(BFI) – Le gouvernement camerounais, par l’entremise du Premier ministre, Dr Joseph Dion Ngute, a déposé, hier 26 novembre 2025, à l’Assemblée nationale le projet de loi de finances pour l’exercice 2026. Selon l’exposé des motifs que le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, s’apprête à défendre devant les parlementaires, l’enveloppe budgétaire proposée s’équilibre en recettes et en dépenses à 8 816,4 milliards de FCFA, en hausse d’un peu plus de 1 000 milliards de FCFA sur un an, soit +14 %.
Sur ce total, le budget général s’élève à 8 683,9 milliards de FCFA, soit une progression de 1 014,9 milliards de FCFA (+13 %) par rapport à 2025. Les Comptes d’affectation spéciale (CAS) sont, eux, projetés à 132,5 milliards de FCFA, presque doublés en un an (+98,1 %) après 65,6 milliards de FCFA en 2025.
Cette forte hausse des CAS tient à la création d’un « Fonds spécial pour le soutien de l’autonomisation économique des femmes et la promotion de l’emploi des jeunes, pourvu à hauteur de 50 milliards de FCFA », « en droite ligne des engagements pris par le chef de l’État lors de sa prestation de serment », précise l’exposé des motifs du projet de loi de finances 2026.
Un budget en cohérence avec la SND30
L’évaluation des recettes et des dépenses pour 2026 fait ressortir un solde budgétaire déficitaire de 631 milliards de FCFA. En y ajoutant « d’autres charges de financements », le besoin global de financement de l’État pour 2026 atteint 3 104,2 milliards de FCFA. En pratique, au-delà des recettes internes projetées à 5 887 milliards de FCFA, le Cameroun devra mobiliser 3 104,2 milliards de FCFA supplémentaires par divers mécanismes d’endettement pour couvrir l’ensemble des dépenses prévues.
Pour y parvenir, le gouvernement compte recourir aux prêts des bailleurs de fonds internationaux et aux levées de ressources sur le marché sous-régional des capitaux. Le projet de loi de finances 2026 prévoit ainsi des tirages de 826,7 milliards de FCFA sur les prêts projets, des emprunts extérieurs pour 1 000 milliards de FCFA, des financements dits exceptionnels de 167,8 milliards de FCFA et des appuis budgétaires à hauteur de 120 milliards de FCFA. S’y ajoutent des emprunts bancaires de 589,7 milliards de FCFA et des émissions de titres publics sur le marché monétaire pour un montant total de 400 milliards de FCFA.
Ces nouveaux emprunts viendront alourdir un endettement déjà jugé à risque : le pays est classé parmi ceux présentant un risque de surendettement élevé par la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds monétaire international (FMI). Le gouvernement affirme toutefois que, selon ses projections, le niveau de dette du Cameroun en 2026 devrait rester largement en deçà du seuil de tolérance de 70 % du PIB retenu dans les critères de surveillance multilatérale de la Cemac, espace communautaire qui regroupe le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Tchad et la République centrafricaine (RCA).
Dans ce cadre, l’exécutif présente le budget 2026 comme un instrument de consolidation des comptes publics et d’alignement sur les objectifs de développement. « En 2026, l’orientation de la politique budgétaire globale du gouvernement demeure la consolidation de la situation des finances publiques, en cohérence avec le pacte de convergence de la Cemac, tout en garantissant la mise en œuvre efficace des objectifs prioritaires de la SND30 (stratégie nationale de développement 2020-2030) », souligne le gouvernement dans l’exposé des motifs soumis aux parlementaires.
Au-delà de l’affichage de conformité aux critères de la Cemac et aux priorités de la SND30, l’enjeu se déplacera vers l’exécution effective de ce budget : capacité à mobiliser, à coût soutenable, les 3 104,2 milliards de FCFA de financements prévus ; maîtrise de la dynamique de la dette dans un contexte de risque déjà élevé ; et traduction concrète, sur l’emploi et le tissu productif, des choix d’allocation, notamment en faveur des femmes et des jeunes. La crédibilité de la trajectoire budgétaire dépendra autant de ces arbitrages que du respect des plafonds d’endettement affichés.




