(BFI) – 2021 va être un nouveau point de départ pour le secteur pétrolier, qui ne s’est pas encore remis des secousses enregistrées en 2020 avec la chute de la demande et la faiblesse des cours. En attendant la stabilisation des prix et de la demande pour favoriser de nouveaux investissements, l’Afrique pourra tout de même compter sur des projets importants qui apporteront une forte valeur ajoutée au plan local et régional. Ces projets sortiront de terre cette année et impacteront le secteur.
Le Ghana va devenir le premier pays africain à se doter d’un terminal de regazéification de GNL
Annoncé depuis plus de 5 ans, le terminal de regazéification de gaz naturel liquéfié (LNG) de Tema au Ghana devrait entrer en service avant la fin du premier trimestre de cette année. Le pays sera le premier en Afrique subsaharienne à se doter de cette technologie innovante et moins coûteuse pour l’accès au gaz naturel.
D’une capacité de 1,7 million de tonnes par an, Tema LNG marquera une étape importante dans les efforts du Ghana pour atteindre l’autosuffisance énergétique, objectif mis en stand-by par ses approvisionnements pourtant sporadiques en provenance du Nigeria. Un Nigéria lui-même gros consommateur, qui peine en effet à tenir ses engagements de livraison via le gazoduc ouest-africain (WAGP).
Il faut savoir que même si le Ghana est un important producteur de gaz et de pétrole, sa production ne suffit pas à satisfaire la demande domestique. Les centrales se retrouvent souvent à court de gaz, ce qui entraîne de longs délestages électriques. Le terminal contribuera à hauteur de 30% à la satisfaction de la demande.
Les autorités envisagent initialement de le consacrer aux besoins du secteur industriel, l’un des plus dynamiques du pays. La construction a coûté plus de 350 millions de dollars, et le fonctionnement du site devrait entraîner la création de 1600 emplois.
Démarrage de la construction du plus long pipeline chauffé au monde entre l’Ouganda et la Tanzanie
Le pipeline EACOP est destiné à acheminer la future production ougandaise de pétrole dans le bassin de Hoima vers le marché international, via le port tanzanien de Tanga. D’un coût de 3,5 milliards de dollars, il sera long de 1445 km et sera chauffé par électricité. Sa construction démarrera en avril prochain, après 4 ans de reports.
Dans la catégorie des pipelines chauffés, l’EACOP sera le plus long au monde. Il faut savoir que le chauffage est nécessaire ici pour empêcher la solidification du brut pendant son acheminement vers les tankers. L’objectif est de maintenir une température minimum à l’arrêt de 50 °C, et au plus fort de la production, de plus de 420 °C, afin que la matière reste liquide jusqu’à son arrivée au port de Tanga une dizaine de jours plus tard.
L’oléoduc permettra le transport de 216 000 barils de pétrole brut par jour, même si la production initiale du pays sera de 100 000 barils. La construction de l’EACOP va permettre de créer 13 000 emplois dans les deux pays.
Lancement de la raffinerie pétrolière d’Aliko Dangote
La raffinerie pétrolière du milliardaire nigérian Aliko Dangote sera l’une des infrastructures les plus stratégiques pour l’économie nigériane, au cours des prochaines années. Ce sera la plus grande usine de traitement de pétrole brut d’Afrique, et l’une des plus importantes du monde avec une capacité de 650 000 barils par jour.
« La raffinerie sera prête début 2021, et nous espérons atteindre la pleine capacité avant la fin de cette année », a déclaré Devakumar Edwin, Directeur exécutif du Groupe Dangote.
Il faut dire que la mise en service de l’usine était reportée chaque année depuis 2016. Elle est par ailleurs attendue pour permettre au pays de stopper ses importations de produits pétroliers et de devenir un exportateur net en 2023. Grâce à sa mise en production et au recul des importations, le Nigéria réalisera 7,5 milliards de dollars d’économies sur une base annuelle.
Le Groupe Dangote envisage de créer environ 4000 emplois directs et 145 000 emplois indirects.
La Guinée équatoriale va lancer un champ de gaz essentiel pour son nouveau hub gazier
Après avoir raté le coche avec le projet Fortuna LNG, la Guinée équatoriale s’est tournée vers le champ gazier en mer Alen pour construire son nouveau hub gazier. Le ministre de l’Énergie Gabriel Mbaga Obiang Lima, l’a fait savoir il y a quelques mois, indiquant que tous les efforts nécessaires seraient fournis pour respecter à la lettre le calendrier élaboré. En juillet dernier, Noble Energy, la société en charge du développement du site, a déclaré que même avec la Covid-19 et les perturbations qu’elle a engendrées, la production du site démarrera en 2021.
Noble Energy a en effet pris des positions de couverture sur les marchés afin de garantir ses revenus mondiaux et assurer les investissements dans ce projet. « La monétisation du gaz d’Alen pourrait générer environ 1,5 à 2 milliards de dollars de recettes supplémentaires pour l’État sur la durée du projet, y compris les recettes provenant de l’unité d’Alen et des usines respectives de Punta Europa. C’est le coup d’envoi de notre méga hub gazier, et nous signerons davantage d’accords sur d’autres actifs gaziers du pays qui doivent être développés. Le développement du méga hub de gaz assurera la prospérité future de l’industrie gazière de notre pays », a déclaré le ministre.
Dans le cadre du développement de ce projet, un gazoduc de plus de 65 km sera construit pour acheminer le gaz extrait vers Punta Europa, et il aura une capacité de 950 millions de pieds cubes standards de gaz par jour.
Dans les faits, ce projet est important, car il permettra de monétiser initialement des réserves estimées à 600 milliards de pieds cubes de gaz. Le combustible extrait ne sera pas directement exporté, mais acheminé vers les installations de GNL et de GPL de Punta Europa pour y être transformé. Cela renforcera les capacités de production et d’exportation de GNL du pays, qui produit déjà 3,4 Mtpa de GNL, dont le seul offtaker jusqu’en 2024 est Shell. Shell revend le million de BTU à 20 $ au Japon, alors qu’il l’achète à 3 $ auprès de Malabo. Le nouveau hub gazier vise à corriger cette situation.
Le Rwanda va extraire le méthane du lac Kivu pour produire du gaz butane
En 2021, le Rwanda lancera une production de gaz de cuisson à partir du méthane dont regorge le lac Kivu, et qui sert déjà à alimenter les centrales électriques du pays. Un accord été signé en février 2019 entre la société Gasmeth Energy (dont les capitaux sont américains, nigérians et rwandais), et l’État rwandais pour financer, construire et entretenir une usine d’extraction, de traitement et de compression du gaz.
D’une valeur de 400 millions de dollars, elle devrait permettre, une fois lancée, de satisfaire la demande domestique en gaz de cuisson et d’envisager l’exportation sur le marché régional. Selon Claire Akamanzi, Directrice générale du Conseil du développement du Rwanda, cet accord devrait non seulement permettre de prévenir la formation de bulles de gaz toxiques à la surface du lac, mais aussi réduire la dépendance locale à l’égard du bois et du charbon de bois.