(BFI) – Le 19 février 2025, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye (photo), a exhorté son gouvernement, à travers une annonce officielle, à proposer une nouvelle réglementation sur les conditions et modalités d’émission des emprunts de l’Etat, ainsi qu’un cadre organisationnel plus efficace pour la gestion et le pilotage de la dette publique.
Pour le président Diomaye Faye, une transformation en profondeur des administrations financières et comptables du Sénégal est nécessaire afin de prôner un véritable changement de paradigme dans la gouvernance économique et financière.
Dans son annonce, le chef de l’Etat a insisté sur la nécessité d’une gestion rigoureuse des finances publiques au cours des trois prochaines années. Il a mis l’accent sur plusieurs aspects clés, notamment l’optimisation des programmes budgétaires, l’amélioration des plans de financement, une gestion efficace de la trésorerie et des dépenses fiscales, ainsi qu’une surveillance accrue de la dette publique. Il a également demandé une « préparation rapide » d’un projet de Loi rectificative des finances pour l’exercice 2025.
Cette initiative intervient dans un contexte où un audit de la Cour des comptes révèle que la dette de l’administration centrale atteignait 99,67 % du PIB à fin 2023, bien au-delà des 74% annoncés par le précédent gouvernement. Le rapport souligne aussi que le déficit budgétaire réel s’élevait à 12,30% contre les 4,90% déclarés. Des irrégularités financières ont été mises en évidence, conduisant à la suspension des décaissements du FMI en attente de clarifications. En octobre 2024, l’agence de notation Moody’s a dégradé la note de crédit du Sénégal en raison de la détérioration de sa situation budgétaire et de l’augmentation de la dette publique.
Conscient de ces défis, le président Faye plaide pour une transformation en profondeur des administrations financières et comptables de l’Etat, afin d’instaurer une gouvernance économique et financière plus transparente et efficiente.
Le Chef de l’Etat a demandé au Premier Ministre d’engager des concertations avec toutes les forces vives de la Nation, les centrales syndicales, le secteur privé national et le patronat notamment, afin de partager avec précision les conséquences de la situation décrite et de trouver les consensus adaptés à la mise en œuvre soutenable du nouvel agenda de transformation de la gestion des finances publiques, dans la solidarité et la protection sociale des couches vulnérables.
Rappelons que ces dernières années, le Sénégal a réalisé plusieurs levées de fonds sur le marché financier international et régional. Dans le cadre de la stratégie de gestion de la dette, les nouvelles autorités veulent une approche plus prudente en privilégiant les financements concessionnels et en sélectionnant rigoureusement les projets d’investissement. L’objectif est d’augmenter la part de la dette en monnaie locale à 59% d’ici 2027, réduisant ainsi la dépendance aux financements extérieurs et atténuant les risques de change et de taux d’intérêt. Parmi les instruments financiers envisagés figurent les « Diaspora Bonds » et un renforcement du marché domestique à hauteur de 1500 milliards FCFA.