AccueilFinanceAssurancesLes compagnies d’assurance africaines de droit national préparent leur leapfrogging

Les compagnies d’assurance africaines de droit national préparent leur leapfrogging

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(BFI) – La 44ème assemblée générale de la Fédération des sociétés d’assurance de droit national africaines (FANAF) se tiendra du 17 au 20 février prochain à Libreville sous le thème: « La donnée et l’innovation au cœur de l’assurance ». Les assureurs, qui devront également élire leur nouveau président, cherchent dans le digital la voie d’une meilleure performance.

1 243,4 milliards de Fcfa, soit plus de 2 milliards de dollars. Cette donnée correspond au chiffre d’affaires de 154 compagnies d’assurance dans 13 marchés d’Afrique subsaharienne en 2017 : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Madagascar, Mali, Niger, Sénégal, Tchad et Togo, selon un document de la Fédération des sociétés d’assurance de droit national africaines (FANAF). Le leadership revient aux filiales ivoiriennes du groupe marocain Saham Assurance et du panafricain Sunu Assurances qui ont respectivement obtenu 52,5 milliards de Fcfa et 48,7 milliards de Fcfa de revenus sur la même période. Saham Assurance Gabon et Axa Côte d’Ivoire clôturent le tableau avec un chiffre d’affaires respectif de 93,2 millions de Fcfa et 42,5 millions de Fca.

Dans le secteur, on en veut plus. Car, avec un taux de pénétration de l’assurance en Afrique estimé à seulement 3%, le potentiel encore inexploité reste énorme. « Ce taux est encore très faible. Il nous faut implémenter de véritables stratégies », déclare à La Tribune Afrique César Ekomie-Afene, Administrateur des sociétés NSIA Assurance au Gabon, au Congo et au Sénégal et ex-président de la Fédération gabonaise des Sociétés d’assurance (FEGASA).

« Ancrer les compagnies dans une démarche digitale »

Désormais, la FANAF -qui rassemble 29 marchés du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest du Continent y compris le Maroc, le Rwanda, l’Egypte et l’Afrique du Sud- veut pouvoir relever les défis qui sont les siens au cours de la décennie qui s’ouvre en 2020. Sa 44ème assemblée générale qui se tiendra du 17 au 20 février prochain à Libreville sera également celle de l’élection du nouveau président de la Fédération pour un mandat de trois ans, renouvelable une fois. Le Gabonais César Ekomie-Afene brigue cette présidence face au Camerounais Theophile Gérard Moulong, DG de Saham Assurance Cameroun et président de l’Association des sociétés d’assurance du Cameroun (ASAC).

Cette grande messe des assureurs africains fera par ailleurs un focus sur la nécessaire digitalisation de ce secteur resté -à quelques exceptions près- en marge du leapfrogging technologique propre au Continent ces dernières années. D’ailleurs, cette rencontre est placée sous le thème : « La donnée et l’innovation au cœur de l’assurance ». « Certaines sociétés et plus généralement certains marchés de la zone Afrique ont pris une certaine avance, comme le Maroc ou le Kenya. Mais beaucoup d’entreprises, notamment dans le marché de la Fanaf, estime Ekomie-Afene, sont en retard par rapport à ce point pourtant crucial car, les éléments d’analyse statistique montrent que les populations africaines se modernisent très rapidement ».

« Il nous faut développer les actions et les stratégies qui permettront véritablement d’ancrer les sociétés nationales dans une démarche digitale », préconise ce professionnel.

Court-circuiter l’économie informelle

En effet, les bénéfices de la numérisation du secteur de l’assurance sont multiples. Dans une tribune publiée en décembre 2018, un collectif d’auteurs cite entre autres « le renouvellement des modèles de distribution, l’amélioration de la relation client et la maîtrise des risques ». Mais alors que l’économie informelle (qui représente 20% à 65% du PIB dans les pays d’Afrique subsaharienne selon les données du Fonds monétaire international (FMI) en 2017) génère un gros manque à gagner pour les compagnies d’assurance, la digitalisation du secteur pourrait également permettre de capter une partie de ces épargnants potentiels, à l’image des résultats de la financiarisation grâce au mobile money et mobile banking.

En raison de sa faible pénétration, le secteur de l’assurance évolue récemment dans une tendance de démocratisation de l’assurance que les acteurs entendent intensifier à l’avenir. D’autant que les brillantes perspectives de croissance économique, la montée en puissance de la classe moyenne et la modernisation rapide des sociétés africaines favorisée notamment par le digital, sont autant de facteurs positifs. Dans ce contexte, les opérateurs essaient tant bien que mal d’élargir leurs marges. Dans un marché comme le Cameroun, les assureurs militent depuis l’année dernière pour la suppression de la TVA (19,5%) sur l’assurance vie dont le taux de pénétration n’est que de 2%. Ils l’ont récemment obtenu du ministère des Finances pour l’exercice 2020.

L’africanisation de l’offre, l’autre défi

Pour les assureurs, l’un des plus grands défis du secteur consiste en une adaptation de l’offre aux réalités des Africains, au-delà de l’offre conventionnelle. Car, outre la classe moyenne galopante, « il y a les petits porteurs qui ont de faibles revenus et qui continueront d’exister », fait remarquer l’ex-président de la FEGASA. Ces petits porteurs sont nombreux dans des secteurs tels l’agriculture, qui reste encore le pilier de nombreuses économies. Ces trois dernières années, les compagnies ont multiplier les offres d’assurance agricole en Afrique du Nord, de l’Ouest et de l’Est. La Fanaf pourrait s’orienter vers beaucoup plus de recherche et développement pour tirer parti de l’opportunité du digital et proposer des solutions adaptées pour tous les secteurs d’activité.

Rédaction
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