(BFI) – Six ans après avoir assumé cette fonction à titre transitoire, la Banque centrale des États de l’Afrique centrale a décidé de débloquer plus de 1,8 milliard de Fcfa pour finaliser la mise en place d’une entité dédiée à la gestion des titres du marché financier régional. Cette décision, prise lors du Conseil d’administration du 6 octobre 2025 à Malabo, vise à moderniser l’infrastructure boursière de la zone CEMAC et à renforcer la sécurité des transactions.
La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) franchit une étape importante dans la modernisation du marché financier de la Cemac. Lors de son Conseil d’administration tenu le 6 octobre 2025 à Malabo, l’institut d’émission commun aux six pays de la zone (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA) a été autorisé «à la libération de la somme de 1 040 000 000 FCFA, correspondant à sa quote-part dans le capital social» du futur dépositaire central unique de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC).
Au total, la banque centrale mettra à disposition plus de 1,8 milliard de FCFA, dont 814,5 millions de FCFA pour «assurer, à titre transitoire, le portage des actions non libérées par certains actionnaires», précise le communiqué officiel ayant sanctionné les travaux. Cette injection financière devrait accélérer la mise en place de cette infrastructure financière cruciale, chargée d’organiser et de gérer le processus de dénouement des opérations négociées sur le marché.
Un retard de plus de cinq ans
La création de ce dépositaire central unique accuse un retard significatif. Depuis juin 2019, suite à la fusion du Douala Stock Exchange (DSX) au Cameroun et de la BVMAC au Gabon, c’est la BEAC elle-même qui assume cette fonction à titre transitoire, en attendant l’agrément d’une entité dédiée. Cette mission devait initialement durer deux à trois ans, mais le délai a été largement dépassé.
Dans le cadre de la deuxième phase de la dynamisation du marché financier unifié de la Cemac, la BEAC a lancé dès mars 2020 le recrutement d’un consultant pour élaborer un business plan du dépositaire central unique. Cependant, des divergences entre la BEAC et la BVMAC sur la gestion de cette structure ont retardé sa concrétisation. La BVMAC devrait détenir une participation majoritaire de 40% dans le capital de cette nouvelle entité, qui comptera également des actionnaires privés aux côtés de la banque centrale.
Des enjeux stratégiques pour le marché financier régional
La mise en place de ce dépositaire central unique répond à des objectifs majeurs de modernisation et de sécurisation du marché boursier de la Cemac. En centralisant la gestion des titres du marché régional, cette infrastructure permettra de renforcer la transparence des transactions, de réduire les risques opérationnels et d’accroître l’attractivité du marché financier pour les investisseurs nationaux et internationaux.
L’intervention financière de la BEAC témoigne de la volonté des autorités monétaires de la zone de doter la Cemac d’une infrastructure financière moderne, conforme aux standards internationaux. Cette décision devrait également rassurer les acteurs du marché sur l’engagement des institutions régionales à achever un projet devenu stratégique pour le développement du secteur financier de la zone franc CFA.
Placide Onguéné