(BFI) – Grâce à une nouvelle production record de 328 453 tonnes au cours de la campagne cotonnière 2019-2020, théoriquement achevée à la fin du mois de mai 2020, la Société de développement du coton (Sodecoton) a pu produire 138 516 tonnes de fibre après égrenage.
De sources officielles, seulement 1 366 tonnes de fibres, soit un peu plus d’1% de la production totale, sont destinées à la vente locale, notamment à la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), unique entreprise du textile dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale).
Au total, 130 323 tonnes de fibres, représentant près de 99% de la production locale, devraient être exportées, en dépit des difficultés d’embarquement enregistrées au port de Douala, du fait des contraintes liées à la pandémie du coronavirus.
Cette faiblesse des volumes de fibres achetés localement par la Cicam, au cours de la dernière campagne cotonnière (des fois, Cicam consomme 5% de la fibre produite localement, NDLR), est consécutive non seulement aux difficultés financières auxquelles fait face cette unité industrielle publique, mais aussi aux ravages de la pandémie du Covid-19 et de la concurrence farouche des textiles importés.
Covid-19
En effet, malgré quelques nouveaux équipements réceptionnés en début d’année 2020, la Cicam a rencontré des difficultés de financement des investissements au cours de l’année courante, selon le rapport sur les perspectives économiques du Cameroun en 2020, produit par le ministère de l’Économie. Fort de cette contrainte, révèle la même source, l’entreprise n’a pu utiliser que 49% de ses capacités.
Cette sous-utilisation des capacités de la Cicam tient également de la crise sanitaire mondiale, qui a provoqué « l’annulation des commandes des écrus bloqués en Chine », du fait du confinement dans le monde, indique le rapport du ministère de l’Économie. Toujours du fait de la crise sanitaire du Covid-19, la célébration de la fête du Travail au Cameroun, le 1er mai, a été annulée, induisant d’importantes pertes sur le chiffre d’affaires de la Cicam. Idem pour les autres fêtes et cérémonies populaires (les mesures barrières du gouvernement ont proscrit tout regroupement de plus de 50 personnes), devenues de grands moments de consommation du pagne et autres produits textiles au Cameroun.
Mais, au-delà de ces contraintes conjoncturelles, la Cicam a également souffert de certaines réalités structurelles cette année.En effet, fleuron de l’industrie du textile au Cameroun et en Afrique centrale au départ, la Cicam a progressivement piqué du nez, au point de ne contrôler qu’à peine 5% du marché local du textile de nos jours. La faute aux tissus importés de la Chine (88% du marché selon les officiels) et des pays de l’Afrique de l’Ouest (6%), qui inondent le marché camerounais, avec des prix très hautement compétitifs.