(BFI) – La France et l’Europe vont devoir aider l’Afrique à lutter contre le coronavirus en « annulant massivement sa dette », a déclaré lundi le président de la République Emmanuel Macron. Qu’est-ce que cela signifie ? Éléments de réponses.
Au-delà d’une « refondation » européenne, « nous devons aussi savoir aider nos voisins d’Afrique à lutter contre le virus plus efficacement, les aider aussi sur le plan économique en annulant massivement leur dette » a déclaré Eammanuel Macron depuis l’Élysée, lundi 13 avril.
Le continent africain, touché tardivement par le Covid-19, comptabilisait 15 249 cas et 816 décès, selon un décompte quotidien du Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. L’Afrique du Sud et l’Égypte sont les deux pays les plus touchés avec plus de 2 000 cas. La pandémie est aussi très présente en Algérie et au Maroc, qui comptent plus de 1 000 cas chacun.
L’annonce d’Emmanuel Macron a été saluée dans la foulée par le président sénégalais Macky Sall, qui avait appelé la semaine précédente à « une stratégie d’annulation de la dette des pays africains ».
La dette envers la Chine s’élève à 145 mlliards de dollars
Mais il n’était pas le seul dirigeant à appeler à un moratoire, à un allègement ou à une annulation de leur dette estimée à 365 milliards de dollars. En mars, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a demandé au G20 de soutenir un plan d’aide financière d’urgence d’une valeur de 150 milliards de dollars. En avril, le pape François a également plaidé pour l’annulation de la dette des pays les plus pauvres lors de sa bénédiction pascale.
Dans Jeune Afrique, des politiques et économistes africains ont publié une tribune en ce sens, rappelant que le Covid-19 se heurte « à plus de difficultés en Afrique que dans bien d’autres parties du monde« . Ils listent notamment l’accès aux soins médicaux de qualité ou encore l’accès à l’eau. « Un tiers des Africains ne peut pas se laver les mains régulièrement« , ont-ils rappelé.
Selon eux, un premier soutien financier de 100 milliards de dollars permettrait de compenser la chute rapide des recettes publiques dues à l’effondrement du prix des matières premières, des échanges commerciaux et des flux touristiques, conséquence directe de la pandémie. « À plus longue échéance, les besoins en financement du continent pourraient atteindre 200 milliards de dollars« , précisent-ils. Les estimations prédisent que 20 millions d’emplois vont être mis en danger par la pandémie.
La France obtient un moratoire, mais pas d’annulation
Si Emmanuel Macron souhaite que la France et l’Europe annulent les dettes de l’Afrique, qu’en est-il de celles d’autres pays que le continent a contracté ? La France a déjà obtenu de ses partenaires du G7 un moratoire du service de la dette des pays les plus pauvres en 2020. Mais pas d’annulation de leurs créances, avait indiqué le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire.
La France a « obtenu le moratoire au niveau des créanciers bilatéraux (12 milliards) et des créanciers privés (8 milliards), soit un total de 20 milliards de dollars« , a déclaré Bruno Le Maire lors d’une conférence téléphonique. « Nous avons obtenu cela dans le cadre du Club de Paris et dans le cadre du G20 puisque la Chine a soutenu notre approche« , a-t-il précisé.
Le soutien de la Chine est un enjeu de taille. Sur le montant total de l’ardoise de l’Afrique, environ 145 milliards de dollars lui sont dus, dont 8 milliards payables cette année.
Aide d’urgence du FMI
Le FMI a quant à lui annoncé le versement d’une aide d’urgence à 25 pays parmi les plus pauvres du monde pour leur permettre d’alléger leur dette et de mieux faire face à l’impact de la pandémie de Covid-19. La mesure annoncée par l’institution, après le discours d’Emmanuel Macron, permettra de couvrir pour six mois les remboursements de la dette envers le FMI et « d’allouer une plus grande partie de leurs maigres ressources à leurs efforts en matière d’urgence médicale et d’aide« , souligne le communiqué.
Parmi les pays concernés figurent le Bénin, le Burkina Faso, la Centrafrique, le Tchad, la République démocratique du Congo, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, Madagascar, le Malawi, le Mali, le Mozambique, le Niger, le Rwanda, la Sierra Leone, le Togo et le Yemen. Un premier pas qui pourrait être suivi d’autres annonces.