(BFI) – Jusqu’ici, le point de friction entre les deux parties était le remboursement par NeoIndustry des créances dues à la Banque. Cela appartient désormais au passé, les deux partenaires ayant signés fin janvier 2021, un protocole d’accord transactionnel.
Le spectre du démantèlement de l’usine de transformation de fèves de cacao annoncé il y’a deux mois par EcoMatin, semble aujourd’hui dissipé. A l’origine de ce retournement de situation, un protocole d’accord transactionnel signé entre Emmanuel Neossi, promoteur de cette agroindustrie, et Scb Cameroun le principal pourvoyeur de fonds dans le secteur bancaire pour le lancement de ce projet. Jusqu’ici, NeoIndustry avait réussi à s’attirer le courroux de la banque en totalisant plusieurs mois de traites non réglées après 20 mois d’exploitation. L’affaire remonte cependant à novembre 2020, lorsque sur son site internet, la filiale camerounaise du groupe Attijariwafa Bank publie un avis d’appel d’offres pour le recrutement d’un expert en montage des usines. La prestation visait à démonter les équipements d’une unité agro-industrielle à Kekem. Après recoupements, l’on découvre qu’il s’agit en réalité de l’usine de transformation de cacao susmentionné, inaugurée en avril 2019.
Suite à l’accumulation de plusieurs mois d’impayés, et la pression de la Commission bancaire d’Afrique Centrale (Cobac) pour un provisionnement de ces créances douteuses, la banque avait opté pour un recouvrement forcé en démontant purement et simplement l’usine. L’affaire crée un tollé général et suscite une salve de réactions au sein de l’opinion nationale. D’aucun voyant dans cette usine de transformation de cacao un fac-similé des éléphants blancs qui jonchent la route des grands projets au Cameroun. Pour d’autres, c’était surtout le regret de voir partir en fumée cet investissement de 54 milliards de FCFA et avec lui plus de 8000 emplois. Bien plus, il s’agissait surtout de la crainte de voir dépérir ou passer sous contrôle étranger les seuls intérêts camerounais dans un marché où se disputent les intérêts ivoirien (Atlantic Cocoa Corporation) et belgo-suisse (SIC Cacaos).
Arrangement à l’amiable
Après cette période quelque peu tendue, la confiance semble être revenue aujourd’hui entre les deux partenaires. Selon une source proche du dossier, Scb Cameroun et Neo Industry Kekem S.A ont signé à fin janvier 2021, un protocole d’accord transactionnel qui établit un échéancier de paiement de la créance de l’entreprise chiffré à 13 milliards de FCFA (garanti à hauteur de 6 milliards de FCFA par l’African Guarantee Fund (AGF)) auprès du banquier marocain. Dans les détails, l’entreprise s’engage sur des versements mensuels jusqu’à épuisement de sa traite. Selon notre source, un premier versement de 200 millions a déjà été effectué. Contactés, les responsables de Neo Industry refusent tout commentaire. « Nous souhaitons maintenir une relation saine avec le secteur bancaire » lance un cadre de l’entreprise joint par téléphone.
En contrepartie, Scb Cameroun accepte d’abandonner son projet de démontage de l’usine et de geler toutes procédures judiciaires contre son partenaire. La filiale du groupe bancaire marocain n’a pas souhaité s’attarder sur la question et a laissé entendre à EcoMatin que les choses allaient progressivement dans le bon sens. « A notre niveau, rien n’est finalisé et toutes les options sont encore sur la table y compris l’ouverture du capital à de nouveaux investisseurs en cas de non-respect des échéances ».
Pour rappel, l’usine Neo Industry de Kekem a été inaugurée le 26 avril 2019 par le premier ministre Joseph Dion Ngute. Un investissement de 54 milliards de FCFA dont l’objectif était de transformer annuellement 32.000 tonnes de fèves de cacao, 6000 tonnes de poudre, 12 000 tonnes de beurre et 6000 tonnes de masse, et de l’huile de cacao obtenue après pression de 75% de masse de cacao. L’usine n’a transformé que 4286 tonnes de fèves au cours de la campagne 2019- 2020, selon les statistiques de l’Office national du cacao et du café (ONCC).