(BFI) – Un an après l’ouverture de son premier bureau en RDC, le groupe Visa a fait bien du chemin comme en témoigne Sophie KAFUTI, Directeur Général VISA dans le pays, dans cet entretien exclusif.
Un peu plus d’un an que Visa a ouvert un bureau en RDC, quel est le bilan de vos activités à ce jour ?
Nous sommes heureux d’avoir achevé un peu plus d’une année depuis l’ouverture du bureau en République Démocratique du Congo, cette étape importante marque la pose de plusieurs jalons importants à travers nos réalisations, notre croissance et notre dévouement envers nos objectifs qui sont en autre une inclusion financière durable ainsi que la mise en place d’un écosystème de paiements digitaux pour une réduction drastique de la circulation du cash. Au cours de cette première année, nous avons franchi plusieurs étapes et obtenu des réalisations remarquables dont une pénétration accrue du nombre de cartes Visa sur le marché, des modules d’éducation financière atteignant les populations les plus reculées grâce à certains partenariats ainsi qu’une augmentation des points d’acceptation. Nous avons constamment dépassé les attentes, tant en termes de qualité que de livrables. Nous avons atteint avec succès plusieurs objectifs, respecté nos délais et maintenu un niveau élevé de satisfaction de nos clients (Gouvernement, Fintech, Banque) tout en soutenant les Petites et Moyennes Entreprises. Nous sommes fiers d’avoir posé avec succès les bases nécessaires pour l’exécution de notre stratégie de digitalisation à travers divers projets tant avec des partenaires Gouvernementaux que Privés.
Quelle est la politique d’inclusion financière de Visa en RDC et quel est son impact ?
La politique d’inclusion financière de Visa en RDC est d’accompagner tous les acteurs de l’Ecosystème congolais avec notre expertise et notre technologie afin d’accroître le taux de l’inclusion financière par la mise à disposition notamment des outils de paiement digitaux. Cette stratégie est porteuse de fruits car nous sommes convaincus que l’éducation financière est un des ingrédients majeurs pour une inclusion financière durable.
En 2022, nous avons lancé un programme « Je suis Cap » avec la fondation Vodacom et le Ministère en charge des personnes vivants avec handicap afin de favoriser l’inclusion financière des femmes en situation d’handicap, un partenariat de trois ans avec le Fonds de Promotion de l’Inclusion Financière FPM a été signé dans le cadre d’un programme d’éducation financière destiné aux coopératives, aux opérateurs de mobile money et aux établissements d’enseignement et d’apprentissage. Prônant aussi l’éducation financière digitale pour un plus grand accès aux populations, Visa, en partenariat avec Viamo, a lancé des modules d’éducation financière sur téléphone mobile accessible par plus de 3 millions d’utilisateurs à travers le parcours USSD *42502. Ces investissements nous permettent d’accompagner la Feuille de route pour l’inclusion financière du Gouvernement, qui énonce les priorités nationales pour l’amélioration de l’inclusion financière, soulignant que des systèmes de paiement efficaces sont essentiels pour la croissance économique de la population du pays et le succès des aspirations d’inclusion financière du pays.
Secundo, en fournissant des produits innovants à l’écosystème de la RDC tels que notre plateforme internationale de paiement Cybersource, améliorant la gestion des paiements de nos clients, avec notre solution Visa Direct, nous offrons des solutions de pointe pour la prochaine génération de mouvements d’argent permettant à nos clients les acquéreurs, les banques, les opérateurs de téléphonie mobile, les fintechs et autres partenaires d’offrir à leurs clients une connexion à des milliards de bénéficiaires (portefeuille électronique, compte bancaire, carte à carte) aussi, Visa à travers son accompagnement permettant aujourd’hui aux populations exclues du système financier traditionnel d’avoir accès aux outils financiers digitaux qui sont faciles d’accès et répondant à leurs besoins respectifs..
Quelles sont les opportunités pour les paiements électroniques dans le contexte congolais ?
La RDC est un pays de 100 millions d’habitants avec une économie dollarisée et un taux de circulation de l’argent liquide atteignant les 90%, le potentiel des paiements digitaux reste un de nos principaux défis mais aussi une des opportunités majeures. Les paiements électroniques permettant de révolutionner l’écosystème financier du pays. Les paiements digitaux pourront amener les services financiers pour les personnes non bancarisées ou sous bancarisées car les services financiers traditionnels sont pour la plupart inaccessible du fait de leur coût et/ou par manque d’infrastructure. L’utilisation du cash reste un poids coûteux pour les Gouvernements à travers le monde, le manque de traçabilité comporte beaucoup d’inconvénient pour notre économie. Visa s’efforce premièrement à comprendre les enjeux ainsi que les défis spécifiques de l’économie congolaise tels que soulignés plus haut ainsi qu’un taux faible de pénétration de l’internet et des infrastructures défaillantes.
