(BFI) – Nommé il y a juste quelques semaines, aux fonctions de Directeur Général de la SONAVIE, Adama DIALLO connait bien la maison pour y avoir travaillé de longues années. Retour aux sources donc, pour ce diplômé de l’Institut International des Assurances de Yaoundé (IIA), qui prend les rênes d’un assureur au potentiel de développement encore sous exploité.
Tout d’abord, pouvez-vous nous dire dans quel état se porte aujourd’hui la SONAVIE ?
La SONAVIE a fait un parcours remarquable, le long de ces 25 années d’existence pendant lesquelles elle a œuvré pour familiariser les maliens avec l’assurance vie.
L’entreprise a porté cette vision ambitieuse jusqu’à permettre aujourd’hui à de milliers de personnes de bénéficier de couvertures diverses allant de la retraite complémentaire à la garantie des emprunts bancaires en cas de décès, en passant par les études des enfants et bien d’autres solutions d’assurances. C’est donc un sentiment de fierté qui anime cette entreprise aujourd’hui bien que des défis demeurent.
En cela, notre bonne santé financière actuelle nous aidera à les relever, à la suite de notre récente opération d’augmentation de capitale réussie (avec la prise de participation par YEELEN FONDS FINANCIER (fonds créé à l’initiative de la BOAD et dédié au secteur financier de la zone UEMOA) dans la holding GAMMA).
Vous avez été nommé, il y a juste quelques semaines, Directeur général de la SONAVIE. Sous quel signe placez-vous vous cette nomination et quelles seront les grandes lignes de votre action ?
Sous le signe de « L’INCLUSION ». Car comme je le disais précédemment, il en reste des défis à relever. Nous, assureurs de la zone CIMA, n’avons pas encore réussi à permettre à la majorité de nos populations d’accéder facilement à des couvertures d’assurances.
Le taux de pénétration de l’assurance dans la zone CIMA est en deçà de 2%. Il nous reste donc du chemin. Et le contexte dans lequel nous sommes aujourd’hui doit nous aider à saisir toutes les opportunités du moment pouvant permettre un accès plus facile aux services d’assurances : mobile-insurance, bancassurance, insurtech, digitalisation, etc….
Comment jugez-vous la perception de la clientèle africaine en général et malienne en particulier par rapport à l’assurance vie ?
Le regard que portent les consommateurs, même quand il est sévère, est toujours bien avisé. Il s’agit pour les opérateurs de s’adapter aux besoins réels de la clientèle et pas le contraire.
Le client, en souscrivant à une assurance, achète de la quiétude, de la sécurité. Il aimerait que quoi qu’il advienne, son assureur soit présent pour honorer ses engagements.
Ceci est encore plus important lorsqu’il s’agit d’assurance vie, qui touche directement à la famille, socle de nos sociétés.
Ainsi, les assureurs, aidés en cela par le régulateur, doivent œuvrer pour des solutions de prises en charge plus simples, plus efficaces et plus rapides. Ce ne serait pas parce que le consommateur est exigeant ; c’est tout simplement ce qu’il y a de plus normal.
Le taux de pénétration de l’assurance-vie demeure encore très faible en Afrique. Selon vous, quelles mesures incitatives faut-il prendre pour inverser la tendance ?
Inciter reviendrait à rendre l’assurance plus attractive. En cela, les assureurs doivent assumer leur rôle premier qui est le paiement des sinistres avec diligence. C’est là la publicité la plus efficace que peut effectuer notre secteur. Ensuite, il nous faut adresser des offres qui répondent aux besoins réels de nos populations, et surtout simples à comprendre.
A son tour, l’Etat a un rôle primordial consistant à créer un environnement favorable, et les pistes sont nombreuses : amélioration du pouvoir d’achat des populations, incitations fiscales (par exemple en ce qui concerne les indemnités de fin de carrières des personnels dans le cas du Mali), obligations d’assurance pour certains secteurs ou métiers pour une meilleure protection, sensibilisations, etc.
Pour impulser une nouvelle dynamique au secteur de l’assurance en Afrique, pensez-vous que les dispositions du Code CIMA sont adaptées ou y a-t-il lieu d’engager quelques réformes ?
Les normes ne peuvent être figées, car elles résultent des aspirations d’une société à un moment donné. Le Code CIMA a connu de nombreuses réformes depuis son entrée en vigueur, et bien d’autres sont en cours.
Nous suivons ces processus avec beaucoup d’intérêt et espérons que le régulateur tienne compte des apports des professionnels du secteur.
Pour revenir à la SONAVIE, quelles sont vos perspectives à moyen et long terme ? Avez-vous des projets de partenariat avec d’autres compagnies ou d’ouverture dans d’autres pays ?
SONAVIE a élaboré un ambitieux Plan Stratégique de Développement et nous avons dans ce sens à cœur de fournir plus de couvertures d’assurance vie pour la population malienne.
Ceci fait partie de la stratégie globale de notre groupe GAMMA, pour lequel l’ambition d’une expansion régionale en vue de devenir un acteur important de la zone CIMA est clairement affichée.