(BFI) – La capitale centrafricaine accueille depuis hier mercredi 30 juillet le Caucus africain des institutions de Bretton Wood, une réunion annuelle au cours de laquelle les gouverneurs des banques centrales et les ministres d’une vingtaine de pays du continent vont tenter d’aiguiller la politique du FMI et de la Banque mondiale.
C’est l’un des grands rendez-vous annuels de l’économie africaine. Le Caucus africain des institutions de Bretton Woods qui se tient actuellement à Bangui est l’événement qui permet chaque année aux pays du continent de faire part des grandes directions qu’ils souhaitent voir prendre au sein du Fmi et de la Banque mondiale. L’enjeu pour eux : porter une voix commune sur les grands sujets économiques qui les concernent.
« Il y a trois grands objectifs », décrypte ainsi Richard Filakota, le ministre centrafricain de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale. « Le premier, c’est de construire une position africaine forte et structurée sur les sujets essentiels : par exemple la question de la transition énergétique, la question du financement du développement ou la question de la dette que le FMI et la Banque mondiale tiennent à cœur. Le deuxième réside dans la mise en lumière de solutions africaines concrètes comme celles que nous voulons engager dans le cadre de notre plan national de développement : l’accès à l’énergie solaire et hydraulique, la valorisation de nos ressources naturelles ou encore la question de la digitalisation des services publics. Enfin le troisième objectif vise à mettre en place un dialogue économique panafricain », poursuit celui-ci.
À l’occasion de cet événement, jusqu’à 300 invités sont attendus dans la capitale centrafricaine : plusieurs hauts représentants des institutions de Bretton Woods bien sûr, mais aussi les ministres d’au moins 20 pays, les gouverneurs des banques centrales ainsi que des personnalités du secteur privé.
Un Caucus dans le contexte du retour de Donald Trump à la Maison Blanche
Cette année, la réunion a toutefois une petite particularité : elle se déroule dans le contexte du retour de Donald Trump à la Maison Blanche et surtout de la mise en place de sa politique marquée par une baisse généralisée de l’aide publique au développement et la révision des droits de douanes, décisions qui rebattent les cartes du multilatéralisme et du soutien aux pays les moins favorisés depuis le début de l’année. À l’aune de cette nouvelle donne, Bangui espère donc pouvoir donner une envergure et un poids plus important à la voix africaine.
« J’estime qu’il s’agit d’un moment suffisamment important pour soulever les problématiques liées à la représentation du continent africain dans les instances de décision des institutions financières internationales. Les temps dans lesquels nous sommes appellent à une réaction, à une réponse forte de la part des Africains pour que leur contribution soit entendue », affirme ainsi Hervé Ndoba, le ministre centrafricain des Finances.
Alors que l’Afrique est le deuxième poumon vert de la planète, elle n’en tire par exemple que peu de reconnaissance et de bénéfice. Idem sur l’enjeu majeur de la dette, reprend Hervé Ndoba : « L’essentiel des marges de manoeuvre budgétaires que nous réussissons à dégager à travers l’augmentation de notre assiette fiscale est aujourd’hui capté par le service de la dette, ce qui est inconcevable ».
Créé en 1963, le Caucus africain est devenu un espace stratégique de concertation, où les positions africaines sont consolidées avant d’être soumises aux dirigeants du FMI et du GBM. L’édition 2025 ne fait pas exception. Dans un contexte marqué par une crise du financement du développement, elle prend une résonance particulière. L’adhésion récente de l’Union africaine au Groupe des vingt (G20), tout comme la réforme en cours des quotes-parts au FMI et de la gouvernance du GBM, offrent à l’Afrique une fenêtre d’influence inédite.
Antoine Mboussi