(BFI) – La cérémonie qui met actuellement le Port autonome de Douala (PAD) sous les projecteurs, est tout, sauf de la poudre aux yeux. L’acquisition de six nouveaux engins nautiques permettra au PAD d’avoir des eaux plus navigables. C’est-à-dire sans ensablement, sans encombrement par les épaves. Tenez ! Depuis janvier 1980, cent épaves de bateaux ont sombré sur la place portuaire et y ont été abandonnées. Grace à l’opération de libération de l’espace, le PAD a d’abord enlevé 25 épaves, à ce jour, ce sont 34 épaves de bateaux qui ont été enlevées et avant même la fin de l’opération, des investisseurs cherchent à occuper la zone libérée. Au port de Douala-Bonaberi, on est également en plein dans la construction ou la réhabilitation du réseau des routes bitumées. Cette activité a pour avantage en ce moment d’attirer plus d’entreprises qui peuvent circuler aisément voire entreposer leurs marchandises en toute sécurité. On parle aussi moins de congestion même si on peut déplorer l’occupation illégale du domaine portuaire par les populations du côté d’Essengue.
Première difficulté, le PAD ne peut plus construire des routes bitumées afin de viabiliser cet espace dont il détient pourtant le titre de propriété. Pour récupérer son domaine, le ministre de l’Habitat et du Développement urbain et son collègue en charge des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières devront faire entendre raison aux populations. Objectif visée : permettre au PAD de donner plus d’espaces aux nombreux investisseurs qui frappent aux portes. Il convient de rappeler que le port de Douala assure la sortie et l’entrée des marchandises pour le Cameroun, l’Est du Nigeria, le Nord du Congo, le Tchad et la RCA. Dans un tel contexte, il n’est plus indiqué de sombrer dans le laxisme. Tout doit être fait pour dompter la concurrence féroce qui vient des autres ports du golfe de Guinée. Le top management du PAD a donc entrepris de passer à la vitesse supérieure.
On parle ainsi de la construction d’un port en eau profonde dans une île à Manoka, arrondissement de Douala 6e pour accueillir plus d’investisseurs, plus de gros porteurs et engranger plus de recettes. Afin d’assurer la sécurité des hommes et des marchandises, le port qui traite douze millions de tonnes par an à l’import comme à l’export a beaucoup investi dans la sécurisation des installations. Le déchargement des bateaux ne réservera plus des surprises désagréables aux importateurs. La vidéosurveillance est aux aguets. Tout comme pour une meilleure gestion des opérations d’import-export, le PAD a déjà en projet la construction d’un deuxième terminal à conteneurs situé cette fois du côté de Bonaberi.
A côté de ces projets, le top management du PAD a pris l’option de rendre autonome l’activité de dragage du chenal, des plans d’eau, des darses et des pieds de quai. Véritable projet stratégique, il vise à nationaliser cette activité pour rétablir la souveraineté du Cameroun sur l’entretien de la principale autoroute d’accès et de sortie des biens. Bien plus, le système de dragage en régie réduira les charges d’exploitation du PAD. Ces 15 dernières années, le coût de l’ensemble des activités de dragage du port de Douala s’est chiffré à environ 156 milliards de francs soit en moyenne 10 milliards par an. Suffisant pour alerter l’Etat actionnaire et l’autorité portuaire sur un risque d’asphyxie avéré. Pour une nouvelle dynamique, la solution de l’autonomisation du dragage célébré mardi dernier à Douala a été prise. Et depuis 2018, le Conseil d’administration a pris des résolutions. Celle de décembre 2018 instituant la régie déléguée de dragage du port autonome de Douala permet de voir venir…
Bertrand Abégoumégné