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Le développement d’une infrastructure GPL domestique pourrait sauver des millions de vies en Afrique

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(BFI) – Alors que les sources d’énergie traditionnelles comme la biomasse et le kérosène posent de graves risques sanitaires, le gaz de pétrole liquéfié est un substitut aux combustibles de cuisson plus propre et plus sûr.

Selon l’International Energy Agency, 970 millions de personnes en Afrique n’ont pas accès à des moyens de cuisson non polluants et dépendent de combustibles traditionnels : biomasse, charbon ou kérosène. Cuisiner avec ces combustibles « sales » est dangereux pour la santé, en particulier pour les femmes et les enfants. En effet, on estime que cuisiner au charbon ou au bois équivaut à l’exposition à 400 cigarettes par heure.

En Afrique subsaharienne, l’utilisation de ces deux sources d’énergie pour la cuisine a très peu évolué dans les 30 dernières années : en 1990, 90 % de la population de la région cuisinait avec des combustibles traditionnels et en 2020, le chiffre n’avait que légèrement baissé, à 84 %. Préoccupant également, le nombre d’Africains utilisant la biomasse pour la cuisson a récemment augmenté en raison de l’augmentation des prix du gaz. Il est vital que cette tendance ne s’installe pas à long terme.

Une alternative propre

Le gaz de pétrole liquéfié (GPL) est un substitut aux combustibles traditionnels de cuisson plus propre et plus sûr. Il est meilleur pour la santé et est un facteur de productivité et de gain de temps. Le GPL constitue un excellent combustible de transition pour fournir chaleur et lumière aux foyers et s’utilise avec un équipement peu coûteux ne nécessitant pas de raccordement au réseau électrique. En pratique, l’électricité n’est pas une option viable pour la cuisine dans la plupart des pays africains, étant donné les faibles taux d’électrification sur le continent et le coût élevé de la construction de réseaux de transport et de distribution d’électricité, sans parler des délais.

Les sources d’énergie traditionnelles comme la biomasse et le kérosène posent de graves risques sanitaires : elles sont cause de maladies respiratoires, de cancers, d’interruptions de grossesse et de mortalité des enfants, par l’exposition continue à la pollution de l’air intérieur. Elles présentent à l’évidence un risque d’incendie et peuvent également avoir des conséquences néfastes pour la santé, comme les problèmes de dos dus au ramassage et le danger pour les jeunes filles chargées de la collecte, souvent obligées de faire de longs trajets seules et à pied. L’adoption du GPL atténuerait ces risques sanitaires et pourrait, selon des estimations, sauver 500 000 vies par an en Afrique. On estime de plus que les coûts indirects évités par une sollicitation moindre des services et infrastructures de santé pourraient dépasser les 15 milliards $ annuels si 50 % des Africains adoptaient d’ici 2030 le GPL comme énergie de cuisson.

Les avantages environnementaux du GPL comparé à la combustion de biomasse pour la cuisine s’étendent au-delà d’une baisse des émissions de carbone et de la pollution de l’air : substituer le GPL à la biomasse pourrait aussi réduire la déforestation. On estime en effet que la moitié environ du bois abattu dans le monde actuellement est utilisée comme source d’énergie. Bien que tout le combustible biomasse ne soit pas destiné à la cuisine, la transition vers d’autres sources d’énergie pourrait favoriser la protection des forêts. Les études suggèrent que cent foyers remplaçant la biomasse par le GPL préservent un hectare de forêt par an ; une seule bonbonne de gaz butane de 3 kg contient autant d’énergie que 7 m2 de forêt. Dans un pays comme la République Démocratique du Congo (RDC), aux forêts étendues, mais au taux de pénétration de l’électricité de 20 %, opter, même en ville, pour du gaz butane est une solution évidente contre la déforestation.

