(BFI) – Alors que le Projet de loi de Finances (PLF) est actuellement en débat à l’Assemblée nationale, le gouvernement mise sur un véritable choc d’investissement pour relancer la croissance, renforcer les infrastructures et améliorer les conditions de vie des populations. Une orientation qui marque un tournant, dans un contexte budgétaire pourtant contraint par des marges de manœuvre limitées et une dette publique encore lourde.
Avec une hausse spectaculaire de 460 % des dépenses d’investissement par rapport à 2025, l’exécutif affiche clairement sa volonté de transformer l’économie nationale. Le montant alloué atteint 3 321,5 milliards de FCFA, un record dans l’histoire budgétaire du pays. Les priorités sont bien identifiées, le Logement et l’Habitat, ainsi que les Travaux publics et la Construction, se partagent à eux seuls près de 1 000 milliards de FCFA, destinés à des projets structurants et à la relance du secteur du bâtiment. Le mot d’ordre est clair, construire, loger et développer.
Mais derrière cette dynamique, une équation budgétaire complexe se dessine. Les recettes totales sont estimées à 4 169,9 milliards de FCFA, en hausse de 46 % par rapport à l’année précédente, tandis que les dépenses atteignent 5 887,8 milliards. Ce déséquilibre génère un besoin de financement colossal de plus de 2 000 milliards de FCFA, le plus élevé de ces dernières années. Pour combler ce déficit, le gouvernement prévoit une forte mobilisation des emprunts, à hauteur de 3 378 milliards de FCFA, dont 675 milliards sur le marché intérieur à travers des titres publics.
Ce choix traduit la confiance de l’État dans la capacité du marché local et régional à soutenir sa relance, mais il comporte aussi des risques. Les charges de la dette devraient augmenter de 20 %, pour atteindre 419,8 milliards de FCFA. Autrement dit, le Gabon s’endette davantage pour financer son avenir. Le PLF 2026 apparaît ainsi comme un pari audacieux : investir massivement aujourd’hui pour récolter demain, avec l’espoir que cette stratégie d’endettement soutienne une croissance durable plutôt qu’elle ne devienne un fardeau budgétaire à long terme.
Antoine Mboussi
