(BFI) – La 44ème assemblée générale de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines (FANAF) se tient du 16 au 21 février 2020 au Gabon. Au cœur des échanges, la donnée numérique au service de l’innovation et le duel entre le camerounais Théophile Moulong et le gabonais César Ekomié-Aféné pour l’occupation de la présidence.
Le digital comme opportunité d’expansion du secteur de l’assurance en Afrique est une chose désormais acquise. La région compte près de 600 millions de personnes connectées à un téléphone portable et l’enclavement de plusieurs zones rend encore impossible l’implantation de services physiques des assureurs sur le continent, mais cette opportunité comporte aussi le risque corrélé de la gestion des données.
Au-delà des aspects personnels, la question des données en matière d’assurance est au cœur même des processus de digitalisation. Pour les assureurs, le fait d’interagir de manière virtuelle avec les potentiels assurés augmente le risque d’une asymétrie de l’information et donc d’une accumulation de stock d’informations erronées. La même problématique revient en matière de gestion du contrat d’assurance, car les données de départ peuvent changer et il y a désormais un besoin de trouver le moyen de les réactualiser pour évaluer le juste prix en matière de couverture de risque.
Plusieurs sociétés d’assurance se sont lancées dans le digital en Afrique, mais les objectifs semblent davantage dans l’inclusion des services d’assurance et l’augmentation du nombre des assurés. La gestion des données et des connaissances qui y sont corrélées est devenue un nouveau métier de l’assurance qui va au-delà de l’actuariat.
Pour plusieurs assurés, cette question des données peut rapidement devenir un problème. Ils se retrouvent parfois face à des informations qui ne leur avaient pas été transmises normalement ou de façon compréhensible. De même, il est souvent arrivé que bien qu’assurées, des institutions partenaires des assureurs refusent d’exécuter la prestation au motif que des paiements n’ont pas été effectués par le passé ; une situation récurrente notamment en matière d’assurance maladie.
Rappelons que l’adoption de la digitalisation par les assureurs de la zone FANAF a coïncidé avec des chiffres mitigés en matière d’augmentation des primes émises qui étaient en hausse de 19,45% en 2017, un record depuis 2010 que les informations sont disponibles. En 2018, la hausse des primes a été très modérée, à seulement +0,15%.
Vers une nouvelle gestion de l’institution
Ces assises seront également un moment propice pour les acteurs à divers niveaux des services d’assurance de faire le bilan de leurs interventions à divers niveaux, la mise en œuvre des conclusions issues de la 43è assemblée générale avec la présentation du bilan du bureau sortant. Ils procèderont ensuite à la désignation d’un nouveau responsable à la tête de l’institution jusqu’à la prochaine assemblée générale et élective.
A propos, deux candidats sont en lice à savoir, Théophile Moulong du Cameroun et César Ekomié-Aféné du Gabon ; un duel inédit donc pour pourvoir à la présidente de l’organisation. Dans une interview accordée à la rédaction de Financial Afrik, les deux candidats ont fait part de leurs ambitions pour l’organisation et espèrent pouvoir convaincre chacun ses pairs de ce qu’il gagne à lui faire confiance.
«Ma motivation vient donc de cette envie de servir les intérêts de notre profession, voilà pourquoi dans mon message de fin d’année adressé à mes collègues, je précise être à l’écoute de chacun et de tous afin que nous bâtissions la FANAF de la prochaine décade» a expliqué pour sa part Théophile Moulong contre César Ekomié-Aféné qui entend «accompagner le secteur pour relever le taux de pénétration du marché. Ce ratio est actuellement de l’ordre de 1% en moyenne en zone CIMA contre moins de 3% en Afrique, ce qui donne une idée des efforts à déployer pour démocratiser l’assurance».
Il s’agit là d’un bref aperçu du projet de chacun des deux candidats pour la fédération, projet qu’ils entendent chacun en ce qui le concerne mettre rigoureusement en œuvre, s’il venait à être élu.
André Noir