(BFI) – Lors du Conseil des ministres tenu le 12 août 2025, le gouvernement gabonais a annoncé l’interdiction pour les étrangers d’exercer certaines activités économiques de proximité, dans le cadre d’une politique visant à « renforcer la souveraineté économique et promouvoir l’entrepreneuriat national », en particulier chez les jeunes et les femmes. L’objectif est de réserver à la population gabonaise certaines professions, notamment dans des secteurs émergents tels que le commerce en ligne et les nouvelles formes d’entrepreneuriat.
Après l’annonce au Conseil des ministres, mardi 12 août, le gouvernement du Gabon a décidé d’interdire aux expatriés d’exercer certains petits métiers. Cela pour lutter contre le chômage et prendre progressivement le contrôle de la petite économie du pays. Désormais, les étrangers vivant au Gabon sont interdits d’exercer le commerce de proximité, l’envoi et la réparation de téléphones et de petits appareils, la coiffure et les soins esthétiques de rue. De même pour l’orpaillage artisanal, l’achat de récoltes, exploitation de petits ateliers ou machines de jeux. Une grande partie de ces activités étant exercée par des étrangers, celles-ci leur sont désormais interdites car le gouvernement entend également encadrer plusieurs de ces activités informelles.
Le gouvernement précise que la mise en œuvre de ces mesures sera progressive, avec une période transitoire et l’appui des collectivités locales. Des dispositifs d’accompagnement sont prévus pour permettre aux entrepreneurs gabonais de formaliser leurs activités grâce à des procédures simplifiées, un soutien technique et fiscal, ainsi qu’un accès au financement.
La décision du Gabon s’inscrit dans un climat de débat intense sur la place des étrangers dans l’économie locale, certains influenceurs et acteurs économiques dénonçant une concurrence jugée déloyale et un accès limité aux opportunités pour les Gabonais. Cependant, d’autres y voient une mesure xénophobe et un prétexte pour cacher des difficultés économiques plus complexes.
Quoi qu’il en soit, le Gabon cherche depuis plusieurs années à renforcer son tissu économique local et à soutenir l’entrepreneuriat national. En juin 2023, l’ex-président Ali Bongo a lancé deux fonds : l’un de 7 milliards FCFA (12,4 millions $) sous forme de microcrédits pour les porteurs de projets et l’autre de 2 milliards FCFA destiné à aider les Gabonais économiquement faibles exerçant dans le commerce, l’artisanat, l’agriculture, la pêche, l’élevage, les services ou la petite transformation.
Cette année, le Gabon n’est pas le premier pays africain à introduire une telle mesure. En juillet, la Tanzanie a adopté une loi interdisant aux étrangers quinze petites activités commerciales, allant de la coiffure de rue à la réparation de téléphones.
Les autorités tanzaniennes justifient cette mesure par la nécessité de protéger les micro-entrepreneurs nationaux, jugés marginalisés par une concurrence étrangère souvent informelle. Si au Gabon, la mise en œuvre se veut progressive, en Tanzanie les contrevenants risquent de lourdes amendes, voire des peines de prison.