(BFI) – Le G7 a mis sur les rails dimanche 26 juin un vaste programme d’investissements à destination des pays en développement. À l’initiative des États-Unis, ce programme de 600 milliards de dollars veut répondre aux immenses chantiers financés par la Chine dans ses « Nouvelles routes de la soie », avec l’Afrique sub-saharienne comme une « priorité majeure », selon un haut responsable américain.
« Avec les partenaires du G7, nous visons à mobiliser 600 milliards de dollars d’ici 2027 pour des investissements mondiaux dans les infrastructures », a déclaré la Maison Blanche peu avant un discours du président américain Joe Biden dévoilant cette proposition lors du sommet des sept pays industrialisés dans le sud de l’Allemagne.
Le président américain a assuré que ce programme était basé sur des « valeurs partagées » telles que la « transparence », mais aussi le respect des droits des travailleurs, de l’environnement, de l’égalité de genre. « Nous proposons de meilleures options », a-t-il dit, sur fond de sommets des Alpes bavaroises. Des investissements publics et privés en direction des pays en voie de développement – sur le modèle cité par Joe Biden de l’usine de vaccination financée au Sénégal, rapporte notre envoyé spécial en Bavière, Daniel Vallot.
Ni le président américain ni les autres dirigeants n’ont prononcé le nom de la Chine, mais ils y ont fait des allusions évidentes, puisqu’au yeux du président américain c’est bien de cela qu’il s’agit : rivaliser avec les « Nouvelles Routes de la Soie » et les projets d’investissements financés depuis des années par Pékin.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a ainsi estimé que les pays partenaires des Occidentaux « avaient le choix » – faisant alors allusion au choix d’aller vers la démocratie plutôt que vers Pékin – pour développer leurs réseaux électriques ou leurs infrastructures médicales.
Aujourd’hui, le monde a plus que jamais besoin de ces investissements et c’est là tout l’enjeu du Partenariat mondial pour les infrastructures. Que devons-nous faire ? Nous devons travailler côte à côte et montrer la puissance des investissements de développement lorsqu’ils reflètent les valeurs démocratiques et lorsqu’ils adoptent les normes les plus exigeantes pour l’environnement et les travailleurs.
Les Occidentaux souhaitent se démarquer de la Chine, qui a investi massivement dans nombre de pays en développement pour construire des infrastructures au travers du programme dit des « Nouvelles routes de la soie », ou pour s’assurer un accès à certaines matières premières.
Mais Pékin est accusé de mener ses au travers des prêts peu avantageux, opaques, voire ouvertement périlleux, qui aggraveraient les problèmes d’endettement de pays déjà vulnérables. D’où la « transparence » promise au contraire par les pays du G7.
Les États-Unis veulent récolter 200 milliards de dollars
Le « Partenariat mondial pour les infrastructures » (Partnership for Global Infrastructure) doit, selon la même source, « fournir des infrastructures de qualité et soutenables ». Le G7 « s’est donné pour ambition de faire au monde une meilleure offre en matière d’investissement dans les infrastructures », a souligné le chancelier allemand Olaf Scholz, présentant le projet aux côtés du président américain.
Les États-Unis, à eux seuls, promettent de « mobiliser » quelque « 200 milliards de dollars » sur cinq ans pour ce programme. Mais « mobiliser » ne veut pas dire que les États vont eux-mêmes apporter ces sommes énormes : Washington ainsi arrive au total de 200 milliards de dollars en combinant des prêts, des financements publics – en partie déjà existants – et des financements privés encouragés par l’exécutif américain.
Washington espère ainsi inverser la tendance face à la Chine. L’offensive chinoise « existe depuis des années et s’est traduite par de nombreux versements en liquide et de nombreux investissements », a dit dimanche un haut responsable de la Maison Blanche, « mais ce n’est vraiment pas trop tard » pour l’initiative du G7, a-t-il assuré.
« Beaucoup de pays qui ont reçu des fonds ou des investissements du programme BRI (acronyme de la dénomination en anglais Belt and Road Initiative – NDLR) réalisent désormais, des années plus tard, qu’ils plus endettés, que leur PIB n’a pas progressé de manière significative, que les soi-disant investissements n’ont pas atteint leurs populations », a estimé la même source, qui n’a pas souhaité être nommée.
« L’Afrique sub-saharienne sera clairement une priorité majeure » du partenariat lancé par le G7, a encore dit ce haut responsable de l’exécutif américain. Cela en assurant que l’Amérique centrale, l’Asie du Sud-Est, ou l’Asie centrale étaient aussi des régions « extrêmement importantes ».