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« Nous avons commencé à recevoir des contributions financières pour la Banque d’énergie africaine » Dr Omar Farouk Ibrahim, SG de l’APPO

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Pour anticiper le retrait des capitaux occidentaux dans les énergies fossiles, plusieurs pays ont émis l’idée de la création d’une Banque africaine de l’Energie, qui sera doté d’un budget de départ de 5 milliards de dollars. Où en est le développement de ce projet ?

Actuellement, les pays sont en phase de décision concernant le dépôt pour la Banque. Selon le calendrier fixé par les autorités, la date butoir pour le début des activités est prévue pour le 30 juin 2024. Donc, la Banque devrait démarrer à cette échéance. Mais avant cela, nous devons prendre des décisions concernant le siège de l’institution. À l’heure actuelle, sept pays, à savoir l’Algérie, l’Égypte, le Nigeria, le Ghana, la République du Bénin, la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud, ont manifesté leur intérêt. Nous travaillions également sur les documents officiels, les aspects légaux, etc. En dehors de cela, nous avons déjà commencé à recevoir des contributions financières de nos pays membres pour la Banque d’énergie africaine. Une fois la banque opérationnelle, nous ouvrirons nos portes aux investisseurs hors d’Afrique, y compris du Moyen-Orient. Nous sommes confiants dans les ressources que nous commençons à rassembler et dans l’intérêt que de nombreux investisseurs portent à notre banque.

Pendant que vous présentiez votre panel, vous avez affirmé que l’absence de compétences empêche les pays africains de mieux négocier leurs contrats dans le domaine de l’énergie et des mines et que par conséquent, les pays de la région participent à des évènements, mais reviennent avec des décisions prises par les grandes puissances. Quelle est votre approche sur l’agenda de décarbonation en Afrique ?

Notre position est que l’Afrique compte le plus grand nombre de personnes vivant dans la pauvreté énergétique. Pourtant, nous exportons une grande quantité d’énergie, sous forme de pétrole et de gaz, vers des pays considérés comme riches, qui utilisent ces mêmes ressources pour industrialiser leurs nations et améliorer la vie de leurs citoyens. Pourquoi nous refuse-t-on l’opportunité d’utiliser ces ressources pour notre propre développement ? Nous Africains devons élaborer notre propre agenda et exploiter nos ressources énergétiques sans forcément suivre les directives des pays comme les pays industrialisés qui prônent le net zéro d’ici 2050.

Lors de votre intervention, vous avez souligné l’importance d’harmoniser les efforts dans la région, pour favoriser une véritable intégration régionale dans le domaine des hydrocarbures. Sur quels aspects pensez-vous que cette harmonisation devrait se concentrer ?

Il y a principalement trois domaines. Premièrement, aucun pays africain, pris individuellement, ne dispose des fonds nécessaires pour mener à bien des projets énergétiques d’envergure. Cependant, en unissant nos forces au niveau sous régional et régional, et en mutualisant nos ressources, nous aurons largement de quoi financer des projets adaptés à nos besoins. C’est important de considérer les choses de cette façon et par la suite, nous verrons qu’il n’y a aucun intérêt à se tourner vers les partenaires occidentaux pour investir dans nos énergies fossiles. Deuxièmement, en matière de recherche et de technologie, chaque pays dispose d’institutions de recherche dans les domaines du pétrole, du gaz et des mines, mais aucune n’atteint l’excellence, faute de moyens financiers. Nous pourrions donc envisager de créer des centres régionaux de recherche pour atteindre cet objectif d’excellence. Enfin, concernant les marchés. Aujourd’hui, 75 % du pétrole et 45 % du gaz que nous produisons est exporté. Certains justifient cela par le fait que c’est parce que nous n’avons pas de marchés en Afrique. Ce n’est pas vrai. Il est essentiel de créer un marché de l’énergie en Afrique. Une fois que ce marché sera créé et bien structuré, vous verrez que ces volumes d’Énergie que nous exportons ne sont pas suffisants pour le marché africain.

Construire un marché revient à créer des raffineries et favoriser la distribution des produits pétroliers à l’échelle régionale. Quelles mesures l’APPO prend-elle pour stimuler leur développement dans la région ?

Nous menons actuellement une vaste étude sur les défis du secteur aval de l’industrie pétrolière sur le continent. Cependant, le financement reste un défi majeur, que ce soit pour construire de nouvelles raffineries ou pour rénover et réhabiliter les infrastructures existantes. Nous espérons qu’une fois la Banque africaine de l’Énergie opérationnelle, nous pourrons identifier les raffineries nécessitant une intervention urgente afin de réduire notre dépendance aux produits énergétiques importés.

Fin septembre 2022, plusieurs pays producteurs de pétrole en Afrique centrale ont décidé de renforcer l’intégration régionale en construisant des pipelines pour le gaz et le pétrole, pour mieux desservir la demande régionale. Quelle est l’implication de l’APPO dans ce projet et quel est son état d’avancement ?

Nous participons effectivement à ce projet. Récemment, nous nous sommes rendus dans de nombreux pays en Afrique centrale pour discuter avec plusieurs dirigeants, afin d’obtenir leur soutien politique. Les problèmes liés à ce projet sont à la fois techniques et politiques, et il est essentiel d’obtenir ce soutien pour avancer. Nous sommes actuellement concentrés sur cet aspect et sommes confiants dans notre approche, qui consiste à propulser ce projet, qui sera bénéfique pour la région.

Rédaction
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