(BFI) – Le gouvernement camerounais a choisi une plateforme numérique qui prélève directement les taxes douanières à hauteur de 33% de la valeur marchande d’un nouveau téléphone.
D’après les autorités, moins de 100 millions de francs CFA de droits de douane sont collectés chaque mois sur les téléphones portables. La contrebande et la corruption des agents de la police des frontières expliquent cette faiblesse des rentrées fiscales. Ceci alors que le nombre et la qualité des téléphones importés sont en hausse au Cameroun.
Près de quatre millions de téléphones portables entrent ainsi chaque année dans le pays, soit un potentiel de recettes douanières évalué à treize milliards de francs CFA si chaque appareil coûtait un prix minimum de 10.000 de francs CFA.
Mesure fiscale controversée
Mais cette taxation électronique de 33% qui sera désormais supportée directement par le consommateur révolte Oscar Akitio, technicien automobile, qui parle d’une agression fiscale.
« Eux, les ministres, ils sont en train de nous dire que des cours vont se passer par vidéoconférences. Ça veut dire que le parent qui veut aller acheter le téléphone à 100.000 francs pour que ses enfants suivent le cours, il faudra qu’il paye en plus environ 30.000 francs CFA ? Est-ce que c’est normal ? Non, non ! ça c’est pour faire souffrir encore les Camerounais. Vos affaires-là, excusez-nous, c’est même de l’agression. »
Océane Nsengue, vendeuse de téléphone à Bépanda Tonnerre, se dit déconcertée.
« Bien sûr, nos ventes vont baisser. Déjà, je suis en train de prospecter depuis ce matin. Depuis que j’ai ouvert à sept heures, je n’ai vendu qu’un seul téléphone. Voyez vous-même. «
L’administration fiscale indique qu’il ne s’agit pas de nouvelles taxes mais d’un « déplacement de la frontière physique de dédouanement » vers la « frontière numérique » qu’est la carte SIM.
Mais qu’en sera-t-il avec le téléphone acheté par un touriste au Cameroun ? Le professeur Pierre Alaka Alaka est un expert fiscaliste.
« Un touriste allemand qui arrive au Cameroun a sa puce allemande dans son téléphone acheté en Allemagne. Il ne paiera pas s’il ne va pas acheter de puce camerounaise. En revanche, s’il met la puce d’une entreprise de téléphonie camerounaise, à ce moment, il paiera les droits de douane par rapport à sa consommation au Cameroun, jusqu’au jour où il quitte le territoire national. Il paiera donc des droits de douane partiels. »
Un recouvrement efficace ?
Le gouvernement camerounais essaye donc de s’assurer un meilleur mécanisme de recouvrement et de sécurisation des recettes douanières, qui devraient être multipliées par 2.500% dès la première année de mise en œuvre du nouveau mécanisme de taxation des appareils téléphoniques.
Mais tout cela au détriment des consommateurs et non des importateurs et c’est ce qui crée l’incompréhension des Camerounais.
André Noir