A ce stade, quelles leçons avez-vous tirées de la crise?
Elles se situent à plusieurs niveaux. Nous avons beaucoup travaillé sur les plans de continuité d’activité de nos filiales pour nous assurer que les services proposés aux clients ne seront pas impactés tout en prenant toutes les mesures de précaution sanitaire nécessaires pour nos salariés. Face à la croissance exponentielle de la consommation internet, nous avons par exemple procédé à des investissements ponctuels ou à des ajouts de capacité pour éviter toute congestion de l’accès à internet. Depuis le déconfinement dans de nombreuses économies, nous travaillons sur la nouvelle normalité. Le recours à des applications comme Orange et Moi a fortement augmenté durant la période de confinement. C’est un actif sur lequel nous comptons investir davantage. Nous étofferons l’offre de services digitaux à disposition de nos clients. Nous-mêmes avons fait évoluer nos modes de fonctionnement. La digitalisation de nos process internes s’est accélérée dans tous les pays. Par ailleurs, la crise nous a conforté dans notre stratégie «Engage 2025» qui consiste à être un opérateur responsable et, je pense que les actions que nous avons pu mener auprès des populations et des gouvernements dans nos pays de présence durant la crise Covid-19 montrent la pertinence de ce plan.
Où voyez-vous les relais de croissance dans la région?
La croissance d’Orange dans la région est tirée par son cœur de métier au travers de l’augmentation du trafic data, de l’internet mobile et fixe et du multiservices en particulier de l’inclusion financière grâce au mobile money. Nous avons plus de 20 millions de clients actifs tous les mois et plus de 50 millions de clients qui utilisent Orange Money pour leurs transactions au quotidien. C’est un relais de croissance très fort dans la mesure où la pénétration du mobile money a encore de belles années devant elle. L’offre va être renforcée par le lancement d’Orange Bank Africa en Côte d’Ivoire en juillet dernier. C’est un développement assez naturel du mobile money que nous voyons partout et qui nous incite soit à nouer des partenariats avec des banques qui nous fourniront ces solutions de crédit et d’épargne que nous allons distribuer au travers d’Orange Money soit à lancer notre propre banque.
Pourquoi les marchés d’Afrique du Nord semblent moins réceptifs au mobile money?
Il y a toujours une courbe d’apprentissage du produit et puis, historiquement, les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient avaient une règlementation moins favorable à l’essor du mobile money. Malgré la lenteur au démarrage, nous sommes optimistes sur le potentiel. Le Maroc a la spécificité de promouvoir l’interopérabilité entre les solutions de mobile money et nous espérons que ce sera un facteur d’accélération. Nous pensons aussi qu’il y aura un développement des transferts internationaux en raison notamment du poids de la diaspora de ces pays. Nous ne sommes qu’au début de l’histoire au Maroc. Je pense que nous allons avoir le même développement que dans d’autres pays parce que le besoin existe.
Y a-t-il un calendrier pour la 5G dans la région?
Nous pensons que dans nos pays d’Afrique et du Moyen-Orient, nous avons encore beaucoup à faire sur la 4G, d’abord pour amortir des coûts de licence et de fréquences et ensuite pour poursuivre les déploiements dans les différents pays. Nous sommes donc sur un calendrier qui est fatalement décalé par rapport aux autres régions du monde.