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Associer l’innovation et l’ambition pour soutenir l’entrepreneuriat en Afrique

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(BFI) – Le défi représenté par l’explosion démographique est un motif de préoccupation, tant pour le continent africain que pour ses voisins. Aussi difficile que soit la situation actuelle, elle est appelée à s’aggraver avec l’arrivée d’un nombre croissant de demandeurs d’emploi sur un marché qui manque déjà d’opportunités d’emploi. Selon les estimations des Nations unies, d’ici 2030, 30 millions de jeunes arriveront chaque année sur le marché du travail, ce qui risque de peser davantage sur des économies africaines déjà sous pression. Cette situation est considérée comme un facteur de responsabilité majeur pour les pays du continent.

Parmi les nombreuses contraintes auxquelles sont confrontées les entreprises formelles, l’accès au financement arrive systématiquement en tête. D’après les études de l’OCDE et du PNUD, près de 20 % des entreprises africaines formelles citent l’accès au financement comme une contrainte à leur activité. Les entreprises africaines ont 19 % de chances en moins d’obtenir un prêt bancaire, par rapport aux autres régions du monde. Sur le continent, les petites entreprises ont 30 % moins de chances d’obtenir un prêt bancaire que les grandes et les moyennes entreprises 13 % moins de chances. Pour combler ce fossé, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a lancé en 2019 l’initiative « 1 million d’ici 2021 » visant à offrir des opportunités concrètes à 1 million de jeunes, dans les domaines clés de l’emploi, de l’entrepreneuriat, de l’éducation et de l’engagement social (4E). Les acteurs publics et privés du marché doivent plus que jamais renforcer les canaux de crédit existants et développer de nouveaux mécanismes de financement. Cette initiative est désormais pérennisée par AUDA NEPAD à travers une démarche de développement des MPMEs visant à soutenir un million et demi d’entre elles chaque année.

Dans le cadre du développement des MPMEs en Afrique, les discussions se focalisent sur les défis à relever ; mais pour que ces paroles se transforment en action, il est nécessaire d’aborder de manière holistique les circonstances particulières des jeunes entrepreneurs. Ce n’est que lorsque l’écosystème sera favorable à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes que les MPME pourront prospérer et contribuer au développement socio-économique. L’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD), aux côtés du groupe Ecobank, s’est attaquée à la lutte contre le chômage par une action décisive avec le programme «100 000 MPMEs» qui vise à appuyer et renforcer l’initiative du président de la CUA. Ce soutien passera notamment par la création d’une plateforme centralisée qui abordera les enjeux et les besoins des entreprises pendant et après la crise du Covid-19. Les entrepreneurs africains, des jeunes et des femmes, seront soutenus via trois leviers : le renforcement des capacités, en vue de réduire les risques de gestion de contribuer à la formalisation des MPMEs – en particulier les compétences commerciales et entrepreneuriales, les compétences non techniques pour les entreprises formelles, et d’autres compétences essentielles, notamment le besoin des femmes entrepreneures de surmonter les barrières socioculturelles et les normes de genre ; la création de systèmes et de fonds de garantie régionaux à destination des MPMEs dirigées par des jeunes et des femmes ; la mise en place d’un système de limitation des risques sous forme de micro-assurance, pour la protection de la santé et de l’entreprise.

Le coût du crédit en Afrique reste peu compétitif, ce qui a pour effet de bloquer l’accès aux prêts des MPME et startups créées par des jeunes et des femmes. Et si elles parviennent à emprunter, c’est au travers de prêts non productifs. L’Afrique subsaharienne a le taux de prêts non productifs le plus élevé des marchés émergents. Il existe une réelle asymétrie de l’information concernant la création d’entreprises, les garanties, ou d’autres données générales, qui restent inaccessibles, en particulier pour les MPMEs en zones rurales ayant un accès limité à internet et aux centres d’information. Ces défis sont aggravés par des problèmes d’offre et de demande. Concernant l’offre, les banques sont soumises à un cadre de plus en plus strict de réglementation et de prêt, en particulier pour le financement des nouvelles entreprises. Quant à la demande des MPMEs, elle reste faible en raison de leur difficulté à élaborer des business plans susceptibles d’être financés, et par manque de garanties pour obtenir les prêts. L’AUDA-NEPAD s’associe aux efforts en cours pour éradiquer le problème du chômage grâce à son approche intégrée du développement.

En définitive, des solutions existent pour combler le déficit de financement auquel sont confrontées les MPMEs africaines. Si les pays africains sont évidemment divers, trois grands axes se dessinent : élaborer des réglementations et des politiques suffisamment souples pour encourager les MPMEs à davantage de formalisation, étape importante dans le processus de réduction des risques; ceci pour permettre aux entrepreneurs d’innover, multiplier les solutions financières accessibles aux groupes les plus vulnérables, et assurer la stabilité macroéconomique en évitant les distorsions du marché et les prises de risques excessives. Afin d’augmenter les sources de financement disponibles pour les MPME, il faudra continuer en parallèle les efforts visant à créer un environnement moins risqué, et à encourager les MPMEs à construire leurs capacités tout en se formalisant davantage ; pour cela, une coopération élargie entre les États, les partenaires du développement et le secteur privé restera vitale. Ces jeunes et les femmes entrepreneures auront donc le potentiel d’avoir un impact socio-économique à grande échelle qui peut rapprocher considérablement l’Afrique de ses objectifs de transformation structurelle de son modèle de gouvernance politique et économique, seule solution pour créer des emplois et réduire la pauvreté.

Par Amine Idriss Adoum, directeur de l’exécution et de la coordination des programmes de l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD).

Rédaction
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