(BFI) – Pour financer ses projets de développement, un Etat dispose de plusieurs instruments lui permettant de lever d’importantes ressources financières sur les marchés monétaire et financier, constitués des banques et autres établissements financiers. Pour ce faire, les Etats procèdent régulièrement à l’émission des titres publics qui peuvent être des Obligations du trésor assimilables (OTA), des Bons du trésor assimilables (BTA), des emprunts obligataires, etc. sur le plan local ou sous-régional.
Outre ces instruments, il existe des obligations publiques qu’on appelle les eurobonds. Ils sont, selon les spécialistes, un titre de dette publique permettant à un État d’emprunter de l’argent sur le marché international, dans une monnaie autre que celle du pays émetteur. Contrairement aux OTA et aux BTA, qui sont libellés en monnaie locale (le franc CFA), les eurobonds sont libellés en devises étrangères (euro, dollar, etc.).
A ce titre, le détenteur d’une obligation de ce type reçoit une rémunération sous forme d’intérêt, selon les caractéristiques de l’obligation émise. En 2015, le Cameroun a eu recours à ce mode de financement. Le montant de l’enveloppe recherchée s’élevait à 750 milliards de Fcfa, mais le pays n’avait pu obtenir que 375 milliards de Fcfa, à un taux d’intérêt de 9,5% par an. Les échéances de remboursement de ce premier emprunt seront effectives de novembre 2023 à 2025, à raison de 150 milliards de Fcfa l’an.
Préalablement à l’émission d’un eurobond, l’Etat demandeur organise généralement des rencontres avec des investisseurs. Celles-ci sont connues sous le nom de « Roadshow ». Il s’agit de réunions au cours desquelles les investisseurs posent des questions à l’équipe pays, ceci pour mieux cerner les contours de l’opération et apprécier le risque. C’est d’ailleurs à cet exercice que se livre l’Etat du Cameroun, à travers l’émission en préparation, d’un second eurobond d’un montant de 450 milliards de F.
Pour crédibiliser cette opération, le président de la République, Paul Biya, a signé le 26 mai dernier, une ordonnance portant modification de la loi de finances 2021. Cette ordonnance habilite ainsi le gouvernement à recourir à des émissions sur le marché international pour un montant de 450 milliards de Fcfa, en vue principalement du rachat partiel ou total de l’eurobond en cours. Dans la foulée, Paul Biya a également ratifié et promulgué l’ordonnance du 26 mai 2021, modifiant et complétant certaines dispositions de la loi du 17 décembre 2020 portant loi de finances. Le président de la République a, en outre, signé le décret habilitant le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, à conduire cette opération, en toute quiétude.
André Noir