(BFI) – La mise sur pied d’une société privée qui jouera le rôle de dépositaire central unique du marché financier régional d’Afrique centrale tarde à se concrétiser. Elle devrait faciliter le fonctionnement du marché boursier, renforcer la sécurité et la transparence des transactions et protéger les intérêts des investisseurs.
« Le lancement des activités du Dépositaire central unifié (DCU) est prévu à fin 2024 et le conseil d’administration (de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale) entretient un contact quasi permanent avec les autorités de la CEMAC pour accompagner avec détermination la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique centrale) au respect de ce délai », a souligné le régulateur du marché financier d’Afrique centrale, dans son rapport annuel 2023, publié le lundi 28 octobre 2024.
Après de nombreux reports en effet, la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC) prévoit de lancer dans près d’un mois, les activités de cette société privée qui jouera le rôle de dépositaire central unifié du marché financier sous-régional. Mais ce délai sera-t-il respecté ? s’interrogent de nombreux analystes du marché.
Pour la BVMAC, la mise en place de cette institution qui centralise et veille à la bonne conservation des titres des acteurs du marché financier est un enjeu crucial. « Le lancement des activités du DCU permettra à la Bourse régionale de raffermir substantiellement ses activités et ses éléments de patrimoine », soutient la BVMAC.
La BEAC, dépositaire central à titre transitoire
Depuis juin 2019, la BEAC assume, à titre transitoire, les fonctions de dépositaire central du marché financier d’Afrique centrale. Cette mission lui a été assignée à la suite de la fusion en 2019 des deux marchés financiers de la Cemac, à savoir : la bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC) à Libreville et la Douala Stock exchange (DSX) au Cameroun. La BEAC devrait en principe, assumer cette mission de dépositaire central pendant deux à trois ans en attendant l’agrément d’une entité dédiée à cette activité. Sauf que, ce délai a été largement dépassé. Dans un premier temps, la nouvelle a annoncé, dans son rapport annuel 2021, la création d’un dépositaire central privé pour fin 2023. Le projet, reporté pour la période d’avant le 31 décembre 2024, est actuellement prévu fin 2024.
La BVMAC deviendrait l’actionnaire majoritaire de cette structure avec 40% de parts. La création de cette entité se traduira également par la fin de l’exercice par la BEAC, de l’administration des titres, leur enregistrement, leur conservation, ainsi que la facilitation de la compensation et du règlement des transactions. La banque devrait désormais se consacrer à sa mission de banque de règlement, chargée d’assurer le dénouement en espèces des transactions conclues sur le marché financier.
De sources médiatiques, l’on apprend qu’il existerait un désaccord entre la BEAC et la BVMAC au sujet de la mise en place de ce dépositaire central privé. Ce désaccord serait à l’origine du retard du lancement de ladite entité. L’institution bancaire régionale souhaiterait renforcer son contrôle sur le marché financier en ayant une emprise plus directe sur le rôle du dépositaire central. Selon elle, un tel contrôle permettrait d’assurer une régulation uniforme et sécurisée pour l’ensemble des acteurs financiers de la région. A l’inverse, la BVMAC soutient qu’un dépositaire central indépendant, et donc géré par une entité privée qui pourrait mieux garantir la transparence et l’efficience du marché financier.
Rôles et missions d’un dépositaire central
La création d’un dépositaire central unique (DCU) jouera un rôle essentiel dans le fonctionnement et la sécurité du marché financier qui regroupe le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Tchad et la République centrafricaine. Le DCU centralise les titres financiers (actions, obligations, etc.) émis sur le marché boursier, en garantissant qu’ils soient stockés et gérés dans un lieu unique tout en respectant les délais.