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Quel protocole sanitaire pour rouvrir le ciel africain ?

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(BFI) – La concentration des vols sur un petit nombre de plateformes en Afrique peut faciliter la mise en œuvre d’un protocole sanitaire adapté, juge Jean-Marc Bourreau, directeur Aviation du cabinet canadien CPCS.

Si presque tous les pans de l’économie sont touchés par la crise du coronavirus, certains durement, celui du secteur aérien est exposé à la pire crise de sa jeune histoire. En Afrique, le trafic international de passagers a diminué de 95 % au second trimestre, ce qui correspond aux volumes de la fin des années 1950.

Face à la crise sanitaire d’une ampleur sans précédent, tant par sa distribution géographique que par la vitesse de propagation du virus SARS-CoV-2, la plupart des pays ont fermé leurs espaces aériens aux vols commerciaux.

Passées ces premières semaines de réponse à la crise, une évidence s’impose : la reprise économique passe par la réouverture du transport aérien commercial. Mais les semaines ont mis en lumière deux dures réalités : d’un côté, les voyageurs n’ont plus la confiance nécessaire pour voyager sans s’exposer – eux-mêmes et leurs familles – au Covid-19 ; et de l’autre, les Etats hésitent à rouvrir leurs frontières, car risquer de mettre leurs populations en présence de cas importés, aurait des conséquences sanitaires, sociales, économiques et politiques inacceptables.

Limiter le risque à un niveau « acceptable »

Alors quelles sont les conditions qui permettraient d’assurer la sécurité sanitaire des vols et donc de rouvrir les espaces aériens ? Examinons les pistes possibles.

La première serait la disponibilité de vaccins pour l’ensemble des voyageurs. La deuxième serait de rendre largement accessible les traitements prophylactiques ou curatifs effectifs. Aucune de ces deux pistes ne semble réaliste dans les mois – ou même années – qui viennent.

La troisième piste, préconisée par certains, serait une protection physique des voyageurs et des équipages. C’est la piste privilégiée dans certains pays pour les vols domestiques. Son inconvénient majeur est qu’elle ne permet pas de contrôler le voyage de personnes potentiellement porteuses du SARS-CoV-2 et donc de protéger efficacement les frontières sanitaires d’un pays.

La dernière piste serait la mise en place d’un protocole de tests, avant et pendant le voyage, limitant le risque de contamination pour les voyageurs et les équipages à un niveau acceptable, protégeant ainsi le pays de destination.

Une combinaison de tests virologiques et sérologiques

Se pose alors la question du comment ? Un tel protocole existe et a été développé par une équipe pluridisciplinaire, à laquelle l’auteur de ces lignes appartient, aux côtés d’un membre de l’Institut Pasteur (Simon Wain-Hobson), du DG et directeur scientifique de Genomic Vision (Aaron Bensimon), d’un dirigeant d’Airbus (Patrick Devaux) et d’un spécialiste en ingénierie de projet (Emmanuel Rutman).

Il est fondé sur une utilisation combinée de tests virologiques et sérologiques. Les tests virologiques, appelés communément test PCR, détectent la présence du virus à partir de la seconde semaine de contamination. Malgré leur précision, il existe un pourcentage de faux négatifs élevé (30-35 %). Par ailleurs la positivité virale diminue avec le temps.

Les tests sérologiques détectent, entre la troisième et la quatrième semaine, la présence d’anticorps qui indiquent que l’organisme lutte contre le virus (IgM) ou que le patient n’est plus contagieux (IgG).

Le protocole est construit autour d’un séquençage de tests qui se termine par la présentation d’un test sérologique négatif au moment de l’enregistrement à l’aéroport et qui permet de ne faire voyager que les personnes ne présentant pas de risques de diffuser le virus.

Un service sans restrictions

Bien que ce protocole impose certaines contraintes liées à une nécessaire planification du voyage plus stricte que par le passé, il permet une reprise des vols commerciaux, et donc du tourisme, dans des conditions comparables à celles du temps pré-Covid-19. En particulier, il permet d’offrir un service à bord sans restriction et sans limitation du nombre de sièges utilisables.

L’Afrique est une région particulièrement favorable à la mise en œuvre d’un tel protocole, car des volumes de trafic, mêmes restreints, ont un impact économique considérable. De plus, le transport aérien international y est concentré sur un petit nombre de plateformes aéroportuaires, ce qui rend la mise en œuvre du protocole sanitaire moins lourde à gérer. Cette situation permettrait au continent d’être le premier au monde à rouvrir son espace aérien et de s’engager sur la voie de la reprise économique, tout en maintenant une attitude responsable vis-à-vis des populations.

Par Jean-Marc Bourreau, Jean-Marc Bourreau est directeur Aviation du cabinet canadien CPCS

Rédaction
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