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Organisation mondiale du commerce : l’Afrique attend son heure

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(BFI) – Avec trois candidats en lice, l’Afrique affiche plus que jamais sa détermination à diriger l’instance onusienne du commerce international.

Trois candidats africains sur huit sont dans la course pour diriger l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’institution de Bretton Woods en proie à d’énormes défis en pleine crise économique mondiale. L’information est de taille, car c’est bien la première fois depuis la création de l’organisation en 1995, que le continent africain peut se targuer de peser autant dans un processus de désignation pour le poste d’une institution à portée mondiale. Il faut bien savoir que l’Afrique n’a jamais eu de représentant à la tête de l’OMC, et le continent espère avoir ses chances, même s’il n’existe pas de règle d’appartenance régionale.

En plus, la procédure de désignation du chef de l’OMC n’est pas une élection, mais un mécanisme consensuel qui fonctionne par élimination. Un vote est possible en tant que procédure de dernier recours, mais il n’a jamais été utilisé. Ainsi, en 1999, les pays n’avaient pas pu se mettre d’accord et avaient choisi deux directeurs en divisant le mandat en deux exercices, de trois ans chacun.

Qui pour succéder à Roberto Azevedo ?

Dans tous les cas, tous prétendent à la succession du Brésilien Roberto Azevedo qui a annoncé à la surprise générale mi-mai qu’il quitterait ses fonctions fin août, un an avant la fin de son mandat, pour « raisons familiales », obligeant les 164 membres de l’OMC à lui trouver un successeur en trois mois au lieu de neuf. Parmi eux figure un Mexicain, un Égyptien, une Nigériane, un Moldave, une Sud-Coréenne et une Kenyane, Amina Mohamed, ex-haut responsable onusienne et ex-ministre des Affaires étrangères de son pays qui a déposé son dossier au dernier moment dans la nuit du mardi au mercredi 8 juillet. À ses six premiers candidats déclarés, se sont ajoutées juste avant la limite requise deux autres personnalités : l’ancien ministre saoudien de l’Économie et de la Planification Mohammed Al-Tuwaijri s’est lancé dans la course, tout comme l’ancien ministre britannique du Commerce extérieur Liam Fox, soutenu par le Premier ministre britannique, Boris Johnson.

Du 15 au 17 juillet, les candidats seront entendus par le Conseil général de l’OMC, l’organe de décision suprême de l’organisation, qui rassemble tous les membres de l’OMC. Ils seront ensuite éliminés au fur et à mesure.En pleine recrudescence des tensions internationales entre les États-Unis et la Chine, l’entreprise s’annonce périlleuse cette année. « Si le processus de désignation du prochain directeur général est fortement politisé, cela pourrait avoir un effet bloquant », relève ainsi une source diplomatique citée par l’AFP. La multiplication des candidatures africaines pourrait aussi peser sur ses chances de prendre la tête de l’OMC le 1er septembre prochain.

Normalement, si tout s’était déroulé comme prévu, on ne devait avoir qu’un seul nom pour l’Afrique, mais l’Union africaine n’a pas réussi à faire consensus autour de trois noms qu’elle a donnés au départ. Entre-temps, on a assisté à une véritable valse des candidatures.

L’Afrique veut être à la manœuvre de l’OMC

L’UA s’est d’emblée placée elle-même au cœur du processus. En effet, l’institution panafricaine a décidé lors du sommet de Niamey, en juillet 2019 que le prochain directeur général de l’OMC serait africain. Il était ainsi convenu que les pays du continent devraient présenter leurs candidats à l’UA. Mais, entre-temps, elle a été prise de court par le départ précipité de Roberto Azevedo annoncé en mai dernier. Le Brésilien, sixième directeur général de l’OMC, a annoncé qu’il quitterait ses fonctions fin août, un an plus tôt que prévu, pour des raisons « familiales ». Cette annonce a obligé l’OMC à accélérer le processus de désignation de son successeur, les candidats ayant du 8 juin au 8 juillet pour déposer leur dossier.

C’est dans ce contexte que l’UA a présenté trois noms, parmi eux l’Égyptien Abdel Hamid Mamdouh, 67 ans, ancien haut fonctionnaire de l’OMC. « Dans le cadre de l’Union africaine, les pays africains ont décidé en juillet 2019 que le prochain directeur général de l’OMC devrait être un Africain. C’est un sentiment fort », avait analysé à l’AFP le Suisso-Égyptien, premier Africain à avoir déclaré sa candidature. « L’Afrique n’a jamais occupé ce poste auparavant et il est temps, car toutes les autres régions ont occupé ce poste », a déclaré cet ancien diplomate égyptien, installé en Suisse depuis 35 ans et qui travaille pour le cabinet d’avocats américain King & Spalding à Genève.

Une ligne que n’a pas suivie le Nigeria qui a par ailleurs présenté la candidature de Ngozi Okonjo-Iweala (66 ans), une décision qui fait l’objet d’un différend juridique avec l’Union africaine. Malgré ce différend, « la candidate du Nigeria gagne du terrain en Afrique », observe une source diplomatique.Mme Okonjo-Iweala, ancienne ministre des Finances et des Affaires étrangères et présidente de l’Alliance mondiale pour les vaccins et vaccinations (Gavi), assure aussi recevoir un « soutien énorme ». « Je suis sûre que l’Union africaine prendra une décision pour choisir et soutenir le candidat qui le mérite », a-t-elle déclaré aux médias à Genève au cours d’une visioconférence fin juin.

Cette ancienne directrice des opérations de la Banque mondiale, qui pilote depuis peu l’un des programmes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la lutte contre le Covid-19, n’entend d’ailleurs pas miser sur son origine ou sa condition de femme, bien qu’aucune n’ait jamais dirigé l’OMC. « J’espère que le directeur général de l’OMC sera élu avant tout en raison de son mérite. Et s’il s’agit ensuite d’une femme ou d’un Africain, c’est bien aussi », a-t-elle dit.

Mme Okonjo-Iweala fera face à deux autres femmes, la ministre du Commerce de Corée du Sud Yoo Myung-hee (53 ans) et la ministre des Sports du Kenya Amina Mohamed (58 ans), déjà candidate face à Azevedo en 2013.

En plein marasme économique mondial causé par la pandémie de Covid-19, plusieurs chantiers de taille attendent le futur patron de l’OMC : préparer la conférence ministérielle de 2021, donner un coup de fouet aux négociations qui piétinent, et surtout tenter de relancer le dialogue au plus bas avec les États-Unis. Washington a menacé de quitter l’OMC, qu’il qualifie de « gâchis », et paralyse depuis décembre le tribunal d’appel de l’organe de règlement des différends (ORD) de l’OMC.

Le Point Afrique

Rédaction
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