(BFI) – Le Franc CFA utilisé au sein de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) figure sur la liste des potentielles victimes de l’épidémie de covid-19 qui sévit actuellement dans le monde. Cette possibilité déjà évoquée par la Banque centrale de cette sous-région (BEAC), est aussi partagée par l’agence de notation Fitch Ratings.
Dans son rapport de politique monétaire de fin mars 2020, la BEAC estimait déjà qu’une propagation rapide et de grande ampleur de la crise du covid-19 entraînerait notamment sur le plan monétaire une baisse des réserves de change, avec comme conséquence un taux de couverture extérieur de la monnaie qui chuterait à 52,7% contre le niveau durement retrouvé de 71,6% à la fin du mois de décembre 2019. « Une telle évolution se traduirait par une réelle menace pour la stabilité extérieure de la monnaie, soulignant ainsi le fait qu’en l’absence d’ajustement budgétaire et de mobilisation conséquents des financements extérieurs, la BEAC serait de nouveau soumise aux mêmes risques sur la parité de sa monnaie qu’en fin 2016 », a fait savoir l’institution d’émission monétaire.
Fitch Ratings s’inscrit dans la même logique dans une note d’analyse indiquant que la baisse des prix du pétrole exerce une forte pression sur la parité fixe du CFA de la zone CEMAC à l’Euro. «Si la solvabilité extérieure des pays de la CEMAC continue de se détériorer en raison d’un environnement extérieur toujours plus faible ou d’un manque de financement extérieur, nous pensons que la France est peu susceptible de fournir des euros au taux de parité fixe indéfiniment… Une dévaluation de la monnaie locale augmenterait les recettes fiscales pétrolières en termes de CFA », explique l’agence de notation.
Normalement, un appui de la France comme le prévoit la garantie illimitée de la monnaie inscrite dans les accords monétaires avec la CEMAC résoudrait le problème. Cependant, malgré ses déclarations favorables à l’Afrique, le président Macron qui est fortement critiqué par une part importante de son opinion publique pourrait gérer une nouvelle controverse, si des ressources publiques françaises sont mises au profit de pays étrangers, en ces temps de crises sanitaire et économique d’ampleur inégalée.
Pour l’instant, la question de la dévaluation ne se pose pas encore. Fin février 2020, les réserves de change de la CEMAC s’étaient consolidées atteignant 8,5 milliards $ représentant 3,5 mois d’importation. Le Cameroun qui est la locomotive économique de la sous-région continue de bien résister. Le coût sanitaire du covid-19 y demeure maitrisé (8,8 milliards FCFA au 20 avril 2020) dans le cadre des dépenses qui ont réglé des problèmes actuels, mais aussi permis des anticipations. Le pays a aussi opté pour un confinement partiel, n’imposant de fermeture totale qu’à partir de 18 heures. Les voyages sont quant à eux réduits.
La sous-région peut aussi compter sur les appuis des partenaires internationaux en cas de besoin et les programmes économiques qui arrivent à échéance cette année pourront renforcer les ressources en devises.