(BFI) – La promulgation d’une nouvelle constitution en 1996 a permis au Cameroun de rejoindre le groupe des pays ayant fait le choix de la territorialisation locale de leur gouvernance à travers l’irruption de deux nouvelles entités dotées d’une personnalité juridique propre : la commune et la région. Au-delà de l’environnement institutionnel qui se dessine laborieusement depuis lors, autour de ce chantier voulu par Monsieur le Président de la République S. E. Paul BIYA, il est indispensable pour sa solidification de construire prioritairement les économies locales des dix régions ainsi que des 374 communes et communautés urbaines. Il s’agit là d’une des compétences entièrement dévolues aux collectivités territoriales décentralisées.
Ancien directeur général de la première intercommunalité post-décentralisation au Cameroun, formé au contact des pionniers dudit chantier(Vice-premier ministre, ministres, gouverneurs, préfets, sous-préfets, maires, responsables sectoriels locaux, entreprises, populations etc.) depuis plus de vingt-cinq ans, aujourd’hui à la tête d’un cabinet international d’ingénierie conseils créateur de solutions en développement territorial : nous proposons, par exemple, de tonifier nos relations diplomatiques avec des pays amis en convoyant, à intervalle régulier, un Ambassadeur dans un département donné pour lui offrir l’opportunité de faire connaissance avec les acteurs majeurs de la vie locale du département visité, toucher du bout des doigts les besoins, découvrir la diversité des atouts tout en faisant la présentation de son propre pays, dans sa diversité, à ses interlocuteurs d’un jour.
Ce type de retrouvailles ont le mérite de :
- Multiplier les opportunités de relations privilégiées naissantes, débarrassées de préjugés ;
- Créer, localement, un biotope de nature à stimuler »le sens du commun » suscitant des possibilités d’engagements et des solidarités locales agissantes parmi les acteurs ;
- Favoriser des échanges intra camerounais, indispensables pour acquérir la culture générale partagée du développement local ;
- Ouvrir un canal de partenariats thématiques rénovés de coopération décentralisée associant des entités camerounaises à leurs homologues de pays amis etc.
Comme vous pouvez le voir, il ne s’agit pas d’une série de conférences-débats, où on viendrait rivaliser d’adresse, mais d’un réseau d’interfaces pour asseoir la notion d’équité et d’inclusivité parmi les camerounais en vue de mobiliser la ressource non financière, chaînon manquant, au nombre des instruments disponibles en bonne place desquels le FEICOM, le PNDP, le FNE, l’API, la Banque des PME, le Crédit Foncier, la SIC etc., pour que la décentralisation produise la transformation et l’embellissement des territoires, les logements sociaux, pour que la décentralisation arrête l’exode rural, pour que la décentralisation obstrue définitivement la route du désert et de la méditerranée pour de nombreux jeunes camerounais tentés par une aventure au péril de leur vie, notamment par l’accompagnement des parcours, la valorisation des métiers, l’attribution de prêts d’honneur à l’installation, pour que la décentralisation produise des plateaux techniques viables à travers l’ensemble des formations hospitalières du pays, pour que la décentralisation produise en quantité et en qualité des énergies renouvelables et des adductions d’eau, pour que la décentralisation produise en quantité et en qualité des voies de communication terre – fleuve – rails, pour que la décentralisation fournisse des transports publics locaux viables, pour que la décentralisation fournisse un enseignement primaire et secondaire de qualité, pour que la décentralisation fournisse, aux jeunes, des formations de types qualifiantes diplômantes ou non.
Aussi est-il évident que ce vaste chantier ne saurait être l’affaire du seul gouvernement et des élus locaux. Il est impératif que la troisième composante, les populations, actives au sein des structures intermédiaires puissent mobiliser, en leur sein, d’autres formes de ressources comme mentionné plus haut.
Aussi, que vous soyez élus locaux, parlementaires, représentants du gouvernement, chefs d’établissements d’enseignement ou de formations, membres de compagnies consulaires, dirigeants de formations hospitalières, chefs et représentants d’entreprises, dirigeants d’associations, en participant ou en étant solidaire du 1er rendez-vous diplomatique des territoires, le jeudi 31 mars 2022 prochain à Nkongsamba, vous aussi, vous serez porté par cette détermination.
Dès lors, l’observance d’un tel foisonnement d’engagements, d’expression locale des solidarités agissantes, additionnés de la diversité des paysages, des cultures et des savoirs-être à découvrir, à l’occasion desdites rencontres, seront de nature à déterminer le plus sceptique des diplomates à regarder désormais le Cameroun avec des lunettes neuves.
Acteurs majeurs de la vie locale de chacun des 58 départements, jouez pleinement votre rôle, en tendant la main, à l’unisson, aux enfants de la rue, aux jeunes sans formations, aux jeunes formés sans emplois, aux jeunes qui sortiront, en fin d’année académique en cours, dans quelques mois, des systèmes aussi bien formels qu’informels de formations. C’est inéluctablement et laborieusement à cela que conduiront vos rendez-vous diplomatiques des territoires.
Faire d’un problème, une opportunité : le sous-emploi des jeunes en créant un nouveau mécanisme, de nouvelles ressources, pour co-construire les économies locales et garantir ainsi, à l’ensemble des collectivités territoriales décentralisées, de pouvoir disposer, demain, des ressources nécessaires au financement des politiques sociales locales, des équipements et des infrastructures diverses. C’est ce que sous-tendent, en filigrane, vos rendez-vous diplomatiques des territoires.
Par Nestor HEMLE, Expert en Décentralisation, Développement Territorial et Coopération Décentralisée