Au regard de ces défis, Visa s’efforce de fournir des produits et des solutions de paiement électronique innovantes afin d’apporter son expertise de sécurité, fiabilité et d’efficacité. Parmi les initiatives que nous soutenons et développons, nous pouvons citer des formations en faveur du Régulateur et des acteurs dans le domaine de paiement, l’investissement dans des partenariats stratégiques avec les institutions financières ainsi que les opérateurs de télécommunication afin de renforcer la solidité d’un écosystème durable de paiement, l’investissement dans des startups/fintechs pour stimuler l’innovation en matière de paiements digitaux, la collaboration accrue avec le Gouvernement et les entreprises principalement les petites et moyennes entreprises pour encourager l’utilisation de cartes de paiement électronique et de paiement mobile dans les transactions commerciales qui répondent au besoin des populations bancarisées ou non. Ainsi de permettre aux PMEs, à travers la traçabilité des paiements digitaux d’accéder à des financements et aux institutions financières/opérateurs mobiles d’obtenir des solutions de scoring.
Nous soutenons donc les initiatives du Gouvernement Congolais visant à placer la population au centre des projets d’amélioration de leur quotidien. Ainsi nous apportons notre expertise aux projets tel que la couverture santé universelle avec le Ministère de la Santé à travers la mise en place d’une carte d’identification dotée d’une puce de paiement. Nous sommes en pourparlers avec des institutions d’aide au développement ainsi que nos partenaires institutions financières afin d’étendre notre expertise dans le domaine de l’identité nationale, le transport en commun, l’agriculture, le tourisme pour ne citer que ceux-ci.
Le boom du e-commerce a également décuplé l’ingéniosité des cyber-arnaqueurs. Comment Visa aborde la question de la cybersécurité ?
Le boom du e-commerce, dont l’essor a été considérablement accéléré par la pandémie COVID, reste la cible la plus intéressante pour les cybercriminels. Leurs attaques mettent donc en lumière la nécessité de contrôles de sécurité rigoureux sur les sites Web des commerçants et les pages de paiement, afin de s’assurer que le code externe n’est pas activé dans les environnements sensibles des titulaires de cartes. Visa a donc drastiquement augmenté ses efforts pour atténuer la fraude.
Au cours des cinq dernières années, Visa a investi plus de 9 milliards de dollars dans la sécurité du réseau dont un demi-milliard consacré à l’Intelligence Artificielle et à l’infrastructure de données, en employant plus d’un millier de spécialistes dévoués qui protègent le réseau de Visa contre les logiciels malveillants, les attaques et les menaces diverses. Visa investit dans la sécurisation de l’écosystème numérique car la numérisation rapide offre des opportunités, mais elle entraîne également des menaces qui font dérailler les grands progrès réalisés. Le partenariat et la collaboration restent essentiels pour libérer les opportunités significatives de l’économie numérique de la RDC et nous continuerons à collaborer avec les institutions publiques et privées pour accélérer la dynamique actuelle.
Comment voyez-vous l’évolution des paiements électroniques dans les cinq prochaines années en RDC ?
Notre ambition est de munir toute la population adulte estimée à plus de 40 millions avec des solutions de paiement physique ou virtuel adaptés à leurs besoins journaliers, de fournir des paiements digitaux à tous les commerçants incluant les taxis, moto taxis, petits commerces environnant 16 millions à travers le pays nous permettant de réduire la circulation de la monnaie. Le paiement digital continuera de croitre et aujourd’hui tous les indicateurs parient sur des économies émergentes comme la RDC où l’accès au smartphone et internet continue de croitre.
Nous envisageons donc un impact positif sur l’inclusion financière en donnant l’opportunité aux différents couches de la population d’avoir accès aux services financiers digitaux à moindre coût ; l’apport du Gouvernement dans ce processus de digitalisation étant de plus en plus effectif à travers des lois et instructions votées afin de faire du paiement digital l’un des piliers de l’accroissement de l’économie de la République Démocratique du Congo.