(BFI) – La transition a été actée ce lundi 28 juillet 2025 à Yaoundé, lors d’une cérémonie d’installation des nouveaux dirigeants, marquant la levée de la mesure exceptionnelle prononcée par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC) en novembre 2012.
Cette décision fait suite aux « avancées notables » enregistrées dans le cadre du plan de restructuration de l’établissement, saluées par la COBAC comme par le ministère des Finances. « Cette cérémonie marque la fin d’un processus complexe et exigeant de restructuration engagé depuis plus d’une décennie. Elle témoigne de la capacité de notre système bancaire à se relever lorsque les volontés politiques, techniques et institutionnelles convergent au service de la stabilité financière », a déclaré Yvon Sana Bangui, président de la COBAC.
Ainsi, Julius Manjo Berdu, administrateur provisoire depuis mars 2013, a été officiellement nommé Directeur général, et Aelred Tata Fokwen promu Directeur général adjoint. Le Conseil d’administration a également été renouvelé, avec dix membres, dont quatre administrateurs indépendants, conformément aux exigences de la COBAC.
Placée sous tutelle en novembre 2012 suite à une dégradation critique de ses indicateurs financiers, NFC Bank a survécu à la liquidation grâce à une reprise par l’État du Cameroun au franc symbolique, validée en 2019 par la COBAC. Le plan de restructuration mis en œuvre portait sur six axes principaux : apurement des pertes, assainissement du bilan, recapitalisation et sortie progressive de l’État du capital, entre autres. Dans le cadre de ce redressement, le Trésor public a mobilisé près de 25 milliards de FCFA, une enveloppe ayant permis de recapitaliser la banque, de racheter les créances en souffrance (2,8 milliards FCFA), de combler l’insuffisance d’actifs (12 milliards FCFA) et de renforcer les fonds propres à hauteur de 10 milliards FCFA, a indiqué Louis Paul Motazé lors de la cérémonie.
L’intervention de l’Etat a permis d’améliorer la situation de la banque, d’abord en rachetant le portefeuille des créances en souffrance, qui s’établissaient à près de 36,2 milliards au 31 décembre 2018, puis en transférant les dossiers y relatifs pour recouvrement à la Société de Recouvrement des Créances du Cameroun (SRC). Ce qui a permis à la banque à renouer avec les résultats positifs. Depuis, les signaux sont au vert. La banque affiche un total bilan de 192 milliards FCFA (plus que doublé en 5 ans), des dépôts en hausse de 41 % à 137 milliards FCFA, un encours de crédit de 99 milliards FCFA et des fonds propres nets de 15,8 milliards FCFA, en conformité avec les normes prudentielles. Surtout, NFC Bank enregistre des résultats nets positifs depuis 2017, avec près de 13 milliards FCFA de bénéfices cumulés sur huit ans.
Avant le processus de restructuration, la banque était détenue majoritairement par l’homme d’affaires Zacharia Awanga et ses affiliés (58,26 %), la Mutuelle des agents d’Eneo (24,48 %) et un groupe d’actionnaires historiques (17,26 %). Désormais détenue à 99,93 % par l’État du Cameroun, NFC Bank sera placée sous contrat de performance, avec l’objectif d’un désengagement public d’ici deux ans. Le ministre des Finances a annoncé la mise en place d’un comité paritaire d’évaluation pour suivre l’atteinte des objectifs qui seront fixés à l’établissement. Cette sortie d’administration provisoire marque ainsi un tournant historique pour l’établissement bancaire fondé en 1989, et redonne confiance dans sa capacité à évoluer de manière autonome.