(BFI) – De seulement 51 milliards de FCFA en novembre 2011, date du lancement du marché des titres publics par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), les financements mobilisés par les six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, RCA, Tchad et Guinée Equatoriale) sur ce marché au 31 janvier 2021 culminent à 3 323 milliards de FCFA. Ce chiffre révélé ce 9 février 2021 dans la capitale économique camerounaise par la banque centrale, à l’occasion d’un atelier sur la dynamisation du marché secondaire, représente 6,3% du BIP de cet espace communautaire, contre 0,1% en novembre 2011.
A en croire Christian Rodrigue Otoly, chef de service à la Cellule de règlement et de conservation des titres (CRCT) de la BEAC, cette évolution exponentielle des fonds levés par les Trésors nationaux sur le marché monétaire depuis 10 ans, démontre non seulement la maturité de ce marché, mais aussi et surtout la confiance des investisseurs envers les Etats de la Cemac.
Cette confiance est d’autant plus palpable que, soutient ce cadre de l’institut d’émission des six Etats de la Cemac, le portefeuille du marché monétaire, largement dominé par les titres de court terme (bons du Trésor assimilables) au début, est désormais dominé par les obligations du Trésor assimilables (OTA), titres publics dont la maturité oscille entre 2 et 10 ans. Une réalité qui, selon M. Otoly, nécessite le développement du marché secondaire.
En effet, pratiquement atone depuis son lancement, le compartiment secondaire du marché monétaire connaît un frémissement depuis 2018. La cadence des opérations d’achats-ventes des titres s’est d’ailleurs quelque peu accélérée depuis 2019, avec l’adoption par la Banque centrale d’un cahier de charges, qui impose désormais aux Spécialistes en valeurs du Trésor (intermédiaires du marché) de céder sur le marché secondaire au moins 30% des titres qu’ils détiennent.
Un marché embryonnaire
« Au 31 juillet 2020, le marché secondaire a connu un frémissement, avec 172 opérations d’achat-ventes de titres, pour un montant nominal de 392,54 milliards de FCFA, échangés à 393,2 milliards de FCFA. Cette évolution se situe en forte hausse, par rapport à la même période un an auparavant », souligne la BEAC dans un rapport officiel. En effet, apprend-on, entre juillet 2018 et juillet 2019, seules 41 opérations avaient été enregistrées sur ce compartiment du marché, pour des titres d’une valeur nominale globale de 110,4 milliards de FCFA seulement.
Au demeurant, en dépit de cette évolution à la hausse des titres échangés au cours des deux dernières années, le compartiment secondaire du marché monétaire de la Cemac demeure embryonnaire, soutiennent les experts qui ont échangé sur la question le 9 février 2021 à Douala, à l’initiative du ministère camerounais des Finances.
Pour accélérer le développement de ce compartiment du marché, ces derniers suggèrent le développement d’une culture financière dans le pays, à travers notamment des actions de vulgarisation des instruments financiers que sont les titres publics, ou encore le développement d’une infrastructure du marché pouvant permettre de capter les investissements en devises.
Dans la même veine, l’opérationnalisation des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (Opcvm), dont le cadre législatif existe d’ores et déjà au Cameroun, est également un important levier à actionner pour booster le marché secondaire des titres publics, selon Moh Sylvester, le directeur général du Trésor au ministère des Finances.