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La partition de la dispora dans le développement économique du Cameroun

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(BFI) – Le cadre normatif et institutionnel encadrant les activités de ces ressortissants camerounais vivant à l’étranger s’améliore chaque jour un peu plus, au moment où leur contribution à la marche du pays va grandissante.

L’environnement juridico-politique au Cameroun s’est enrichi il y a quelques semaines d’un nouvel instrument institutionnel : le Réseau parlementaire pour la diaspora, la coopération décentralisée et transfrontalière (Rep-Cod). Une dénomination aux accents quelque peu barbares – c’est souvent le cas pour les noms d’institutions –, pour désigner « un instrument de lobbying et d’accompagnement du gouvernement pour la bonne compréhension des difficultés de nos compatriotes de la diaspora ». Cette clarification est du député Louis Henri Ngantcha, président du Rep-Cod.

Au-delà du laconique institutionnel et politique, l’émanation de cette nouvelle structure est le reflet d’une démarche décennale, qui a abouti il y a déjà quelques années à la création au sein du ministère des Relations extérieures d’une direction spécifiquement chargée des problèmes de la diaspora camerounaise. Autant de clins d’œil fort justifiés, adressés à ces communautés camerounaises expatriées, dont la contribution à l’économie nationale et à d’autres volets de la vie sociale est de plus en plus grandissante. Les chiffres pour le démontrer sont édifiants. Selon les rapports officiels, le montant cumulé des transferts d’argent effectués par les Camerounais de la diaspora vers leur pays d’origine entre 2005 et 2019 s’élève à 5 940 milliards de Fcfa. Certes nous sommes encore loin des chiffres records enregistrés dans des pays comme le Mali, le Ghana ou le Sénégal, mais certains experts et observateurs de la scène économique nationale ne sont pas loin de penser que les fonds issus de ces transactions peuvent valablement concurrencer ceux de l’aide au développement… En l’état actuel, des sources concordantes situent la participation de la diaspora au PIB de l’année 2019 à 1%.

Des données qui au cours des deux dernières décennies ont connu année après année, une tendance à la hausse, au gré de l’évolution démographique de cette population déplacée. Sans tenir compte de ceux en situation irrégulière, des bénéficiaires d’une double nationalité ou des compatriotes non recensés dans les ambassades et consulats du Cameroun dans leurs pays hôtes, le ministère des Relations extérieures estime à 5 207 000 le nombre des Camerounais de la diaspora. Une analyse prosaïque mais pertinente de ces données convainc certains observateurs que ce chiffre pourrait facilement être porté à 6,5 voire 7 millions d’âmes, si toutes ces catégories étaient prises en compte. Ce qui, sous le prisme des règles économiques de base, représenterait une sacrée force de production, donc tout naturellement une source non négligeable de revenus, mais aussi un appui substantiel à la vie sociale des familles d’origine et un atout pour l’investissement à l’échelle nationale.

Sur ces différents registres, les chiffres de 2018 font état de ce que les transferts de fonds venant de la diaspora cette année-là se sont élevés à 344,1 milliards de Fcfa, répartis comme suit : 65,89% pour la consommation courante (frais médicaux et de scolarisation des parents, paiement de loyers, achat de biens de consommation…) ; 14,53% dans des activités génératrices de revenus ; 12,71% en investissements dans l’immobilier ; 6,87% d’épargne… La lecture de cette grille de répartition exaspère un fait toujours soupçonné mais mal apprécié des Camerounais : l’argent que nos cousins « mbenguistes » nous envoient finit pour l’essentiel dans nos ventres… Très peu productif pour efficacement lutter contre la pauvreté.

C’est peut-être pour redresser cette situation que certaines dispositions gouvernementales, à l’instar de la création de l’Agence de promotion des investissements ou des guichets de facilitation des procédures ont été engagées. De même, selon des indiscrétions de sources bien informées, les propositions de la commission de la diaspora lors du grand dialogue national de 2019, dont celle relative à la création de l’Agence camerounaise de développement et d’investissement de la diaspora, qui avaient trouvé l’assentiment du président de la République, devraient bientôt aboutir. Une piste supplémentaire pour assurer un retour victorieux de ces enfants prodiges et utilement prodigues, au pays natal. En réalité, un juste retour d’ascenseur pour les familles et l’Etat, qui ont souvent consenti d’énormes sacrifices pour l’émergence de cette nouvelle élite du développement.

Bertrand Abegoumegne

Rédaction
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