Le GPL est aussi bénéfique à l’éducation et à la productivité. Le temps perdu à ramasser le combustible, par exemple, pourrait être consacré à générer des revenus ou à aller à l’école. Dans bien des régions, la responsabilité de la cuisine incombe aux femmes et abandonner ces combustibles dangereux ouvrirait à des millions d’entre elles les portes de l’éducation, de l’emploi ou de l’engagement civique. Avec un tel surcroît de productivité et cette réduction des freins à l’éducation et à la création de revenus pour de grandes portions de la population, le potentiel de croissance du PIB pour les pays se convertissant aux combustibles propres est énorme.

Malheureusement, logistique et infrastructures locales ne sont tout simplement pas en état de répondre à l’offre et à la demande domestiques, particulièrement dans un contexte de boom démographique prolongé. En outre, les effets de la pandémie et de l’invasion russe en Ukraine ont mis le GPL hors de portée financière d’environ 30 millions de personnes de plus à l’échelle du continent, les poussant souvent à revenir au combustible traditionnel qu’est la biomasse.

Des raisons d’investir

De nombreux pays africains ont un accès insuffisant à l’électricité et même là où il est assuré, le GPL est plus économique, les tarifs électriques étant comparativement élevés. Cependant, la pénétration du GPL en Afrique est faible en partie à cause du manque d’infrastructures d’importation, de traitement, de transport et de distribution. Les réseaux classiques de canalisations de transport de gaz domestique, comme celui de la région de Johannesburg en Afrique du Sud, sont très rares en Afrique ; les réseaux GPL s’appuient sur l’acheminement physique de bouteilles jusqu’aux utilisateurs. Investir dans des terminaux d’importation, usines de remplissage, bouteilles et filières de transport du GPL rendrait le gaz domestique plus accessible aux marchés nationaux. L’élimination de ces obstacles d’infrastructure et une distribution plus efficace contribueront à endiguer la tendance au retour aux combustibles biomasse néfastes.

African Infrastructure Investment Managers (AIIM), un des plus importants investisseurs en infrastructure d’Afrique, œuvre activement pour l’accès élargi aux énergies de cuisson propres dans la région. Il agit pour le développement du GPL en Afrique par le biais d’investissements dans la chaîne de valeur GPL, des terminaux d’importation aux usines de remplissage et aux réseaux de distribution de bonbonnes. AIIM investit dans des sociétés comme Sodigaz, qui apporte le GPL à des foyers du Burkina Faso et du Bénin en construisant de tels réseaux de distribution. AIIM a également investi dans BBOXX, plateforme de services énergétiques panafricaine qui s’est lancée dans la distribution de GPL et d’énergies propres aux populations non raccordées de RDC et du Rwanda. Financer d’autres projets d’infrastructure sera crucial pour stimuler la transition énergétique en Afrique, avec un impact social positif, tout en ralentissant la déforestation et en préservant l’environnement et la biodiversité du continent.

Regard vers l’avenir

Les investisseurs en infrastructure devraient mettre leurs investissements davantage au diapason des Objectifs de développement durable des Nations Unies, en l’occurrence l’ODD 7 « Énergie propre et d’un coût abordable ». Ils pourraient ainsi offrir au milliard d’Africains qui n’ont pas accès à des modes de cuisson non polluants des moyens d’abandonner les combustibles dangereux au profit d’alternatives plus propres et plus sûres.

Nombreux sont les investisseurs et les bailleurs de fonds internationaux à avoir revu à la baisse leur soutien au développement d’infrastructures GPL car le gaz est considéré comme un carburant fossile à éliminer d’urgence, plutôt qu’un combustible de transition comparativement propre. Cependant, les récentes crises énergétiques ont montré que le développement du GPL sera crucial et qu’à terme, il est moins coûteux, plus propre et plus efficace que le charbon et le kérosène. Créer des réseaux GPL est également plus économique et plus rapide que d’étendre les réseaux électriques. À l’heure où nous avons un besoin immédiat d’énergie abordable et moins polluante, le GPL est la solution optimale.

Patrick Kouamé, Directeur Investissements d’African Infrastructure Investment Managers (AIIM)

Rédaction
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