(BFI) – En 2023, les investissements directs étrangers étaient stables sur le continent – tandis qu’ils dégringolaient dans d’autres régions du monde – atteignant environ 48 milliards de dollars selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Si les statistiques ne sont donc pas encore au rendez-vous des besoins, des signaux semblent pourtant au vert. Un regain d’intérêt des investisseurs vers le continent paraît se confirmer.
L’agence de notation Standard & Poor’s a récemment relevé la note de la Côte d’Ivoire à BB. Un signal pour Stanislas Zézé, à la tête de l’agence de notation africaine Bloomfield, que l’évaluation du risque sur le continent est en train d’évoluer. « La raison pour laquelle les gens avaient du mal à venir ou étaient un peu sceptiques, c’était à cause de comment ils évaluaient le risque, pas le risque réel, mais la perception des risques qu’ils avaient. Et cette perception évolue de façon significative », analyse ce spécialiste de la finance.
Pour lui, d’autres facteurs interviennent. « Il y a un potentiel extraordinaire parce qu’il y a tout à faire ici. Donc, évidemment, le développement est de plus en plus rapide, les taux de croissance sont parmi les plus élevés au monde et le risque est mieux maîtrisé aujourd’hui parce que mieux compris. En termes même de remboursement, les Africains ne sont pas les moins crédibles. C’est tout ça qui crée une vraie dynamique d’investissements sur le continent », ajoute-t-il.
Donner de bons signaux aux investisseurs
Autre événement, la levée de fonds d’Ecobank sur le London Stock Exchange. Ce n’était pas arrivé pour une banque africaine depuis 2021. Les marchés ont ainsi investi 400 millions de dollars. Proparco, filiale de l’Agence française de développement, s’était positionnée comme référent sur cette opération. « Comme ces marchés financiers étaient attentistes et un peu fermés, il a été convenu qu’il faudrait que des investisseurs anchor, c’est-à-dire des investisseurs de référence qui travaillent depuis très longtemps avec elle — donc qui connaissent bien la banque, qui apprécie son impact et sa solidité —, que ses investisseurs puissent envoyer un peu un signal aux marchés en avance pour dire : nous, on a confiance dans cette banque », explique Emmanuel Haye, responsable du département institutions financières.
Ce qu’a donc fait Proparco et d’autres partenaires. « Très vite, on a pu annoncer qu’on allait investir 20 millions de dollars aux côtés d’autres investisseurs anchor, et donc ça, ça a permis certainement que les investisseurs trouvent cette opération intéressante et qu’ils y souscrivent », ajoute encore Emmanuel Haye.
Pour Stanislas Zézé, il ne fait aucun doute, investir en Afrique est rentable. « Si vous regardez les 400 millions de dollars qui ont été empruntés par Ecobank, c’est à 10%. Je ne sais pas où en Europe vous ferez de l’investissement avec un retour à 10%, insiste-t-il. Ça m’étonnerait. Donc évidemment, le continent devient de plus en plus attractif. »
Installation prochaine de J.P. Morgan
Des investisseurs étrangers, dont l’une des têtes de pont, J.P. Morgan, vient d’annoncer vouloir s’installer prochainement en Côte d’Ivoire et au Kenya. « Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est en effet avec la baisse des taux, le retour des États souverains sur les marchés internationaux, et c’est ça que vient cibler J.P. Morgan, qui va arranger la levée de ressources pour ces États souverains ou les très grandes entreprises », confirme Emmanuelle Haye.
Parmi les opérations remarquées cette année et qui semblent confirmer le regain d’intérêt des investisseurs pour le continent, le retour de la Côte d’Ivoire et du Bénin sur les marchés internationaux.