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Loïse Tamalgo (Huawei) : « L’Afrique doit se saisir de la quatrième révolution industrielle déjà en cours »

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(BFI) – Notre compatriote Loïse Tamalgo est Vice-président en charge des relations publiques pour l’Afrique Subsaharienne de Huawei Northern Africa. Il milite ardemment pour la transformation digitale du continent africain. « Le numérique n’est plus une question sectorielle, mais bien plus transversale à tous les secteurs. C’est la raison pour laquelle, l’on parle d’écosystèmes du numérique de nos jours », rappelle-t-il. S’il salue le processus de dématérialisation de l’administration burkinabè, il relève les défis qui restent à affronter, tout en soulignant les opportunités d’acquérir de nouvelles compétences qu’offre la généralisation des cours en ligne.

Pouvez-vous vous présenter et expliquer votre parcours professionnel ?

Permettez-moi avant tout propos de féliciter Lefaso.net pour le travail appréciable que votre média accomplit au Burkina Faso, et pour les contenus d’information relayés qui sont enrichissants.

Je suis Loïse Tamalgo, Burkinabè de nationalité, et j’occupe la fonction de Vice-président chargé des relations publiques pour l’Afrique Subsaharienne de Huawei Northern Africa. J’ai à ma charge 22 pays de la région d’Afrique subsaharienne, principalement francophone où notre groupe est présent. Après une maîtrise en langues appliquées au tourisme et aux affaires à l’institut des Langues Etrangères Appliquées de Dakar, et un MBA en stratégie d’entreprise, je suis arrivé chez Huawei en tant que gestionnaire de compte.

J’ai gravi les échelons, avec pour cœur de mission la relation avec les clients et la gestion commerciale de nos offres. Dès 2010 et pendant dix ans, j’ai été Directeur Pays pour Huawei au Burkina Faso, et depuis un an j’occupe mes fonctions actuelles à notre siège régional à Casablanca. C’est un honneur d’évoluer au sein d’une entreprise aussi performante que Huawei, qui valorise la Recherche et le Développement, et qui est installée en Afrique depuis plus de 20 ans. Il est important de m’investir quotidiennement, au sein d’une entreprise internationale qui promeut ses cadres locaux, ceux-là mêmes qui ont une connaissance de terrain. En ce moment, je discute avec de nombreux Etats sur la mise en place de politiques favorables à l’émergence de l’écosystème de l’économie numérique au niveau national.

Quel état des lieux rapide pouvez-vous faire en ce qui concerne l’Afrique et le Burkina Faso ?

Le continent africain compte plusieurs pays qui ont autant de spécificités culturelles, économiques, sociales et politiques. Il serait difficile de dresser un portrait général du continent sans rendre compte des réalités locales de chaque région. Toutefois, un consensus apparaît sur la nécessité en Afrique de se saisir de la quatrième révolution industrielle déjà en cours : le numérique. Les infrastructures sont de première importance et favorisent l’émergence des pays africains, notamment du Burkina Faso. Pour remédier à leur déficit, il est important de s’attaquer au problème de l’énergie, de l’accès à l’eau, au transport ou encore à la mise à niveau des réseaux, lesquels représentent des leviers pour le développement des économies. L’énergie joue un rôle central, car sans énergie, il n’y a pas d’innovation. L’accès à l’électricité est aussi un préalable au déploiement des nouvelles technologies.

Aujourd’hui encore, 645 millions vivent sans électricité soit un africain sur trois et 63% de la population d’Afrique subsaharienne résident en zones rurales, où le coût de l’extension du réseau est trop élevé pour être envisageable. Le continent aurait besoin, chaque année, d’augmenter sa capacité de production en électricité de 7 GW afin de répondre aux besoins (Banque mondiale). Pourtant l’Afrique est le continent avec le plus important potentiel solaire. Un pays comme le Burkina Faso dispose en moyenne de 3.500 heures d’ensoleillement ! Nous devons profiter de cette opportunité.

Pensez-vous que le pays a pris toute la mesure de l’importance de cette question ?

Le Burkina Faso s’est doté depuis dix ans, en 2011, d’un programme de modernisation de l’administration. L’objectif du programme est d’améliorer d’une part la qualité des services publics, et d’autre part la proximité entre l’administration et ses citoyens. Pour passer un cap, il sera également nécessaire de s’appuyer sur les apports de partenaires privés, pour une dématérialisation efficace, qui sont les têtes de pont des évolutions digitales en cours parce qu’elles disposent d’une vision globale des enjeux de l’e-administration qui se révèle stratégique pour les États. Au Burkina Faso, plusieurs plateformes ont déjà été lancées, comme le dossier individuel des archives numérisées en 2012, et le système d’accès aux dossiers individuels des agents en 2014.

