmentation des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) pour l’Afrique, les efforts en faveur d’une meilleure restructuration de la dette ainsi que la création d’une agence de notation africaine.