(BFI) – A l’occasion de la présentation des résultats du premier trimestre 2020, Stéphane Richard, PDG d’Orange, s’est exprimé sur les interrogations soulevés par la crise du Covid-19 sur la 5G, le très haut débit, l’application mobile Stop-Covid ou encore le télétravail.
Le 30 avril 2020 dernier, l’opérateur de téléphonie mobile a présenté ses résultats du premier trimestre 2020. Ce moment a été l’occasion pour Stéphane Richard, PDG de Orange, de répondre à quatre principales interrogations soulevées par la crise du Covid-19.
5G : besoin de réévaluer le calendrier et le rythme de déploiement
Concernant la 5G, Stéphane Richard voit l’impact de la crise sanitaire actuelle à la fois sur le calendrier de démarrage et le rythme de déploiement. « Les enchères d’attribution des fréquences restent à faire notamment en France et en Pologne, note-t-il. Nous n’avons pas de visibilité parfaite sur la question. Elles devraient être reportées à l’automne. Il appartient à l’Arcep de se prononcer là-dessus. Il y a aussi probablement un impact sur le rythme de déploiement. Les opérateurs se posent tous la question au sein de l’association GSMA. La notion d’urgence de la 5G doit être revue. D’autant que la 4G a bien fait le job et prouvé pendant cette crise sanitaire sa fiabilité et son niveau de performance. Il faudra s’interroger sur les moyens d’investir et réajuster les priorités. Il est probable que nous soyons tous amenés à nous poser ces questions sans remettre en cause la nécessité et l’importance d’aller vers la 5G. Il faudra aussi s’interroger sur l’acceptation sociale de la 5G, une question qui se posait déjà. «
Le très haut débit : ralentissement du déploiement
Après deux mois intenses, le déploiement de fibre optique pour le raccordement des foyers au très haut débit s’est fortement ralenti en mars. Et cela se voit dans les investissements d’Orange en repli de 3 % à 1,6 milliard d’euros au premier trimestre 2020 par rapport au premier trimestre 2019. « Ceci est dû aux règles strictes de réduction d’activité imposées par le gouvernement pendant la période de confinement, aux difficultés d’acheminement des matières et à la limitation du travail des sous-traitants », explique Stéphane Richard.
A la fin du premier trimestre 2020, l’opérateur revendique 41,6 millions de foyers raccordables à son réseau de fibre optique dans le monde, dont 17,8 millions en France.
L’application Stop-Covid prête à la fin de mai
Orange confirme participer au développement de Stop-Covid, une appli mobile de traçage numérique destinée à aider les pouvoirs publics à lutter contre la propagation du Covid-10 en informant les personnes entrées en contact avec un malade. L’opérateur est en charge de l’agrégation des briques développées par les différents partenaires et l’intégration du protocole de transfert d’échange des données des serveurs avec les deux écosystèmes mobiles : iOS d’Apple et Android de Google. Le projet est piloté par l’Inria avec, comme d’autres partenaires, notamment Capgemini et l’Inserm. « Nos discussions avec Apple pour que l’appli puisse tourner sur son système iOS sont intenses, mais n’ont pas encore abouti, précise Stéphane Richard. Nous voulons donner une possibilité supplémentaire dans la lutte contre le Covid-19 même si elle n’est pas la panacée. Sur le plan technique, l’application sera prête pour un déploiement à la fin de mai. Reste ensuite à lui donner l’aval politique. Je trouverais dommage que l’on tue dans l’œuf cette option dont la contribution serait incontestable. On serait le seul pays au monde à y renoncer d’emblée. «
Modes de travail : vers le télétravail massif
Le confinement a contraint les entreprises à se mettre massivement en télétravail. Orange a ainsi basculé en quelques jours 100 000 de ses employés sur ce mode de travail. Cela s’est traduit par une multiplication par dix du trafic sur le réseau de l’opérateur. « La crise a démontré la fiabilité de nos réseaux, souligne Stéphane Richard. Nous avons pu absorber l’augmentation du trafic tout en maintenant la qualité de service. Fort heureusement, la surcharge s’est portée sur le réseau fixe et n’a affecté que marginalement le réseau mobile. C’est la preuve que notre message conseillant aux utilisateurs de passer par le WiFi a porté ses fruits. La surcharge vient, non pas du télétravail, mais surtout des applications de streaming vidéo.«
Le PDG d’Orange voit dans la crise l’occasion d’une mutation profonde des modes de travail. « Alors que nous préparons avec les partenaires sociaux notre plan de sortie du confinement, il faut s’attende à des grands changements dans la façon d’envisager la société et le travail, prévoit-il. L’inclusion numérique, un thème cher au groupe, va se trouver plus que jamais au cœur des débats. Car la crise a révélé le besoin d’accélérer la digitalisation par le travail à distance et l’utilisation des réseaux. Le fait d’avoir vécu une expérience de télétravail massif aura des conséquences sur les modes de travail dans l’avenir, notamment dans les grandes agglomérations. »
Félix Victor Dévaloix