(BFI) – La sous-commission d’analyse des offres du projet d’aménagement de la route Bogo-Pouss, d’un linéaire de 63 km dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, a rendu sa copie le 23 octobre 2020. Selon le rapport final des travaux, cette instance suggère au maître d’ouvrage d’attribuer le contrat à la Tunisienne Société de routes et de bâtiments (Soroubat), dont l’offre financière est de 42 milliards de FCFA hors taxes, et d’un peu plus de 50 milliards de FCFA toutes taxes comprises (TTC).
Pourtant, sur l’offre financière, Soroubat est classée 3e. La meilleure offre financière est revenue à la société Gitto Costruzioni Generali Nigeria, basée à Abudja. Son offre hors taxes de 32 milliards de FCFA surclasse de 10 milliards de FCFA celle de l’entreprise qui devrait bientôt être désignée adjudicataire du marché.
« Les 10 milliards de FCFA de différence auraient pourtant permis de doter la zone d’infrastructures sociales (écoles, hôpitaux, renforcements des digues), dans le cadre des projets connexes dans la mesure où le projet bénéficie d’un financement global de la Banque africaine de développement (BAD) », souligne une source proche du dossier. Qui poursuit : « Soroubat a été éliminé par la même commission sur le projet Ntui-Mankim, pour n’avoir pas pu justifier des références d’un chiffre d’affaires annuel de 20 milliards de FCFA. Mais, tout d’un coup, cette entreprise est éligible pour un projet plus gros, où le chiffre d’affaires exigé est de 32 milliards de FCFA. Quel paradoxe ! »
Pour justifier son choix, la sous-commission d’analyse des offres invoque la prudence, au regard de certaines informations contenues dans le dossier de l’entreprise la mieux-disante sur l’offre financière. « La capacité financière de Gitto Costruzioni Generali Nigeria Ltd est accompagnée d’une réserve émise par la banque Unity Bank faisant ressortir que le financement proposé n’est pas net “des engagements pris par le soumissionnaire au titre d’autres marchés”, tel que prescrit dans le formulaire Fin 3.3 : insuffisance jugée majeure ; les justificatifs de plusieurs matériels présentent des similitudes suspectes et des incohérences qui ont été maintenues à la suite des éclaircissements fournis : ce qui appelle à la prudence ; le matériel de terrassement prioritaire est insuffisant, notamment il justifie trois (03) pelles retro sur quatre (04) attendues ; le matériel n’est pas en adéquation avec l’organisation du site (14 logements au lieu de 6) ».