Depuis l’annonce du premier cas de Covid-19 au Cameroun, qu’est-ce que la mairie de Yaoundé VII a entrepris pour barrer la voie à cette pandémie ?
Notre action sur le terrain se retrouve en prolongement des instructions du gouvernement. Nous avons démarré par des opérations de sensibilisation, d’éducation et même de formation. Au tout début de cette pandémie, nous avons même eu des agents d’hygiène et de formation sanitaire qui nous ont été affectés. Ils ont formé quelques personnels et associations libres opèrant dans l’arrondissement afin de les déployer dans les quartiers à partir des chefferies ou alors par leurs modes de fonctionnement traditionnels. Nous avons fait des communiqués municipaux relatifs aux bons usages, en direction des commerçants, c’est à dire des supermarchés et superettes, surfaces de vente, des marchés, débits de boisson et de vente alimentaire. Nous avons fait adapter les communiqués en fonction des personnes cibles.
À l’issue de la distribution de ces communiqués, nous sommes passés à la phase d’observation, pour voir si les mesures d’hygiène et de distanciation étaient respectées. Nous avons donc fait un constat malheureux. A 70 à 80%, rien n’était fait. Nous sommes descendus sur le terrain avec les forces de maintien de l’ordre, nous avons fait filmer les comportements de certains individus pour avoir des preuves du non-respect des mesures. Dès que nous avons accumulé le maximum de preuves, nous sommes passés à la répression, dont la fermeture des boutiques et magasins. Cela a entraîné un climat de peur, de crainte. Nous avons dû renégocier au cas par cas deux jours après, et nous avons procédé aux réouvertures avec les sanctions financières. Ça fait que tout le monde à partir de cet instant s’est conformé.
A l’observation, ces mesures ne sont pas respectées par tout le monde. Pourquoi ?
Nous avons été confrontés à un sérieux problème. Le malentendu qui a animé les populations à la suite de la communication d’assouplissement des mesures du Premier ministre. Par mauvaise foi, les gens ont fait la lecture qu’ils voulaient assimiler. Pour eux, la Covid-19 est finie par décret. Ça a donc remis tout à plat, à zéro. La plus grosse difficulté aujourd’hui, c’est d’arriver à faire comprendre aux gens que ce n’est pas là le sens des choses. Et je pense que les mesures prises par le préfet du Mfoundi et le déploiement sur le terrain des autorités de l’arrondissement vont contribuer à rétablir un peu l’ordre. Parce que cette activité sera accompagnée d’une répression et d’un système d’amende. Après quoi, nous sommes donc obligés de nous organiser.
Comment cette réorganisation se fera-t-elle ?
Nous nous organisons dans la chaîne du syndicat des maires du Mfoundi. Nous voulons essayer de standardiser nos actions en dehors de quelques spécificités que chacun peut apporter sur le terrain. Nous voulons nous organiser et former des équipes par secteurs, pour faire l’éducation, la sensibilisation et la formation. Parce qu’en réalité, les gens ne comprennent même pas l’utilité du port du masque ou l’usage du masque. Puisqu’ils se livrent à des manipulations dangereuses.
Pareil pour le port des gants. Il faut expliquer aux Camerounais que ceux qui manipulent la monnaie ne doivent pas toucher aux aliments. La sensibilisation participe à refaire vivre dans l’esprit des citoyens la dangerosité de la Covid-19 qui en réalité nous amène vers un champ mortel. Il s’agit de mettre toute sa famille, l’entourage, les amis… à l’abri du danger. Ce n’est pas une contrainte gouvernementale, mais une protection sociale édictée par le gouvernement dans l’intérêt de préserver la vie des Camerounais. Et l’Etat est donc dans son rôle. Et notre rôle sur le terrain est d’aider à implémenter, adapter ce travail. Et c’est ce travail qui n’a pas été fait depuis le début. Nous sommes obligés de répartir l’exécutif pour sensibiliser. Il nous semble fondamental aujourd’hui de mieux organiser la riposte en amont, par la prévention qui permettra de diminuer au maximum la propagation de la maladie.