Le gouvernement burkinabè a saisi l’importance de la question de la dématérialisation des services publics pour accélérer le développement du pays grâce au numérique. Enfin, le projet « e-Burkina » élaboré depuis 2016 pour cinq ans est en cours de réalisation. Il prévoit une série d’actions pour la modernisation de l’administration publique burkinabè. Le guichet virtuel unique prend de l’importance et va bientôt prendre en charge dix procédures supplémentaires. Parallèlement, un module de paiement en ligne va être instauré pour permettre de simplifier et d’accélérer les démarches administratives des Burkinabè en dématérialisant les processus.

Même si des investissements restent à faire, ce sont des avancées notables. Il reste que le chemin est encore long pour apporter le dividende numérique à l’ensemble de la population du pays et dans les divers secteurs. Cela demande plus d’efforts en termes d’infrastructures durables et pourquoi pas un cadre juridique et règlementaire avec des politiques préférentielles au numérique pour dynamiser l’investissement du secteur privé dans l’écosystème. Cela permettra de créer plus de valeur, d’emplois et en retour affectera positivement le PIB du pays et l’efficacité des autres secteurs. Le numérique n’est plus une question sectorielle, mais bien plus transversale à tous les secteurs. C’est la raison pour laquelle, l’on parle d’écosystèmes du numérique de nos jours.

Avons-nous les ressources financières et humaines nécessaires pour la mise en œuvre de vraies stratégies de transformation digitale ?

L’État Burkinabè fait preuve d’une volonté politique en matière de développement numérique du pays. Les programmes que j’ai cités précédemment illustrent bien cette ambition des pouvoirs publics de prendre le train en marche de la révolution digitale qui s’opère sur le continent. La dématérialisation des tâches administratives notamment est un enjeu majeur pour permettre une accélération des démarches, ce qui serait bénéfique à l’ensemble de la population. La question financière est bien entendu centrale dans la mise en œuvre des stratégies d’évolution sociétales et l’un des avantages de la dématérialisation est la réduction des coûts, puisqu’il n’est plus nécessaire de se déplacer, d’imprimer des documents, ou de multiplier les postes pour assurer l’accueil des usagers.

Les nouveaux emplois créés nécessitent des employés formés aux outils numériques, et l’éducation est la clé de voûte d’une transformation numérique réussie. Le développement de nouvelles formations et la généralisation des cours en ligne sont une chance pour les Burkinabè et pour les Africains d’acquérir les compétences des métiers de demain. Pour générer le financement du secteur, il est important d’ouvrir un corridor de mesures favorables qui vont affecter toute la chaîne de valeur de l’industrie du numérique dans le pays. Cela constituera un levier pour financer rapidement le déploiement d’infrastructures.

De façon globale, à votre avis, quelles sont les principales difficultés que les administrations publiques et privées rencontrent sur le chemin de la transformation digitale ?

Il peut y avoir, en premier lieu, une forme de résistance au changement de la part des citoyens comme des employés d’administrations. Il faut convaincre des avantages du numérique, mais surtout former de manière pédagogique pour que tout un chacun sache utiliser les outils, sans penser devoir être informaticien. Mais les plus grands défis restent, bien entendu, l’accès à l’électricité et aux infrastructures réseau, le désenclavement rural par des solutions adaptées, la disponibilité du financement et les politiques favorables à l’éclosion du secteur. La transformation digitale et la révolution numérique sont intimement liées au désenclavement des zones rurales et à la réduction de la fracture digitale. Cela vaut pour l’Afrique comme pour le

Quelles sont les solutions possibles et quel pourrait être l’apport de Huawei dans ce domaine ?

Huawei est présent depuis plus de 20 ans sur le continent. Patiemment, méticuleusement, nous avons développé nos infrastructures sur le continent pour favoriser un réseau numérique dans les différents pays où nous sommes implantés. Nous sommes présents au Burkina Faso depuis 2007, et j’ai moi-même rejoint la maison cette année-là. L’engagement de Huawei est double : il couvre à la fois le volet business et le volet social, permettant un développement global des pays africains. En termes d’échanges, nous avons acquis une dimension d’adaptabilité aux contextes africains démontrée dans la structuration de notre stratégie. Nous sommes conscients que certaines étapes doivent être passées avant de proposer des solutions plus poussées.

De plus, nous recherchons constamment les meilleures technologies, les plus efficaces et les plus compétitives, comme le montrent nos activités en R&D qui représentent chaque année plus 10% du chiffre d’affaires de Huawei. Nous avons également présenté lors du MWC de Shanghai notre solution RuralStar Pro ainsi que nos Smart Grids, qui permettent d’apporter, respectivement, la connectivité 3G/4G et l’électricité dans les zones rurales. Une version pilote a été déjà déployée au Burkina Faso en zone rurale et a produit des résultats satisfaisants. Nous sommes résolument dans une logique de partage. Huawei a mis en place des programmes comme « ICT Academy » et « Seeds for the Future » en partenariat avec 400 universités et collèges en Afrique. Au Burkina Faso, de nombreux talents en TIC ont été formés dans les domaines du routage et de la commutation, de l’informatique en Cloud, de la propriété intellectuelle, de l’informatique… et nous allons continuer dans cette voie de formation et de partage !

Lefaso.net

Rédaction
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