(BFI) – L’Afrique du Sud s’apprête à accueillir, à partir de mardi, le 15e sommet des pays membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), une occasion que les autorités sud-africaines comptent mettre à profit pour discuter du « programme de développement du continent africain », a constaté l’envoyé spécial de l’APS.
La rencontre de trois jours se tient au Sandton Convention Centre (SCC) à Johannesburg, en Afrique du Sud, autour du thème principal « Les BRICS et l’Afrique ».
Le président brésilien Lula Dasilva est arrivé lundi matin à Johannesburg. Le président chinois est également attendu dans la journée. Ce dernier effectuera, un jour avant l’ouverture du sommet, une visite d’Etat dans la Nation arc-en-ciel. Le Premier ministre indien Narendra Modi est également attendu, mardi.
Le président russe Vladimir Poutine se fera représenter par son ministre des Affaires étrangères. Il a été convenu qu’il intervient par visio-conférence, en raison des sanctions internationales qui pèsent sur lui.
Dans une adresse à la Nation, dimanche, le président sud africain Cyril Ramaphosa a annoncé que plus de 30 chefs d’État et de gouvernement de toute l’Afrique participeront au sommet. Outre la participation de chef d’Etat et de gouvernement africains, il a aussi annoncé la présence de dirigeants de pays des Caraïbes et d’Amérique du Sud, du Moyen-Orient et d’Asie de l’Ouest, d’Asie du Sud et d’Asie du Sud-Est.
Dans ce même message, M. Ramaphosa est largement revenu sur les fondamentaux de la politique étrangère de son pays depuis la fin de l’apartheid, évoquant « l’importance » de ce sommet pour son pays et le continent africain dans son ensemble.
Selon le président Sud-africain, « ce sommet des BRICS et la visite d’État du président Xi Jinping, ainsi que les nombreux engagements bilatéraux que nous aurons avec le président Lula Da Silva du Brésil, le Premier ministre Modi de l’Inde et de nombreux autres chefs d’État en marge du sommet, ont une incidence sur nos relations avec les autres pays et la place de l’Afrique du Sud dans le monde ».
Parlant des « principes » et des « valeurs » qui façonnent la politique étrangère de son pays, il a rappelé qu’avant l’aube de la démocratie en 1994, « l’État sud-africain de l’apartheid était un paria au sein de la communauté internationale, condamné pour avoir commis un crime contre l’humanité ».
Selon lui, « la politique étrangère de l’Afrique du Sud de l’apartheid était définie par la coercition, la déstabilisation et l’agression militaire ».
Depuis l’avènement de la démocratie, l’Afrique du Sud met en oeuvre une diplomatie basée sur ce que ses ancêtres « qui ont inscrit dans la Charte de la liberté en 1955, lorsqu’ils ont déclaré que + L’Afrique du Sud sera un État pleinement indépendant qui respecte les droits et la souveraineté de toutes les nations ; L’Afrique du Sud s’efforcera de maintenir la paix mondiale et le règlement de tous les différends internationaux par la négociation – et non par la guerre+ ».
Elargissement possible de l’adhésion des BRICS
Cyril Ramaphosa rappelle que la politique étrangère de l’Afrique du Sud vise à « améliorer le bien-être, la sécurité et la prospérité » de ses citoyens, et « la réalisation d’une Afrique et d’un monde meilleurs ».
Les principaux piliers de cette politique « comprennent la promotion des droits de l’homme, de la paix et de la stabilité et le renforcement des liens commerciaux et d’investissement avec d’autres pays », parlant de « principes qui guident notre participation aux BRICS ».
« Ensemble, les membres des BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – représentent un quart de l’économie mondiale, ils représentent un cinquième du commerce mondial et abritent plus de 40 % de la population mondiale », a-t-il relevé.
Selon lui, « l’Afrique du Sud a toujours défendu les intérêts de l’Afrique au sein des BRICS ».
« Nous voulons établir un partenariat entre les BRICS et l’Afrique afin que notre continent puisse avoir des opportunités d’augmentation du commerce, des investissements et du développement des infrastructures », a-t-il dit.
A cela s’ajoutent de « grandes opportunités pour les autres pays BRICS de « participer à la zone de libre-échange continentale africaine (…) ».
Cyril Ramaphosa a signalé que le 15e Sommet des BRICS discutera d’un certain nombre de questions importantes, notamment celle relative à « l’élargissement possible de l’adhésion des BRICS ».
Selon lui, « ce Sommet des BRICS est particulièrement important, car il se tient alors que le monde est confronté à des défis fondamentaux qui ne manqueront pas de déterminer le cours des événements internationaux pour les années à venir ».
Le monde est devenu « de plus en plus complexe et fracturé » car polarisé en camps concurrents, selon le président Sud-africain, qui a ajouté que l’Afrique du Sud « continue de plaider en faveur d’un système mondial de gouvernance, de commerce, de finance et d’investissement ouvert et fondé sur des règles ».
« Renforcer l’Union africaine »
« Ce doit être un système qui ne dépend pas de l’exercice du pouvoir ou de l’unilatéralisme, mais de la promotion des intérêts des peuples du monde », a-t-il dit.
« C’est dans ce système de base de règles que nous cherchons à faire progresser la prospérité et l’industrialisation de l’Afrique. Nous cherchons à changer les règles pour qu’elles soient plus justes mais en définitive nous voulons promouvoir un système ouvert de relations économiques et politiques », a-t-il déclaré.
Cyril Ramaphosa a assuré que son pays était déterminé à « renforcer l’Union africaine afin qu’elle accroisse sa capacité à accompagner la réalisation d’une plus grande intégration sur le continent ».
Toutefois, estime-t-il, « pour que l’Afrique prospère », ses dirigeants doivent « faire taire les armes ».
Il a également déclaré que son pays continue à « travailler au sein de l’Union africaine pour mettre fin à plusieurs conflits en cours sur le continent et rétablir un gouvernement constitutionnel et démocratique dans les pays qui ont récemment connu des coups d’État ».
Cyril Ramaphosa a toutefois réaffirmé que son pays s’est « engagé dans une politique de non-alignement ».
« Alors que certains de nos détracteurs préfèrent un soutien manifeste à leurs choix politiques et idéologiques, nous ne nous laisserons pas entraîner dans une compétition entre puissances mondiales », a-t-il déclaré.
Il est également revenu sur sa participation à l’initiative africaine visant à rechercher la paix dans le conflit opposant l’Ukraine et la Russie.
Cyril Ramaphosa a par ailleurs plaidé pour que le Conseil de sécurité des Nations Unies soit « transformé en un organe plus inclusif et plus efficace, capable d’assurer la paix et la sécurité ».