(BFI) – Le Crédit foncier du Cameroun (CFC), la société à capitaux publics en charge de financer les projets immobiliers des individus et de l’Etat, est en difficulté, selon un rapport du ministère des Finances qui a accompagné l’examen de la Loi de finances de l’année 2021 en cours.
Le premier indicateur de contreperformance relevé est celui de la rentabilité financière. Pour chaque 100 francs CFA investis au capital de cette société, l’Etat du Cameroun qui en est l’actionnaire unique a en 2019, perdu 39,5 francs, selon des données de performance consultées par l’Agence Ecofin.
Trois années successives de pertes comptables ont absorbé le capital de la société. A la fin de l’année 2019, le CFC était considéré comme en état de dissolution. Cela serait la conséquence logique de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique de l’Organisation sur l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA).
« Si, du fait de pertes constatées dans les états financiers de synthèse, les capitaux propres de la société deviennent inférieurs à la moitié du capital social, le conseil d’administration ou l’administrateur général, selon le cas, est tenu, dans les quatre mois qui suivent l’approbation des comptes ayant fait apparaître cette perte, de convoquer l’assemblée générale extraordinaire à l’effet de décider si la dissolution anticipée de la société a lieu », peut-on lire à l’article 664 de ce texte.
Il n’est pas certain que la dissolution du CFC sera prononcée à court ou à moyen terme. 13 autres entreprises d’Etat sont dans la même situation. On compte parmi elles, la Société nationale de raffinage et la Cameroon Development Corporation qui sont deux importantes sociétés du sud-ouest du Cameroun, une des régions en crise sociopolitique.
Par ailleurs, une partie des problèmes de cette banque publique est connue. Selon la Commission technique de réhabilitation des entreprises (CTE) au Cameroun, le fait pour le Trésor public de retenir les ressources quasi-fiscales collectées pour le compte de l’institution a contribué à éroder ses fonds propres et ses capacités d’intervention.
Au total, ce sont 257,5 milliards FCFA collectés qui étaient en attente de reversement. L’argent permettrait aussi de grossir le portefeuille des prêts de la banque et par conséquent sa capacité à générer des revenus d’intérêts et donc de la marge.
Pour l’année 2019, dernière période dont les résultats sont disponibles, le chiffre d’affaires du CFC a été de 4,1 milliards FCFA. Sa valeur ajoutée dégagée est ressortie à 3,1 milliards FCFA, mais des charges de personnel de l’ordre de 3,9 milliards FCFA ont occasionné des pertes.
Dans ce contexte, les options qui s’offrent sont soit une réduction des charges de personnel, soit une augmentation du produit des activités. Mais à tout moment, l’Etat pourrait intervenir et prendre les mesures de relance nécessaires.