(BFI) – Une des mesures encouragées dans les pays africains pour endiguer la propagation du COVID-19 consiste à limiter le contact avec l’argent en espèces dans les transactions financières, au profit du mobile money, l’e-paiement et du mobile banking. Et même si les risques de contamination au moyen des billets de banque font débat, institutions bancaires et opérateurs télécoms à travers le Continent multiplient les campagnes de promotion des solutions financières technologiques.
« Je pense que […] de nombreux pays [africains] qui ont été témoins des bénéfices de la cashless economy vont s’en inspirer. C’est inévitable ! », prévoyait Ismail Ahmed, PDG de World Remit dans un entretien avec La Tribune Afrique en octobre 2017, s’exprimant sur l’étape suivant le boom de la finance mobile. Aujourd’hui, moins de trois ans plus tard, le Continent est quasi contraint d’encourager une plus grande pénétration des transactions financières mobiles. Ces derniers jours, du Nord au Sud, de l’Est à l’ouest de l’Afrique, opérateurs télécoms et banques sont encouragées à privilégier les transactions numériques -mobile money et mobile banking- afin de limiter le contact avec l’argent en espèces.
Orange, MTN, Safaricom, Airtel, Vodacom ont tous commencé à prendre des dispositions pour renforcer leurs services à distance, parfois à la demande des autorités financières et gouvernements. Réduction ou suspension des frais sur les transactions de transfert d’argent entre particuliers, expansion des plafonds des transactions gratuites, …sont autant de mesures adoptées. En Egypte, la banque centrale va jusqu’à demander la gratuité sur les cartes prépayées pendant six mois.
Du côté des banques, c’est à coup de communiqués qu’elles sensibilisent les usagers à travers le Continent sur la nécessité de privilégier les services électroniques. Il s’agit d’« éviter autant que possible les déplacements non essentiels sur les sites par l’utilisation des nouvelles technologies, notamment le e-banking, le sms-banking […] les paiements par cartes bancaires ou par chèque , l’objectif étant de réduire les concentrations de personnes et de recourir le moins possible à la manipulation des billets de banque », a déclaré par voie de communiqué lundi Daouda Coulibaly, président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (Apbef-CI).
Répondre à une « période inhabituelle, extraordinaire et difficile »
Dès le boom de la pandémie, la transmission de la maladie via les billets de banque a fait débat, sur fond de divergence d’avis scientifiques. Si certains -comme les chercheurs de l’Université de Ruhr- estiment que le COVID-19 résisterait pendant plusieurs jours sur les surfaces, d’autres pensent qu’au fil des heures, le risque de contamination se dégrade. En Chine, la question a été prise au premier degré avec notamment la destruction des billets provenant d’importants foyers de la maladie ou plus simplement leur désinfection. Les Américains quant à eux, mettaient systématiquement en quarantaine, les dollars provenant d’Asie. Pour couper court au débat, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé comme « meilleure protection » l’hygiène des mains.
Alors que sur le Continent les mesures prises pour contrer le COVID-19 ne sont pas toujours strictement respectées par la population -le ministre camerounais de la Santé le signalait encore sur Twitter mardi-, opérateurs téléphoniques et banques préfèrent limiter les risques au maximum. « Cette période est inhabituelle, extraordinaire et difficile. […] Nous continuerons de regarder la situation de près, afin de nous adapter, pour la bonne santé et le bien-être de tous nos clients, employés et communautés », a pour sa part déclaré dans un communiqué Ade Ayeyemi, PDG du groupe Ecobank.
Placide Onguéné