(BFI) – Les entrepreneurs nationaux dominent désormais la distribution de ces produits assurée par une cinquante d’entreprises.
« Mobil Elig Essono », « Mobil Olezoa », « Mobil omnisports », etc. A Yaoundé, comme dans d’autres villes ailleurs au Cameroun, des stations-service servent très souvent de repères. Ces points de commerce un peu particuliers sont bien connus des habitants même si beaucoup peinent à suivre les changements de panneaux ou d’enseignes. Car, voici plus d’un mois que le label « Oilibya », qui avait lui-même remplacé « Mobil Oil » il y a quelques années, a disparu du fronton des stations-service de cet opérateur pétrolier. Il faut désormais parler de « Ola Energy ».
Le Cameroun fait partie des huit pays retenus pour inaugurer la nouvelle enseigne de ce marketer dont la Tunisie, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, le Kenya, le Maroc, la Réunion et le Sénégal. Un processus qui a pris 2 ans puisque c’est le 12 octobre 2018 que Libya Oil Holdings, le groupe pétrolier panafricain qui gère le réseau des stations-service Oilibya en Afrique, avait annoncé l’adoption de la nouvelle enseigne Ola Energy pour ces pays.
Ce changement de label est un des signes de la vitalité du secteur pétrolier aval au Cameroun. Une vitalité qui remonte à la libéralisation de l’activité, le 13 novembre 2000. En deux décennies, le nombre de distributeurs privés est passé de quatre multinationales (Total, Texaco, Shell et Mobil) en janvier 2001, à 54 en décembre 2019, selon des statistiques du ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee). Avec cette ouverture, le nombre de stations-service est passé de 287 en fin 2000 à 835 stations opérationnelles à fin 2019.
Aubaine pour le Trésor public
Ce développement de la distribution des produits pétroliers est une bonne nouvelle pour le gouvernement. Le Trésor public engrange en moyenne 140 milliards de FCFA chaque année, selon le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba.
L’arrivée des nationaux sur le marché a obligé les multinationales étrangères qui régnaient en maitres dans la distribution des produits pétroliers se sont ajustées. Certaines ont vendu leurs actifs, leurs installations et changé d’appellation. Mobil est devenue Oilibya puis Ola Energy en cédant son actif aux investisseurs libyens. Elf est devenue Total. Shell s’est vue remplacée par Texaco qui elle- même est devenue MRS Corlay, une fois rachetée par les investisseurs Nigérians.
Même si Total (180 stations-service) et MRS (130 stations-service) restent leaders du secteur, les opérateurs nationaux en contrôlent désormais plus de 55% contre alors qu’ils ne représentaient que 1% du marché en 2007, selon le Groupement professionnel des pétroliers (GPP). Avec la libéralisation, le nombre de sociétés pétrolières à capitaux nationaux dans le secteur aval est sans cesse en augmentation. En tête de cette « reconquête », il y a Bocom (73), Tradex (66 stations-service), Neptune oil (40), Confex oil (33), Green oil (25), Camoco, Delta pétrolium, Algo, Gulf oil, etc.
Bien que jugent élevés par les opérateurs nationaux, les droits d’entrée dans la filière ne découragent plus les postulants. Selon la réglementation, il faut débourser 10 millions de FCFA de frais de dossier pour les opérateurs de stockage, d’importation et d’exportation. Pour la distribution des produits pétroliers et la gestion des soutes, les postulants doivent débourser 5 millions de FCFA, et 2 millions de FCFA sont exigibles pour ce qui est de la distribution du pétrole lampant, du gaz domestique et du contrôle des produits pétroliers.