(BFI) – La hausse des taux directeurs de grandes banques centrales pour lutter contre les tensions inflationnistes alourdit inévitablement le service de la dette et provoque des fuites de capitaux dans les économies émergentes et les pays pauvres, s’alarme la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala (Photo) dans une intervention mardi 27 septembre à l’ouverture du forum annuel de l’Organisation.
Cette ancienne ministre des Finances du Nigeria a appelé les instituts d’émission à renoncer au resserrement de leur politique monétaire lorsque l’inflation est provoquée par des facteurs liés à l’offre. «Les banques centrales n’ont pas vraiment d’autre choix qu’augmenter les taux d’intérêt pour combattre l’inflation, mais les répercussions de cette hausse sur les pays en développement sont assez graves», s’est-elle inquiétée.
La directrice générale de l’OMC a relevé qu’une politique monétaire restrictive dans les pays développés alourdit inévitablement le service de la dette et provoque des sorties de capitaux dans les économies émergentes et en développement.
Appelant à ne pas répéter le manque de solidarité observé, selon elle, pendant la pandémie, entre pays riches et en développement, la patronne de l’OMC a insisté sur l’importance pour les banques centrales de bien déterminer si l’inflation est provoquée par la forte demande ou si la hausse des prix est liée à des raisons structurelles du côté de l’offre. «S’il s’agit de facteurs liés à l’offre, sur lesquels vous n’avez pas de contrôle, continuer à augmenter les taux d’intérêt est contre-productif », a-t-elle averti.
La patronne de l’OMC a, d’autre part, prédit une « récession mondiale » alors que le monde fait face à des crises multiples. «Nous commencions à voir des signes de relance après la pandémie. Mais le monde est désormais confronté à de nombreuses crises, de la guerre en Ukraine à l’alimentation, en passant par le climat et l’énergie», a-t-elle souligné. Et d’ajouter : «Maintenant, nous devons faire face à ce qui ressemble à une récession mondiale qui approche»
Félix Victor Dévaloix