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L’économie camerounaise en état d’urgence

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(BFI) – A compter de ce 18 mars 2020, le Cameroun se bunkerise, comme tous les pays victimes de l’épidémie du Coronavirus. En effet, le 17 mars 2020, au sortir d’une réunion de crise, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a édicté 13 mesures mettant quasiment le pays en état d’urgence.

Ces mesures vont de la fermeture des frontières à la limitation des déplacements dans le pays, en passant par la fermeture des écoles, l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes, la régulation des flux dans les marchés et le ralentissement de certaines activités commerciales (restaurants, débits de boissons, tous fermés à partir de 18h, réquisitions d’hôtels et structures d’hébergement, etc.).

Toutes ces mesures semblent répondre à la gravité de la situation. En effet, en l’espace de deux semaines, le Cameroun a confirmé 10 cas de Coronavirus sur son territoire, et les prévisions sur le court terme ne sont pas des plus reluisantes. De fait, entre la découverte du premier cas le 6 mars et les décisions prises le 17 mars 2020, de nombreux vols provenant des pays touchés par l’épidémie ont débarqué au Cameroun des passagers qui sont rentrés en famille, faute de confinement.

 Tensions inflationnistes en perspectives

Mais, au-delà du bilan sanitaire, l’heure sied désormais à l’analyse des répercussions des dernières mesures gouvernementales. En fermant ses frontières avec le reste du monde, le Cameroun, dont la consommation est gravement extravertie, s’achemine vers des pénuries diverses. En effet, en dépit des récentes assurances données par le ministre du Commerce sur la disponibilité de stocks de produits tels que le riz, le poisson, le lait, principaux produits de grande consommation au Cameroun, l’horizon ne semble pas reluisant sur le moyen et même le court terme.

 Même la possibilité donnée aux avions-cargos et autres navires transportant des produits alimentaires de desservir le pays n’incite pas à l’optimisme, la plupart des pays de provenance des produits censés être transportés par ces avions et navires étant déjà eux-mêmes bunkérisés, du fait de la crise du Coronavirus. En plus, le Cameroun a suspendu l’importation d’animaux et produits halieutiques provenant des pays touchés par la pandémie. Face à la rareté qui s’annonce, et surtout au regard de la limitation des flux dans les marchés camerounais à compter de ce 18 mars 2020, l’on s’achemine vers la naissance de tensions inflationnistes.

Pour preuve, dans les pharmacies, les prix des produits tels que les gels hydroalcooliques, conseillés pour désinfecter les mains dans le cadre des mesures d’hygiène recommandées pour se prémunir d’une infection au Coronavirus, ont littéralement explosé.

Pertes des revenus équivalents à 4,1% du PIB

De même, la fermeture à partir de 18h des débits de boissons et autres restaurants, ainsi que la limitation des flux dans ces lieux, portera un grand coup aux industries brassicole et touristique, ainsi qu’à toutes leurs chaînes de valeurs. Il en est de même de l’annulation de toutes les conférences, séminaires et autres voyages d’affaires, qui procurent généralement beaucoup de recettes aux hôtels.

D’ailleurs, dans une étude rendue publique le 13 mars 2020 à Addis Abeba, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) prédit, pour le Cameroun, une chute de 3,1% des revenus du tourisme et des exportations pétrolières et hors pétrole, à cause de la crise du Coronavirus.

Le bureau Afrique centrale de la CEA se veut encore plus alarmistes. Selon cette instance, les pertes que le Cameroun pourrait enregistrer sur ses revenus du tourisme et d’exportations représenteront jusqu’à 4,1% du PIB du pays. Avec un pic de 2% du PIB sur les revenus des exportations du pétrole brut, 1,5% du PIB sur les revenus du tourisme et 0,6% du PIB sur les revenus issus des exportations d’autres matières premières et produits d’exportation.

Mis côte à côte, ces manque-à-gagner sont autant de pertes de recettes pour l’État camerounais qui, en plus de la lutte contre Boko Haram et les séparatistes anglophones, doit également faire face à une nouvelle crise interne : le Coronavirus.

André Noir

Rédaction
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