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Résilience et reprise : l’aviation en Afrique

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(BFI) – La capacité de l’industrie aéronautique africaine à se remettre de cette pandémie dépendra du niveau de collaboration de toutes les parties prenantes pour atténuer les effets de cette crise sans précédent. Un retour aux taux de fréquentation d’avant-Covid n’étant pas attendu avant 2024, la composition de la flotte aérienne et la polyvalence des avions seront mises à l’épreuve.

La Covid-19 a stoppé net l’industrie aéronautique et, comme partout ailleurs, l’impact social, financier et économique a été massif en Afrique. La suspension des vols a entraîné́ des pertes considérables pour les compagnies aériennes et les secteurs dépendants de l’aviation comme le tourisme et le commerce.

Il faut noter qu’avant cette pandémie, les perspectives du transport aérien en Afrique étaient extrêmement positives. Le Global Market Forecast (GMF) 2019 d’Airbus prévoyait que le trafic de passagers à destination et en provenance d’Afrique augmenterait de 5,4% par an au cours des vingt prochaines années. Cela rejoignait les prévisions de l’Association du transport aérien international (IATA), selon lesquelles l’Afrique serait le deuxième marché de l’aviation en termes de croissance d’ici à 2037, le nombre de passagers devant plus que doubler d’ici là (passant à 334 millions).

L’industrie aéronautique joue un rôle important pour le développement pérenne de l’Afrique, et les gouvernements de tout le continent tirent parti de la capacité de l’industrie à faire bouger les lignes économiques. En effet, non seulement l’aviation permet aux gens de voyager, mais elle favorise également l’intégration régionale, crée des emplois et renforce les échanges commerciaux intérieurs, intra-africains et mondiaux. Selon l’Association du transport aérien international, l’industrie aéronautique soutient directement 6,2 millions d’emplois à travers l’Afrique et contribue à hauteur de 56 milliards de dollars au PIB du continent.

Ces dernières années, certains gouvernements, entités régionales et institutions financières ont mis un point d’honneur à investir dans l’industrie aéronautique locale, avec pour objectif le développement des activités aéronautiques à l’échelle de leur pays et du continent. Ces avancées incluent notamment la création d’un marché unique du transport aérien africain (MUTAA) porté par l’Union africaine, ainsi que la modernisation des flottes des compagnies aériennes du continent.

Aujourd’hui, des transporteurs tels qu’Ethiopian Airlines, Air Sénégal, EgyptAir, Air Mauritius, Uganda Airlines ou encore Air Tanzania ont choisi d’opérer des avions de dernière génération et à la pointe de la technologie, comme l’A350XWB, l’A330neo, l’A320neo et le dernier né de la gamme, l’A220.

En parallèle, le continent africain a également fait des progrès significatifs vers l’expansion et l’amélioration des infrastructures aéroportuaires et la gestion du trafic aérien. Ainsi, des pays comme le Maroc, le Niger, le Sénégal, l’Afrique du Sud, l’Ouganda et l’Éthiopie sont en train d’agrandir les aéroports existants ou d’en construire de nouveaux.

Surtout, c’est dans sa contribution à la fabrication aéronautique que l’Afrique a fait un bond en avant énorme ces dernières années et a su se positionner dans la chaine de valeur mondiale. En Afrique du Sud, au Maroc et en Tunisie, par exemple, plus de 35 entreprises sont impliquées dans la fabrication d’avions commerciaux Airbus, tant au niveau de la conception et l’ingénierie que de la production de pièces, notamment électroniques. Ces activités ont permis la création de centres d’apprentissage, le développement des connaissances et d’innovations, soutenant ainsi l’émergence d’un pool de talents aéronautiques hautement qualifiés sur le continent.

Actuellement, l’impact de la pandémie se ressent sur les compagnies aériennes à travers tout le continent. Avec un trafic réduit de plus de 70 % depuis un an, de nombreux transporteurs aériens sont en grande difficulté. En parallèle, la COVID-19 a également démontré à quel point l’aviation est un secteur vital. Au début de la pandémie, l’Ethiopie et les Nations unies ont ouvert un hub de transport au sein de l’aéroport d’Addis-Abeba fin d’acheminer du matériel médical et des travailleurs humanitaires pour lutter contre le coronavirus aux quatre coins du continent. Plus récemment, Air Sénégal a opéré un vol de 16 heures pour acheminer 300,000 doses de vaccin. Les compagnies aériennes ont fait preuve d’une remarquable résilience, continuant leurs opérations dans la mesure du possible et s’adaptant au contexte de crise. De plus, certains transporteurs tels que Air Côte d’Ivoire ou encore Uganda Airlines ont pris livraison d’avions précédemment commandés, déterminés à croitre et améliorer leurs opérations, et ce malgré la crise.

La capacité de l’industrie aéronautique africaine à se remettre de cette pandémie dépendra du niveau de collaboration de toutes les parties prenantes pour atténuer les effets de cette crise sans précédent. Le soutien des gouvernements et des institutions de financement et de développement sera essentiel, qu’il s’agisse d’un soutien financier direct, de garanties de prêts, d’allégements fiscaux ou encore, d’un assouplissement du cadre légal, ce qui a déjà été mis en place dans des pays tels que le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Rwanda et l’Ouganda.

Dans les mois à venir et les prochaines années, l’adaptabilité des compagnies aériennes sera cruciale. En effet, un retour aux taux de fréquentation d’avant-Covid n’étant pas attendu avant 2024, la composition de la flotte aérienne et la polyvalence des avions seront mises à l’épreuve. Plus que jamais, il s’agira de piloter le bon avion au bon moment, de disposer d’un business model flexible, tout en exploitant des avions économiquement efficaces. Le post-Covid exigera des stratégies de marché et de flotte adaptées.

L’aviation relie les gens, les pays et les cultures, génère des revenus et améliore les moyens de subsistance de millions de personnes. Lorsque les enjeux sont aussi importants et que les gains peuvent l’être encore plus, une industrie aéronautique prospère et durable en Afrique ne doit pas être considérée comme une option, mais plutôt comme un secteur vital, d’une valeur incommensurable.

 Mikail Houari, président Airbus Afrique et Moyen-Orient

Rédaction
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