(BFI) – La titrisation des créances avec cession au public initiée par la filiale en Côte d’Ivoire du groupe NSIA Banque ouvre un nouveau champ de perspectives pour les assureurs de l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA), peut-on déduire de la note d’information de l’opération dont l’Agence Ecofin a eu une copie. En effet, même si l’opération est encadrée par de solides mesures de protection et bénéficie du soutien de la Société financière internationale, elle n’est pas à l’abri de possibles risques qui pourraient affecter la rentabilité pour les investisseurs.
Dans le cadre de cette opération, NSIA Banque Côte d’Ivoire a mis ensemble un paquet de 10 931 crédits accordés à ses clients, dont 89,3% sont des entreprises. La géographie des emprunteurs indique aussi que 60,8% d’entre eux détiennent des crédits de moins de 8 millions FCFA avec une maturité moyenne de 50,8 mois.
La titrisation des créances est une opération financière qui a connu ses beaux jours sur le marché financier américain de New York et qui a permis à de nombreuses banques de réaliser des revenus record. Elle était principalement adossée à des crédits immobiliers qui se caractérisent par des maturités longues, avec en appui une garantie hypothécaire pour sécuriser le tout.
Dans le cas présent, NSIA Banque indique vouloir redonner un certain équilibre à sa liquidité et se donner la possibilité d’accorder de nouveaux prêts à de nouveaux clients, sans forcément engager de nouvelles ressources coûteuses. Mais la nature des créances accordées n’a pas été spécifiée, de même que le profil spécifié de chacun de ses débiteurs dont les prêts ont été mis en titrisation.
Dès lors, la rémunération de 7% offerte sur 4 ans aux investisseurs du fonds commun de titrisation invite à se montrer regardant sur les risques. La note d’information en a identifié 11 au total, exposés dans la section 10. Ainsi, les investisseurs sont avertis qu’il existe un risque de défaillance des emprunteurs, un autre lié à l’impossibilité de vendre rapidement les titres achetés sur le marché, un possible changement de régime fiscal et autres risques potentiels de pertes.
Une technique empruntée du marché américain qu’on pourrait utiliser dans le cadre de cette première opération africaine est celle de la couverture contre les risques de défaillance encore appelée les « Credit Default Swaps ». Ce sont des produits financiers émis par des sociétés d’assurance, ou toute autre institution financière de bancassurance, dont le rôle est de prémunir un investisseur contre tout risque relatif à un investissement effectué sur un produit financier.
Comme dans beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne, les sociétés d’assurance offrent jusqu’ici deux types de produits en matière de vie et de non-vie. Il existe aussi un marché de bancassurance qui connait un certain boom, mais qui n’est pas suffisamment sophistiqué pour répondre à ce type de risque financier.
Reste désormais à savoir si le cadre juridique et réglementaire permet aux assureurs de couvrir des investisseurs contre des placements financiers porteurs d’un certain niveau de risque.
Agence Ecofin