(BFI) – Dans « Le livre blanc de l’économie camerounaise », le groupement fait son état des lieux de notre économie, et propose des mesures pour un nouveau modèle économique.
L’ouvrage côté esthétique, est fort attrayant. 324 pages en français et en anglais, sur du papier couché glacé. La mise en page est tout aussi soignée, avec textes aérés, tableaux, photos et graphiques. Du travail bien fait en somme, qui incite à la lecture. Côté fond, ce livre blanc se veut résolument pragmatique, et présente la perception de notre économie par le patronat, acteur majeur dans l’élaboration des politiques économiques, sociales et d’entreprises, en même temps qu’il fait des propositions et des recommandations aux pouvoirs publics, afin que notre économie réponde aux attentes des entreprises et aux aspirations des populations.
Le tout en deux parties dont la première présente l’état des lieux de notre économie : comparaison avec d’autres pays et analyse des fondamentaux. Et la seconde concentre les recommandations pour un nouveau modèle économique durable, inclusif et performant.
Dans la première partie, la comparaison des performances économiques avec les pays africains à niveau de développement comparable est présentée. Le Cameroun décroche progressivement. Le taux de croissance de son PIB en 2019 était de 3,9%, contre 6,9% pour la Côte d’Ivoire, 10,1% pour le Rwanda, 5,3% pour le Sénégal et 6,1% pour le Ghana. Son stock d’Investissements directs étrangers (IDE) en % du PIB 2019 était de 21,6% contre 25% pour la Côte d’Ivoire, 25,6% pour le Rwanda, 58,7% pour le Ghana. Dans le classement Doing Business 2020 portant sur 190 pays, il occupe la 167e. Le PIB est plombé par un secteur primaire sous-exploité, peu mécanisé et intégré et faiblement organisé. Le secteur secondaire est en régression, fragile et peu compétitif. Le tertiaire, source de croissance, est prédominé par l’informel toujours en progression et dont la maîtrise est urgente. L’analyse des comptes macroéconomiques fait ressortir une croissance en baisse en 2019 (3,9%) contre 4,1% en 2018, notamment du fait du recul du secteur non pétrolier et particulièrement des secteurs primaire et tertiaire.
La seconde partie présente les recommandations du Gicam, pour un nouveau modèle économique performant reposant sur trois piliers de base (agri-business, transport, énergie), avec un accent particulier sur le patriotisme économique pour accompagner les champions nationaux. Afin de constituer autour d’eux des pôles d’excellence. Sans oublier les questions sectorielles et transversales fondamentales telles que la gouvernance économique publique avec son lot de réformes fiscales, des marchés publics, de l’administration, de la lutte contre la fraude, des politiques monétaire et financière, de l’intégration régionale et du plaidoyer pour un Etat-stratège et un dialogue économique et social efficace. Des réformes à mener de manière coordonnée, planifiée et responsable.
Une vision qui pourrait paraître alarmiste et qui ne donne pas toujours à voir les efforts entrepris par les pouvoirs publics. On peut ainsi relever la priorité désormais accordée au dialogue avec le secteur privé, les réformes fiscalo-douanières, jugées parfois lentes mais bien réelles, la lutte contre la corruption qui porte des fruits, l’environnement sécuritaire et sanitaire qu’il faut préserver. Et, toute récente, la nouvelle stratégie nationale de développement 2020-2030 appelée à mener le Cameroun à l’émergence et qui place le secteur privé au centre du processus.
C’est dire si le patronat est et reste pour les pouvoirs publics un partenaire privilégié. Face aux exigences de développement économique et de la lutte contre la pauvreté, le Gicam et l’Etat se doivent, dans une logique de complémentarité, d’assumer leurs responsabilités. Pour emprunter ensemble et durablement le chemin d’une croissance forte, inclusive, de la prospérité économique et du progrès social du Cameroun.
André Noir