(BFI) – Entre mars 2020 et mars 2021, le Cameroun, le Congo et le Gabon ont levé une enveloppe globale de 1327,7 milliards de FCFA, par émissions d’obligations du Trésor assimilables (OTA) sur le marché des titres publics de la Beac. Dans son « rapport de politique monétaire » à fin juin 2021, l’institut d’émission des six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, RCA, Tchad et Guinée équatoriale) révèle que le champion de ces emprunts de moyen et long termes (maturité de 2 à 10 ans) est la République du Congo revèle Investir au Cameroun.
Dans le détail, ce pays a levé, au cours de la période sous revue, une enveloppe de 482,2 milliards de FCFA, soit plus de 12 milliards de FCFA que le Cameroun, dont les opérations ont permis au Trésor public d’engranger 470 milliards de FCFA. La République gabonaise, elle, se contente d’une enveloppe totale de 411 milliards de FCFA. « Par maturité, les émissions d’OTA sont dominées par les instruments à 2 ans (491,4 milliards) et à 3 ans (387,6 milliards), qui concentrent plus de la moitié (60,4 %) des montants levés en OTA sur la période sous revue », précise la banque centrale des pays de la Cemac.
Cette dynamique observée autour des émissions d’OTA sur le marché des titres de la Beac a été impulsée dès l’année 2019 par le Cameroun. Le pays avait alors décidé de se recentrer sur le marché des titres publics pour ses emprunts de moyen et long terme, au détriment de la bourse unifiée de l’Afrique centrale. Le mouvement a ensuite été suivi en 2020 par le Congo et le Gabon, puis un peu plus tard et plus timidement par la Guinée équatoriale et le Tchad.
Marché des titres contre marché financier
À l’origine de cette ruée des Trésor nationaux de la Cemac vers les émissions d’OTA à la Beac, en lieu et place des emprunts obligataires sur le marché financier sous-régional, se trouvent la flexibilité du marché des titres publics et surtout la célérité et les coûts des opérations. « Dans un délai maximal de 45 jours, toutes les actions incitatives, de sensibilisation, de communication et de souscription pourront être accomplies, contrairement à l’emprunt obligataire qui prend en moyenne 6 à 8 mois pour aboutir », explique une note interne du ministère camerounais des Finances. Ce document révèle également que les émissions d’OTA sur le marché des titres publics peuvent faire économiser jusqu’à 2% du montant des souscriptions, comparées aux appels publics à l’épargne réputés onéreux.
De plus, fait remarquer Samuel Tela, le directeur de la trésorerie à la direction générale du Trésor du ministère camerounais des Finances, « le marché monétaire est le marché traditionnel des Trésors publics et des banques, pour émettre des OTA, dont la durée moyenne du prêt est plus longue que les emprunts obligataires (sur le marché financier, NDLR). Les OTA offrent un délai de grâce plus long à l’État, dans la mesure où le principal n’est remboursé qu’au terme de sa maturité, contrairement aux emprunts obligataires dont le remboursement intervient généralement par quart, à partir de la 2e année ».
Au regard de ces avantages, le compartiment des obligations du marché des titres publics de la Beac a littéralement explosé, dès l’année 2020. Au point où, révèle la banque centrale dans son « bulletin trimestriel du marché des titres publics de la Cemac » au 2e trimestre 2020, « pour la première fois, depuis le lancement du marché en novembre 2011, les émissions des États ont été dominées au cours de ce trimestre par les titres longs, en l’occurrence les obligations du Trésor assimilables (OTA), qui représentent 53,6% du total des émissions ».